Vous résumez le riche à celui qui paie une grosse taxe sur sa Rollex. Vous choisissez d’ignorer que les ’vrais riches’- que vous identifiez effectivement à ceux qui touchent des rentes, des jetons de présence, des stock-options et des golden-machins se sont à bien des égards soustraits à la communauté dont ils sont issus. De plus, les modalités d’enrichissement sont des plus opaques, consistant, dans bien des cas, à un véritable droit de pillage que les dirigeants de grosses entreprises exercent sur leur propre société.
Et je ne cite même pas la kleptocratie russe, qui a exercé un hold-up sur le pays entier et que, pourtant, on accueille à bras ouverts à Paris ou à Londres.
Leur richesse est gérée par des fonds d’investissement qui se sont soustraits à la logique comptable de tout un chacun (j’achète, je paie, on me livre) - voir l’incroyable complexité des ’futures’ et des produits dérivés à effet de levier. Ces fonds sont domiciliés bien souvent dans des paradis fiscaux.
La privatisation des lieux de résidence : "gated communities", recours au gardiennage privé, achève de placer cette catégorie en marge de la communauté nationale à laquelle elle appartient.
Alors mon propos n’est pas de dire ’haro sur les riches’, mais d’insister sur la nécessaire soumission de la richesse au bien commun et aux règles communes. Cela passe notamment par la suppression des paradis fiscaux, l’alignement des rémunérations des dirigeants sur celui de tout salarié (ou bien ce sont des entrepreneurs, sur leurs fonds propres, ou bien ce sont des salariés, mais pas les deux quand ça les arrange).
Je finirai par rappeler que les ’riches’ d’il y a cent ans se faisaient une gloire de fonder des musées, des hopitaux, de beaux bâtiments. Ce souci semble bien absent des ’bling-bling’ actuel.