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Commentaire de masuyer

sur La conversion sociale-démocrate du Parti socialiste est en marche


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masuyer masuyer 20 janvier 2008 11:59

Christoff,

le concept de classe moyenne me semble difficile à envisager d’ans une perspective marxienne. Marx divise la société capitaliste en deux classes fondamentales : le prolétariat et la bourgeoisie (ou les capitalistes). Les capitalistes se caractérisant par la possession du capital, donc des moyens de productions, pouvant ainsi fixer le cours d’achat de la force de travail. Le prolétariat regroupant tous ceux ne disposant pas de capital et n’ayant pour moyen de subsistance que la vente de leur force de travail. Ce ne sont donc pas les ouvriers, mais les salariés. Entre ces deux classes, la petite bourgeoisie regroupant ceux à qui la possession de leur moyen de subsistance (artisans, paysans, professions libérales, commerçants....) permet une relative autonomie. A noter que le fait d’être propriétaire de sa maison et de biens de consommations ne fait pas du salarié un bourgeois, contrairement à une idée reçue.

Seul le prolétariat et la bourgeoisie, dans la société capitaliste, pouvant avoir une politique indépendante. Pour illustrer ce propos, mon statut professionnel d’entrepreneur individuel me rattache à la petite bourgeoisie. Je suis propriétaire de mes moyens de mes outils de travail que je vends avec ma force de travail, mais je ne fixe que très relativement le prix de cette vente. Je pense donc que mes intérêts en matière d’émancipation me rapprochent plus du prolétariat que de la bourgeoisie. D’autres que moi enviant et respectant la bourgeoisie, confondant leurs intérêts avec ceux de la classe capitaliste.

 

Le concept de classe moyenne appartient à une perspective non marxienne de la lecture des classes de la société : classe populaire, classe moyenne, classe moyenne supérieure, élites. A mon sens cette vision est dominante dans nos sociétés. Mais la pensée dominante est celle de la classe dominante pour ceux qui ont une analyse marxienne des rapports de force qui animent la société.

On peut aussi envisager que l’analyse de Marx n’est plus valide, la société capitaliste ayant vécue. C’est une vision qui existe aussi au sein de la gauche que je qualifierai de radicale. Ce n’est pas la mienne.

J’ai déjà expliqué sur d’autres fils que je ne croyais pas en la thèse du "néo-libéralisme" qui n’est pour moi que l’évolution logique du capitalisme apparu à la révolution industrielle et en conserve les mécanismes fondamentaux (l’accumulation de la plus-value ponctionnée sur le sur-travail, c’est à dire sur la part non payée du travail salarié).

En lisant les Cahiers de Junius (La Crise de la sociale-démocratie) de Rosa Luxemburg (entre autres), il me semble qu’on peut entrevoir que le phénomène de mondialisation est largement engagé à l’époque. Il est aujourd’hui, à mon avis, seulement plus visible par le délitement progressif des Etats-Nations (que je ne regrette aucunement).

Maintenant que ces préalables sont posés, nous devons aussi analyser l’évolution de notre société depuis la fin de la seconde guerre mondiale, c’est à dire des "trentes glorieuses" et des "trentes piteuses" qui ont suivies et dont nous ne sommes pas sortis.

Tout d’abord, cette différence n’existe que pour les classes dominées, les classes dominantes continuant à s’enrichir sans discontinuer.

Les "trentes gorieuses", c’est mon avis, répondent à une étape logique de la société capitaliste. Celle d’un enrichissement relatif des classes dominées. Cet enrichissement étant provoqué par de multiples facteurs. Les luttes d’émancipation du prolétariat l’ayant conduit à obtenir des gains, par l’action syndicale et politique (grâce à la sociale-démocratie). Les capitalistes y ayant malgré tout trouvé un intérêt (de façon volontaire ou non, je ne saurai trancher), le système d’exploitation colonial leur ayant permis d’en amortir les effets. L’enrichissement du prolétariat sur le territoire national, les nationalisations ayant permis de faire partager par l’ensemble de la population les lourds investissements, notamment en terme d’infrastructures et accessoirement délité le sentiment d’appartenance de classe. Les systèmes de protections sociales ayant permis à certains secteurs d’initiatives privées de se développer de manière importante (industrie pharmaceutique, par exemple).

Il n’est d’ailleurs pas étonnant que le système d’assurance-maladie par répartition soit aujourd’hui l’objet d’attaques constantes. Il a permis le financement du développement de l’industrie pharmaceutique, en le faisant partager par tous (les cotisation étant partagées entre employeurs et employés), mais la part de ces cotisations consacrée à la gestion (collecte et redistribution) échappe au secteur privé (et donc les possibilités de marge qui vont de pair).

Cela signe pour moi l’inanité de l’option sociale-démocrate dans la lutte d’émancipation des classes dominées.

Pour finir, je voudrais revenir sur l’idée de révolution prolétarienne. Dans une perspective marxienne, il ne faut pas forcément la voir comme un renversment violent d’un régime ou d’une classe dominante. La simple prise de conscience par le prolétariat des mécanismes d’exploitation devant conduire au dépassement de la société de classes.

A noter aussi, comme je l’ai déjà rappelé souvent dans mes commentaires, qu’une partie du mouvement pour l’émancipation des travailleurs (notamment les bakouninistes) se montrait très critique envers le concept de dictature du prolétariat, en qui elle voyait les germes d’une confiscation du pouvoir par une élite éclairée agissant selon elle au nom des intérêts du prolétariat tout en le maintenant dans son aliénation. Il me semble que l’histoire leur a donné raison.

Désolé pour la longueur de ce post.

Bien à vous Christoff

 

 


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