L’immense consensus athée sur ce fil (comme partout sur AgoraVox) m’incite, bien que non-croyant, à prendre la part du diable pour défendre les moutons noirs que sont les croyants.
L’amalgame que font certains athées entre la laïcité et l’athéisme m’est aussi inadmissible. Il n’y a aucune contradiction entre croyance et la laïcité ! On peut très bien être laïque et aller à l’église le dimanche. Mais c’est une évidence, donc je passe au sujet principal :
Si les athées ont une vision du monde assez homogène, chez les croyants il y a toute une gamme d’idées allant du fondamentalisme à une vague tiédeur non-pratiquant. D’ailleurs on peut croit en autre chose qu’une religion. Le panthéiste voit Dieu dans toute vie, mais il ne s’attache pas à une religion. Mais les athées renient toute religion et toute forme de croyance ou foi – sauf dans l’athéisme. Ainsi ils prétendent détenir LA vérité. Cependant la certitude n’existe ni dans leur camp ni dans l’autre. La non-croyance est aussi spéculative que la croyance. On parie sur autre chose, c’est tout. Tout au plus les athées peuvent s’attribuer la position la plus raisonnable, et donc la plus probable (selon la raison). De là à mépriser les croyants n’est qu’une sorte de fondamentalisme. L’athéisme en tant qu’idéologie dogmatique est comparable à une religion. Ceux qui y adhèrent sont aussi des croyants, puisque la vérité sur l’au-delà nous est inaccessible. Cette ultime vérité nous restera pour toujours incertaine, et pour les croyants et pour les non-croyants.
Mépris et haine entre croyants et athées semble donc peu raisonnable. S’il est vrai que »des goûts et des couleurs on ne dispute pas » on devrait y ajouter la croyance. Je dis croyance et non pas religion, parce que toute religion doit rester ouverte à la critique. Croyance et religion sont deux choses pas forcement liées. La croyance c’est ce que l’on pourrait appeler le sentiment religieux, le sentiment transcendantal, le sentiment que la raison a ses limites et qu’il y a des domaines en dehors de nos possibilités de connaissances. Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas, comme disait Pascal. Ce sentiment religieux, indépendamment d’une religion précise, semble être présent dans l’être humain, dans les tribus vivant en dehors de toute civilisation comme dans certains philosophes. Serait-il inné ou acquit ? Question épineuse qui risquerait de déclencher des disputes acharnées.
Agnostique, je respecte sincèrement et les athées et les croyants, dans la mesure qu’ils ne sont pas bigots. Car les athées sont parfois aussi bigots que les croyants.