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Commentaire de Philippe Vassé

sur OGM, que faut-il en penser ?


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Philippe Vassé Philippe Vassé 22 janvier 2008 01:21

L’article en lui-même est documenté, bien que très parcellaire sur le sujet, ce qui lui donne un aspect un peu réducteur.

Il est notamment un fait qui n’est pas dit et qui est pourtant essentiel : les plantes, les êtres vivants de toutes sortes, les animaux comme les humains sont des entités évolutives.

De même, confondre dans un même sac les chercheurs soumis aux pressions financières de certaines entreprises qui ont défrayé la chronique médiatique -genre MONSANTO- et ceux qui travaillent depuis des décennies, dans le secteur des modifications génétiques ou d’autres espaces de recherche SCIENTIFIQUE PUBLIQUE est peu fécond, malsain, voire assez peu sensé sur le long terme.

Poser le problème de façon aussi simpliste et alarmiste, dans le style "tous les OGM sont bons ou mauvais" est puéril et stérile.

Le noeud essentiel de la question, sauf à vouloir détruire toute recherche scientifique, que ce soit pour la médecine, l’agriculture, l’élevage, les produits de synthèse du futur, etc..., est : quel cadre éthique, quel règlementation basée sur des notions exclusivement scientifiques peut-on et doit-on mettre en place pour à la fois garantir la pérennité de la recherche scientifique visant à améliorer l’existence de l’humanité, rassurer le public par une information transparente, objective et compréhensible et l’indépendance de la recherche dans les divers domaines vis à vis des prédateurs financiers qui portent la responsabilité des ennuis connus et médiatisés dans ce domaine ?

En Asie, les recherches sur les OGM et les études adjacentes sont en général du domaine PUBLIC et les chercheurs ont pour objectif d’améliorer les plantes, de favoriser l’élevage et de produire mieux et plus.

Cela nécessite les travaux sur les OGM au sens large.

Ainsi, l’article lui-même sème la confusion par ignorance involontaire. Certaines plantes modifiées génétiquement permettent de se passer de dangereux produits comme des pesticides et herbicides. Les plantes peuvent ainsi assurer par elles-mêmes leur défense contre des attaques extérieures. C’est leur structure interne qui génère une défense immunitaire "naturel" de l’organisme, de la même façon que le médicament introduit dans le corps est certes un agent externe,mais un agent qui vise à protéger le système organisé que nous sommes.

Dire qu’elle génère un herbicide ou pesticide est ici fautif. Elles développent seulement par elles-mêmes les agents naturels dans leurs structures contre les ennemis qui les agressent dans leur environnement connu.

Modifier génétiquement des propriétés des plantes par exemples ou de virus est faire ce que fait seule et sans cesse la natuure et son évolution, mais le faire en donnant un sens précis, réfléchi, fructueux pour la plante et pour les humains. On remplace seulement les évolutions hasardeuses de l’évolution par une évolution planifiée pour que la plante assure son rôle le mieux possible.

En résumé, l’objectif des scientifiques qualifiés n’est pas de vouloir le mal des populations (fantasme populaire sorti des temps obscurantistes), mais d’intervenir de l’extérieur sur les évolutions POSSIBLES NATURELLES des plantes afin de leur apporter les meilleures chances de survie et de développement.

Il s’agit d’une forme réfléchie, analysée, étudiée, d’intervention sur les plantes visées.

Bien sûr que les volontés de profit immédiat ont conduit à des situations de danger irréfléchi quand des chercheurs ont été contraints par des dirigeants privés mûs par des intentions uniquement financières de réaliser un travail bâclé. Mais, jeter aux oubliettes sous ce motif légitime les travaux sérieux et profitables pour l’humanité est une démarche aussi dangereuse.

Le débat n’est donc pas pour ou contre les OGM, parce que nous sommes tous par essence des OGM.

La question de fond est le contrôle serein et transparent de la société sur les travaux des chercheurs dans ces domaines, le retrait des autorisations de recherche aux entreprises irresponsables, afin de ne laisser en activité que des équipes indépendantes, non tenues à des résultats immédiats, mais travaillant sur la durée et en fonction de critères sécures bien définis.

C’est pourquoi déjà les équipes en Asie progressent plus fortement, mais sans pression nuisible, afin de mettre les découvertes scientifiques bien connues et comprises dans leurs effets totalement prévisibles qu’en Europe. Cet atout permet à plusieurs pays asiatiques de prendre une avance considérable.

Les réactions irréfléchies des politques en Europe contre les OGM, en bloc et sans réflexion prospective, menacent à terme la recherche générale scientifique, mais surtout ne réglent pas l’activité des sociétés privées qui agissent parfois en apprentis-sorciers du fait de leur appétit de profit.

Si l’Europe ne veut pas résoudre le problème de la rceherche fondamentale dans ces domaines, par un grand service public indépendant et encadré par des cadres clairs, elle va vite s’apercevoir que les mesures prises à la va-vite, sur des considérations politiques reflétant des peurs légitimes, mais en partie infondées, vont en fait créer une situation bien pire pour les citoyens que celle qui prévalait.

Stopper le bateau de la recherche quand les autres pays prennent une avance considérable, cela générera une dépendance croissante, un coût financier accru et des difficultés d’adaptation des découvertes venues des pays tiers longue, difficile et peut-être même dangereuse en termes de continuité de productions alimentaires.

Il serait temps que l’on sorte du faux débat actuel, que l’esprit scientifique prévale, qu’une politique rationnelle soit élaborée et mise en oeuvre sur les recherches en OGM en Europe.

Faute de quoi, l’Asie qui est déjà à la fois le centre des découvertes technologiques et scientifques, mais aussi l’usine des produits finis du monde, deviendra aussi le vivier de l’agriculture pendant que l’européenne déclinera de manière dramatique.

Il est des décisions "transitoires" de non-choix stratégique clair qui pèseront très lourd dans le futur.

En attendant, les décisions européennes récentes de rejet-suspension des OGM creusent la tombe de l’agriculture européenne. En Asie, on se frotte les mains devant l’imprévision et l’opportunisme zigzagant des dirigeants politiques européens.

Cela est un fait, et ne fait pas débat. Dommage !

 

 

 

 

 


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