Par rapport à la qualité des réponses que l’on voit généralement sur Agoravox, les réactions à cet article ne me paraissent -pour être gentil- pas au niveau...
- Mettre en contradiction la contrainte, à laquelle nous n’échapperons pas, de travailler plus (et j’ajouterai : pour gagner moins !) et celle de respecter l’environnement est tout simplement consternante. Nous allons devoir travailler plus parce que, que nous le voulions ou non, la mondialisation nous a mis en concurrence avec des pays très industrieux depuis la nuit des temps, et où le travail est très sous-payé . Il va falloir faire avec. Nous allons devoir, en même temps, respecter l’environnement parce que sinon , nous allons crever la bouche ouverte. Et ces contraintes ne s’opposent pas toujours. Pour prendre un exemple un peu réducteur, si je renonce à ma voiture pour aller à vélo sur un trajet donné, je "travaille" plus et je respecte l’environnement.
D’une façon plus générale , nous allons devoir, pour sauver ce qui peut l’être de notre niveau de vie (et surtout de celui des plus défavorisés) nous débrouiller avec moins de ressources, comme cela a été souligné à plusieurs reprises. Mais comment allons-nous compenser ce "moins " de ressources naturelles sinon par moins de niveau de vie et plus de travail ? Ceci en plus de la concurrence qui nous arrive de l’est.
- L’agressivité de ceux pour qui tout raisonnement qui conduise à la remise en cause des droits acquis (ici la durée légale du travail) est faux avant même d’avoir été examiné me rappelle les plus beaux jours du stalinisme. Ce que je peux dire, moi qui ai pas mal voyagé -et qui ai ramené du travail pour mon entreprise, donc de l’argent pour mon pays-, c’est que nos principaux concurrents bénissent cette loi des 35 heures qui handicape -en coût et en souplesse- un concurrent qui sans cela serait plus dangereux.
Continuez à tenir vos avantages acquis et vous verrez le résultat : dans quelques années nous ne serons plus une "grande" puissance. L’équilibre du monde y gagnera sans doute, mais notre pays y perdra, et en premier lieu les plus défavorisés.
- Aussi bien , l’article ne dit pas que les 35 heures sont un bien ou un mal : il dit que les crispations autour de ce sujet sont un faux problème, et une manière d’esquiver les défis difficiles qui nous attendent, et qui seront d’autant plus difficiles que nous aurons perdu plus de temps. J’ajouterai que les réactions outragées que j’ai lu ici ou là sont une autre manière d’esquiver les mêmes problèmes.
- Les pays non occidentaux attendaient depuis longtemps l’occasion de nous faire payer le cynisme et la cruauté de certains d’entre nous au temps du colonialisme, et même leur fierté blessée par nos succès (matériels !) et notre culture envahissante de l’époque. ils sont convaincus que nous sommes pris en tenaille entre l’environnement et la mondialisation (sans parler du leadership déplorable, sur le plan de la géopolitique et des rapports de force, de l’actuelle présidence américaine), et que le moment est venu. Ils ont sans doute raison. Croyez-vous que l’Angleterre du XIXème siècle ou les US de la guerre froide n’auraient pas trouvé le moyen de torpiller l’accord sino-Indien qui se profile suite à la visite de la semaine dernière ? en avez-vous lu les grandes lignes ?
- On comprendrait que ceux qui sont réellement démunis refusent avec violence l’idée que les circonstances leur imposent d’autres restrictions encore -et j’espère de tout coeur que les sacrifices, s’ils arrivent, seront répartis en priorité sur les autres, moi compris), mais ceux qui s’étranglent devant les raisonnements de Jérôme Bondu ne sont pas, que je sache, démunis au point de manquer d’un ordinateur et de temps pour lui répondre !
- Au lieu de vous étrangler de fureur parce que quelqu’un a dit que la lumière déclinait le soir, regardons plutôt comment passer la nuit au mieux. Et il faudra se couvrir, car elle sera froide, et aussi placer des sentinelles, en armes (économiques et environnementales).