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Commentaire de Krokodilo

sur Les enjeux de la langue : Francophonie et Intelligence Economique


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Krokodilo Krokodilo 22 janvier 2008 11:58

désolé, Je bisse à cause des problèmes techniques de présentation :

 

Bravo pour avoir fait un article sur un sujet trop négligé par les médias et pourtant vital pour la francophonie et la construction européenne. Je compte d’aileurs proposer bientôt un article sur une réforme de l’enseignement des langues.

"Actuellement 80% des jeunes européens qui doivent choisir une seconde langue prennent l’anglais."

Oui et non : votre formulation est techniquement juste, à ceci près qu’il vaudrait mieux dire "qui peuvent choisir", car pour choisir, il faut avoir un choix. Or, nombre de collèges n’offrent en 6e que l’anglais, parfois une classe bilangue angl-allemand, en vertu d’accords bilatéraux entre France et Allemagne. De plus, l’anglais est IMPOSE à l’école primaire (sur des bases juridiques fragiles d’initiation "aux" langues), sans qu’aucun choix n’ait été proposé, hormis quelques exceptions ici ou là, comme en Alsace, qui permettent de cacher cette contrainte. Le ministère de l’EN ne communique pas les statistiques sur ce sujet… Par ailleurs, lorsque des parents demandent par exemple un poste d’espagnol première langue, ils se voient opposer une fin de non-recevoir par les Rectorats, qui osent ensuite mettre l’hégémonie de l’anglais sur le dos des parents ! Que beaucoup le choisissent librement, soit, mais la pourcentage réel de jeunes ou de parents qui le choisiraient en LV1 est inconnu. En matière de langues, on ne peut pas parler de choix, seulement d’arbitraire.
Et à l’école primaire c’est pire ! Dans l’indifférence générale, nous sommes passés d’un relatif choix des langues à l’anglais quasiment pour tous, sans loi, sans débat.

"Sachant que s’il fallait imposer une seconde langue à tous les Européens comme langue d’échange, l’anglais serait évidemment gagnant."

Gagnant selon quels critères ? Selon la volonté de quelques élites, oui. Selon un cahier des charges des qualités nécessaires à une langue auxiliaire, non : l’anglais (et le français) n’auraient aucune chance, trop compliqués, l’anglais à cause de la phonétique aberrante et des idiotismes très nombreux, le français à cause des conjugaisons et des temps n’existant qu’à l’écrit). Je vois que vous avez indiqué deux articles où étaient mentionnés l’espéranto, seule véritable solution à la tour de Babel qu’est l’Europe. Il ne s’agit pas de remplacer les langues, mais de disposer d’une langue auxiliaire commune ET de travailler une ou plusieurs autres langues étrangères selon les besoins professionnels, par exemple de travailler la langue d’un pays où l’on est en poste, ou simplement résident.
N’oublions pas qu’il existe une dizaine de langues à diffusion internationale (français, allemand, espagnol, russe, arabe, chinois), dont certaines reprennent du poil de la bête, ce n’est pas le moment de foncer dans le tout-anglais, alors que celui-ci est peut-être sur le déclin, possibilité évoquée même dans les journaux économiques anglo-saxons.

"Si l’une de ces langues doit nécessairement être l’anglais (comme nous l’avons vu plus haut)"

Pourquoi nécessairement ? Hagège que vous citez, recommande justement de ne pas faire de l’anglais une obligation.

"nous arriverons sans doute à transformer notre handicap (parler une langue qui n’est plus dominante)"

Parler français n’est pas un handicap, c’est un atout ! C’est une langue à diffusion internationale, et la seule qui résiste à l’anglais au sein de l’UE.

 
"En guise de conclusion, nous vous soumettons les préconisations de Claude Hagège ***** . Selon lui, il serait bon :
de démarrer l’apprentissage des langues dès le début du primaire. Après, il est trop tard pour être réellement à l’aise, surtout si on veut en apprendre plusieurs ;"

C’est bien joli tout ça, mais à quoi bon proposer des choses inapplicables, déconnectées de la réalité ? En raison des problèmes logistiques (nombre de profs de langue, diversité linguistique dans chaque école primaire, formation des instits), nous ne pourrons jamais proposer ne serait-ce que six langues au choix à l’école primaire. On retombe donc sur l’anglais.
Il faut revenir à un peu de réalisme et de modestie. La situation des pays à plusieurs langues officielles n’a rien à voir. Et il faut aussi tenir compte des langues régionales. Ca fait beaucoup pour le primaire !
Il existe un projet européen qui serait infiniment plus adapté à l’école primaire, qui n’est pas le lieu de la spécialisation mais celui de la découverte, de l’ouverture d’esprit, c’est projet "FEEL (Funny, Easy and Effective Learning about Countries, Cultures and Languages) s’est efforcé de promouvoir une connaissance de base (vocabulaire élémentaire, grammaire et phonétique) des langues des dix pays qui ont adhéré à l’Union européenne en 2004 et de présenter aux citoyens européens les cultures existant derrière ces langues afin de dénoncer d’éventuels stéréotypes ou idées fausses."
Une initiation linguistique large et non spécialisée de ce type serait largement suffisante au primaire, surtout quand on sait que le temps consacré à l’anglais est pris au français, et que 25% des élèves entrant au collège ont de graves lacunes en français - selon un récent rapport officiel.

PS : dommage de faire un article sur la francophonie avec un anglicisme dans le titre : intelligence économqur, c’est simplement de la veille économique, pas de l’intelligence !
 


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