Dans ce commentaire de M. Imhotep, après quelques informations pour certaines pertinentes comme le rappel du discours au Vatican, se trouve une analyse de cette phrase, « Dieu qui n’asservit pas l’homme mais qui le libère, Dieu qui est le rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes », qui semble à côté de son sujet. D’abord parce que le raisonnement qui suit ne porte pas seulement sur cet extrait du discours, mais sous-entend que Sarkozy dans d’autres discours défend la laïcité. Les tournures et le vocabulaire utilisés obscurcissent aussi le propos. A priori ce raisonnement tend à démontrer qu’un homme président d’un état laïc ne peut pas avoir de tels propos sur dieu. Je crois que cette critique formulée manque à son objectif, celui de saisir la portée du discours de Riyad et celle du discours du Vatican.
D’abord la critique de M. Imhotep use de cette méthode qui consiste à prendre une phrase et la sortir de son contexte, permettant ainsi de valider ce qu’il a à démontrer. Lorsque M. Sarkozy entre dans les méandres de la théologie, il est en train de définir le dieu des trois religions monothéistes, juif, musulman et chrétien http://www.elysee.fr/documents/index.php?mode=cview&cat_id=7&press_id=880&lang=fr. C’est vrai que ce qu’il en dit n’est pas de son ressort, néanmoins il ne parle pas en son nom, mais résume comment un croyant se représente dieu. Sarkozy rappelle deux paragraphes après, sa place vis à vis de la religion en tant que président d’un état laïc, je cite "En tant que chef d’un Etat qui repose sur le principe de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, je n’ai pas à exprimer ma préférence pour une croyance plutôt que pour une autre.
Je dois les respecter toutes, je dois garantir que chacun puisse librement croire ou ne pas croire, que chacun puisse pratiquer son culte dans la dignité.
Je respecte ceux qui croient au Ciel autant que ceux qui n’y croient pas.
J’ai le devoir de faire en sorte que chacun, qu’il soit juif, catholique, protestant, musulman, athée, franc-maçon ou rationaliste, se sente heureux de vivre en France, se sente libre, se sente respecté dans ses convictions, dans ses valeurs, dans ses origines." A partir de là usant de cette même méthode, je pourrais a contrario faire l’éloge du président français.
Les anti-sarkozistes raisonnent comme les pro-sarkozistes, sans désir d’objectivité, c’est-à-dire sans faire d’effort intellectuel. Il doit se marrer Sarkozy, les opposants déclarés bêlent autant que ses sympathisants. Quand je lis que "Sarkozy a raillé Joffrin", je me dis, j’espère que personne ne concluera que Joffrin est un opposant...
Les deux discours de Sarkozy aux organisations religieuses sont révoltants sur d’autres points. Pour situer le contexte de ces discours, il faut comprendre la place que la religion occupe depuis que les Etats se sont constitués, et la place particulière qu’elle a aujourd’hui. Dans une religion quelle qu’elle soit, on retrouve deux forces antagonistes : l’une conservatrice, l’autre progressiste, et qui défendent des positions divergentes vis à vis des réalités quotidiennes du pratiquant. Depuis que l’Union Soviétique n’ est plus et que le bloc occidental du "monde libre" est la seule voix politique, une nouvelle opposition est en train de se constituer. Cette opposition rassemble des groupes d’individus qui sur de nombreux domaines n’ont rien en commun. Par contre ils ont un même oppresseur, l’économie de marché (pour ne pas citer de nom). Et parmi ces nouveaux contestataires nombreux sont des religieux... (dans l’Histoire, "black theologie" pour l’émancipation des noirs, "Helder Camarra" pour l’amérique latine, les kôan bouddhistes et la place particulière du Dalaï Lama, l’émir Abdel Kader, etc.). Les deux discours de Sarkozy ont pour finalité, de demander aux représentants religieux de collaborer à l’économie de marché, pour cela il fait d’abord un éloge de la religion (voir la citation de M. Imhotep et son contexte), ensuite il démontre qu’elle n’est pas coupable de la violence faite en son nom " (...)ce n’est pas le sentiment religieux qui est dangereux. C’est son utilisation à des fins politiques régressives au service d’une nouvelle barbarie." Ce qui est terrifiant c’est ce culot avec lequel monsieur Sarkozy inverse la réalité, car vous avez bien compris que les barbares sont ces pauvres qui n’ont rien compris aux vertus civilisatrices de la finance. Puis il invite nos amis saoudiens a travaillé pour la fameuse "politique de civilisation", en la décrivant comme un monde de "tolérance", de "liberté", de "partage", de "solidarité" parce que "La vie de l’Homme n’a pas qu’une dimension matérielle. Il ne suffit pas à l’Homme de consommer pour être heureux", oui c’est bien Sarkozy qui a dit ça, et pour ceux qui n’ont pas lu le discours, "C’est une politique qui veut lutter contre les dérives de la modernité, qui veut lutter contre les excès de la technique, de l’économie, de la finance, qui veut lutter contre la pollution, contre la dégradation de l’environnement. C’est une politique du développement durable." C’est plutôt à cet endroit que je suis "atterré", il s’accapare un certain nombre de valeurs humanistes pour définir son projet de « politique de civilisation », valeurs qu’il moque et conchie dans d’autres discours au nom d’une politique de marché efficace. Comme dirait Perros, "quand on ne croit pas en Dieu, il ne faut pas s’en servir pour dire qu’on y croit pas". Je dis qu’il faudra sortir des anciens moyens de contestations, et renouveler les alliances, et qu’aujourd’hui le changement de modèles politiques ne se fera pas sans le soutien des groupes religieux, je sais que de tel propos vont sûrement énerver certains, mais si les altermondialistes sont une épine dans le pied de notre molosse capitaliste, des groupes religieux, au moyens pour certains fort discutables, sont aussi une force de résistance non négligeable. Sarkozy et des gens comme Georges Bush (avec des méthodes différentes mais avec les mêmes objectifs) ont compris l’importance et l’influence de la religion pour la mise au pas des peuples vers l’économie de marché. D’où cet appel du pied de M. Sarkozy aux représentants des grandes religions.
22/01 13:24 - Diagoras
22/01 13:19 - Christoff_M
j’ai encore vu Guaino chez Taddei hier soir et c’est un peu faire preuve (...)
21/01 13:02 - Kabyle d’Espagne
@ imhotep, Oui, la momie est de retour Merci pour cet article qui nous dégraisse des (...)
21/01 09:35 - Vilain petit canard
Grande nouvelle, hier notre Président a annoncé qu’il va remettre à plat les quotas de (...)
21/01 03:29 - Christoff_M
vous n’avez pas remarqué que les gens qui ne croient pas parlent toujours de deux, de (...)
21/01 02:53 - Cascabel
@Thierry C’était bien tenté, louable de votre part. Vous lui avez cité un des moceaux (...)
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