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Commentaire de Sz

sur Touche pas à ma Joconde !


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Sz 24 janvier 2008 14:41

 

@ Jean-Paul Doguet

 

>>>"En matière d’art il me paraît évident qu’on peut au contraire tout conserver et qu’on le doit. Cela ne pose absolument aucun problème insoluble. "

 

Tout jusqu’à quel niveau ?? Vous tenez absolument à ce que toutes les .... tentatives artistiques présentées chaque année à la FIAC soit conservées ad vitam eternam ?

Parce que dans cette optique, il va falloir doubler l’espace de stockage de Beaubourg chaque année, et à ce tarif là, vous allez vite comprendre en quoi cela pose un problème insoluble. Qui plus est, au delà de la donnée physique du stockage ce pose la question du coût de l’entretien d’une telle collection ou on garderait "tout" parce que "c’est de l’art’.

 

>>>"Je suis aussi en désaccord avec votre intitulé lorsque vous dîtes que la "mode de la conservation est assez récente pour les sociétés". Avoir un musée c’est de toute façon conserver. Les collections aristocratiques et monarchiques des XVI-XVII-XVII et même dans l’Antiquité conservaient, mais elles conservaient de façon patrimoniale pour un nombre limité d’héritiers et de visiteurs privilégiés. Ce qui est RECENT c’est-à-dire remonte en réalité à la Révolution Française, c’est de conserver par et pour la nation. je trouve curieux d’y voir une mode, un phénomène passager, ce qui n’est certes pas le cas."

 

 

Première remarque, les biens qui furent pris (que ce soit aux nobles pendant la révolution, ou à l’Égypte, l’Italie etc... par Napoléon, ou par d’autre biais ce n’est pas le débat du moment) n’étaient pas n’importe quelles oeuvres. Si Napoléon a pris le Lacoon à Rome, et que les Italiens l’on reprit à la chute de l’Empire, c’est précisément parce que c’était un trésor. Napoléon n’a pas pris toutes les peintures et les sculptures d’Italie, ne serait-ce que pour des questions logistiques, quand on voit le stock incroyable d’art que possèdent les Italiens. Napoléon a pris (enfin ses conseillers en la matière plutôt) les oeuvres qui semblaient intéressantes. Donc des oeuvres comme le Laoccon, mais auss, et à la différence de ce groupe sculpté, des toiles comme Les Noces de Cana de Véronèse, tableau de grand format mais de peu d’intérêt pour le patrimoine Italien qui fut emporté par les troupes impériales, mais laissé quand les Italiens vinrent récupérer leurs biens à la chute de l’Empire, car eux aussi, faisaient le tri. C’est d’ailleurs amusant de voir que par l’effet de sa surexposition au Louvre, ce tableau est devenu une des références du musée. Telle est la vie d’une oeuvre d’art.

On pourra donc souligner que la distinction entre "trésor" et "oeuvre simple" est intrinsèque à la question du choix qui se pose quand on constitue une collection, et l’idée corrélative au principe récent d’inaliénabilité selon laquelle il faut absolument tout garder car "tout" est du patrimoine est aussi récente qu’étonnante. Le jour à la France frappera d’inaliénabilité toute les petites cuillères en argent du pays, toutes les soupières en porcelaine de Limoge de nos grands mères, tous les couchers de soleil au bord de la mer peint à la gouache, on sera bien avancé. Conserver pour la Nation est une idée très révolution 1789 vous avez raison, mais tout conserver pour la Nation, ça s’est plutôt une idée de 1970/80.

 Deuxième remarque, de quelle collection monarchique parlez vous ? Parce qu’en général, s’il y a effectivement une passation de patrimoine, elle n’est jamais totale, et la nouvelle génération ne garde que ce qui a de la valeur a) économique b) affective. J’aimerais donc savoir quelle noble famille aristocratique de XV XVI XVII etc.. aurait eu pour dessein testimoniale de "tout" garder, et surtout, de ne rien vendre ? Car en règle générale, les familles auxquelles vous faites allusion sont très présentes sur la scène du commerce de l’art, et leur politique culturelle, fut elle d’intérêt privé, tient plus de l’approche dont il est question dans l’article, que de la votre.


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