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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Touche pas à ma Joconde !

Touche pas à ma Joconde !

Depuis des mois, le milieu culturel, particulièrement celui des musées, s’agite, en proie à des bruits, des rumeurs alarmantes. Il y a du changement dans l’air, un vent nouveau semble commencer à souffler dans les couloirs de ces institutions vénérables et longtemps assoupies. Mais que se passe-t-il pour qu’on assiste à un tel charivari ?

A l’origine du "scandale", il y a un mot. Inaliénabilité. C’est un mot impossible à prononcer, compliqué à écrire, mais qui a une signification prévisible. Signification qui caractérise les oeuvres d’arts de nos musées publics : elles sont réputées inaliénables, elles ne peuvent pas être vendues. Nos musées, les conservateurs qui y travaillent, n’ont pas le droit de se défaire d’une oeuvre d’art.

C’est bien sûr un tout petit peu plus compliqué que cela, il existe depuis 2002 une procédure qui permet de "déclasser" une oeuvre d’art, mais les conditions sont draconiennes et elle est très peu utilisée.

Bref, pour le moment, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes car enfin, de quoi rêvent nos conservateurs du patrimoine ? De collections toujours plus vastes, conservées dans des conditions idéales, exposées dans des musées parfaits, à un public toujours connaisseur et cultivé ! Certes, l’argent pour agrandir les collections manque parfois, mais elles ne diminuent jamais, certes les conditions de conservations ne sont pas partout idéales, mais les musées ont acquis dans les vingt dernières années des outils précieux comme le C2RMF, outil scientifique de recherche et de restauration dont les compétences sont partout saluées, certes les musées font parfois grise mine, mais depuis l’opération du Grand Louvre, on a beaucoup rénové, agrandi, remanié. Quant au public, s’il n’est pas seulement constitué d’esthètes et de fins connaisseurs de l’histoire de l’art, l’éducation culturelle française a permis à beaucoup de pouvoir apprécier des oeuvres, même complexes.

Sauf que, bien sûr, il y a un hic. Tout cela coûte fort cher, dit-on dans certains cénacles.

L’idée de mettre en vente certaines oeuvres pour financer l’achat de pièces importantes, voire de chefs-d’oeuvre a donc fini par germer. Ce principe de remise en question de l’inaliénabilité des oeuvres figure dans la feuille de route de la ministre de la Culture, Mme Christine Albanel. Cette mention a déjà mis en émoi l’été dernier la communauté des professionnels de musée.

Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est une proposition de loi déposée par le député de l’Oise, M. Jean-François Mancel, le 16 octobre 2007. Ce texte propose de classer les oeuvres en deux catégories. La première regrouperait les "trésors nationaux", inaliénables et interdits de sortie de territoire. La seconde, intitulée "oeuvres libres d’utilisation" permettrait aux oeuvres ayant reçues ce label, d’être aliénées, c’est-à-dire, selon le texte, louées ou vendues.

Depuis octobre donc, tout ce que compte le milieu culturel prend position, parfois fermement. Pour ou contre. Comme ce sujet m’intéresse fort et, de plus, touche le patrimoine national - ces oeuvres sont propriétés de la nation, donc à vous et moi - j’ai cherché à creuser le sujet pour en savoir un peu plus.

Après l’avoir un peu poursuivi par téléphone, j’ai eu la chance de rencontrer M. Mancel à l’Assemblée nationale. Lors de notre entretien, il m’a précisé un certain nombre de choses sur son texte. Tout d’abord, en raison même du fonctionnement interne de l’Assemblée nationale, où le gouvernement détient l’ordre du jour, ce texte n’a que peu de chances de passer au vote. En tout cas pas dans sa mouture actuelle. En revanche, le député a voulu par-là "ouvrir le débat". Sur ce point, son opération est réussie.

Pour lui, cette remise en cause de l’inaliénabilité des oeuvres d’art répond à deux soucis :

- Le financement des musées, qu’ils soient nationaux ou dépendants de collectivités territoriales, pose problème. Les crédits demandés sont en constante augmentation et ne suffisent pourtant pas à pouvoir acquérir les chefs-d’oeuvre convoités qui sont mis sur le marché.

- Les réserves des musées sont pleines d’oeuvres qui ne peuvent être exposées convenablement, faute de place dans les salles d’expositions.

D’une manière générale, M. Mancel pense que "le vrai problème, c’est la facilité de l’accumulation". En mettant fin à cette accumulation sans fin, il cherche à inciter les conservateurs à être plus sélectifs, plus originaux, afin de constituer des collections plus complètes et mieux structurées. De plus, selon lui, le risque de se tromper en vendant un oeuvre "méconnue", mais qui se révélerait plus tard d’une grande valeur, forcerait les musées à anticiper, se conduisant comme les grands marchands d’arts qui ont découvert et lancé des peintres majeurs, comme Ambroise Vollard, au début du XXe siècle.

Cette classification serait faite par une commission permanente qui statuerait, selon le député, non pas sur les oeuvres seules, mais sur les oeuvres dans le cadre d’une vente. Ainsi cette commission serait à même de bloquer une vente qui verrait un musée se défaire de la quasi-totalité de ses collections.

Bien sûr, les opposants à ce texte sont nombreux. Françoise Cachin, qui s’était déjà illustrée dans un combat farouche contre la création d’un "Louvre Abou Dhabi", reprend la lutte de plus belle contre ce projet. Le comité français de l’ICOM a aussi pris parti contre ce texte dans un communiqué de presse sorti fin décembre. Dans ce texte, cosigné par les présidents de trois associations - ICOM France, Fédération des écomusées et musées de sociétés, AGCCPF - met en lumière le fait que les réserves des musées ne sont pas remplies d’oeuvres que le public pourrait voir, mais plutôt de pièces qui n’ont d’intérêt que dans le cadre d’études historiques et archéologiques. D’autres encore sont trop fragiles pour être exposées sans dommage. Et, au demeurant, les pièces exposables constituent le fonds des expositions temporaires qui drainent un public nombreux.

A l’Assemblée nationale, le sujet commence aussi à soulever un intérêt certain. J’ai contacté divers membres de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales pour prendre la température. Mme Jacqueline Fraysse, députée des Hauts-de-Seine a accepté de me communiquer une prise de position sur le sujet. Je vous mets l’intégralité de sa réponse en pièce jointe en PDF. Pour résumer, elle pense que cette proposition est particulièrement emblématique de la politique du gouvernement de Nicolas Sarkozy qui vise à démanteler les services publics, baisser de façon importante les budgets. Ce texte ouvrirait, selon elle, la porte à des inégalités sans cesse croissantes selon les régions de France, selon les musées et porterait un coup peut-être fatal à la politique d’accès à la culture pour tous.

En tout cas, voici une belle perspective de bataille politique et sociale. Le sujet risque fort d’enflammer les esprits de tout un chacun. Risque-t-on de voir la Joconde vendue ? Sans doute pas. Mais quid d’autres oeuvres, moins connues, moins médiatiques ? Cette idée est-elle vraiment bonne ? Y a-t-il d’autres pistes à explorer pour une gestion plus dynamique de nos collections muséales ? Pourrait-on par exemple songer à étudier de nouvelles répartitions pour mieux mettre en valeur l’existant ? Doit-on ouvrir de nouveaux musées ? Comment vouloir développer le mécénat si les oeuvres acquises par ce biais peuvent ensuite être vendues ?

Ce débat risque de prendre d’autant plus d’ampleur que M. Mancel m’a fait part de son sentiment sur un éventuel calendrier. Selon lui, ce texte ne sera présenté au parlement que dans le cadre d’une grande réforme de la politique muséale française. Et ce projet, au vu de ceux déjà en chantier, ne pourra être examiné au mieux qu’en 2009.

Le sujet est selon moi crucial. Les arguments pour et contre ont leur logique interne. D’une manière ou d’une autre, nos musées vont changer, évoluer, se transformer. Il s’agit de faire un véritable choix de société. Et les conséquences seront fortes, très fortes. Car, comment le marché privé de l’art réagirait-il à certaines mises en vente ? Quel serait l’impact de telles ventes sur la fréquentation des musées ? Pourrait-on avoir des répercussions sur l’industrie du tourisme ? Les questions sont multiples et d’importance.

La France est, peut-être plus que tout autre pays, une terre de culture. Ce débat qui s’ouvre n’est pas seulement une affaire de spécialistes. Il nous concerne tous. Ces oeuvres sont notre propriété, nous ne pouvons pas nous désintéresser de l’évolution de leur statut.

Manuel Atréide


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48 réactions à cet article    


  • mandrier 23 janvier 2008 11:14

    Recemment, j’ai écouté un politique dans une réunion qui prétendait que la notion d’inaliénabilité était à revoir et à changer.

    En effet dans un état qui est en quasi-faillite financière, il faut commencer par apurer "la dette" en vendant certaines oeuvres d’art.

    Il n’y aurait pas de raison de vendre des hotels, bâtiments, oeuvres d’art, paysages à des créditeurs que l’on ne peut plus payer. D’ailleurs en ce qui concerte les biens immobilies cela a commencé avec une "mission spécialisée de réalisation des actifs immobiliers", une "mission " analogue pourrait être mise en place. De toute manière, les sommes ainsi obtenues permettraient aussi d’améliorer le sort social de certaines populations qui de toute manière ne tire aucun profit de la présence de ces musée et de ces oeuvres d’art.

    La location de oeuvres d’art, associée à une location plus ou moins temporaire, permettra dans un premier temps "d’habituer" la Nation à l’abscence de ces oeuvres partie en exportation temporaire et dans un second temps, ces oeuvres d’art pourront alors disparaitre des comptes de la Nation...

    Voilà la nature du discours en cours dans certains milieux...


    • Andoni Casares 24 janvier 2008 11:01

      Lerma, où es-tu ? Tu as laissé passer ton droit absolu de commentariser le premier !


    • roOl roOl 24 janvier 2008 11:36

      Meme lui dois s’offuscer qu’on vendent nos oeuvres d’arts... alors il cherche un moyen de defendre quand meme ces mesures, a son esprit defendant  smiley


    • zelectron zelectron 23 janvier 2008 13:07

      Pour un certain nombre d’oeuvre la numérisation (très, très haute définition, y compris 3D) suffit. Ceci permettrait la diffusion des salles, greniers et caves de nos musées. Pour les oeuvres "inaliénables" idem : on ne sait jamais. Enfin certaines d’entr’elles ne sont probalement pas numérisables et donc... ?

      A croire que tous ces tableaux, scultures, livres etc... sont sacrés, il ne faut rien exagérer, c’est l’Homme qui est transcendental.


      • Philippakos Philippakos 23 janvier 2008 13:41

        L’article met le doigt sur un problème qui est très profond et qui concerne la création en général : que conserve-t-on et qu’abandonne-t-on ? Il est évident qu’on ne peut pas tout conserver mais que dans beaucoup de pays au passé prestigieux la tendance est de garder tout ce qui tombe sous la main, sans distinction. C’est la position la plus frileuse, la plus sage diront certains, mais la plus irréaliste aussi. Garder un tableau, un monument, un ouvrage, quel qu’il soit, implique un coût qui est loin d’être négligeable. D’autre part, le monde de la consommation étant ce qu’il est, la production d’objet (y compris d’oeuvres d’art) est telle que nos sociétés seront bientôt submergées par les objets qu’elles devront conserver. Le nombre d’objets à restaurer augmentera de façon exponentielle et il est peu probable que les budgets consacrés à la culture croissent dans les mêmes proportions. 

        Cette mode de la conservation est assez récente pour les sociétés. On pourrait y déceler un manque de confiance vis-à-vis des valeurs actuelles qui entraîne une survalorisation des valeurs du passé. Elle vient toutefois contrebalancer les gâchis des siècles précédents qui ont vu la majorité des patrimoines s’évaporer au fil des guerres, des invasions et des pillages. Est-ce une raison pour tenter, dans un effort aussi désespéré que dérisoire, de tout conserver ? Difficile de choisir, difficile de présager de l’avenir. Qui aurait pensé il y a un siècle qu’on sauverait un des pavillons Baltard en le classant monument historique ? Dans cette optique, il faudra songer à sauver les usines nucléaires, les barres d’HLM, les barrages hydroélectriques, etc, etc... et je ne parle que pour l’architecture. Il est évident, et même si cela doit faire grincer les dents, qu’un choix est à faire si l’on ne veut pas avoir à gérer des champs de ruines qui auront eu comme principale qualité le simple fait d’avoir existé. 

        La raison doit nous empêcher d’accumuler les souvenirs qu’on ne pourra pas entretenir. Et même si tous les critères de jugements sont suspects, il faut savoir assumer ses choix (esthétiques, fonctionnels) qui seront ceux de notre époque et qui en valent bien d’autres. 


        • Philippakos Philippakos 24 janvier 2008 08:08

          Il se trouve que je travaille avec des restaurateurs d’oeuvres d’art et que je sais ce que représente la conservation en terme de travail humain et de budget. Ce qui est assez récent, et même une mode, est le fait de réparer, de compléter à l’identique. Aux siècles précédents, lorsqu’on décidait d’agrandir une bâtiment, un château par exemple, on travaillait avec le style de l’époque de l’agrandissement, ce qui explique les ailes différentes, les rénovations marquées par les époques de leur factures. Aujourd’hui on restaure du XVIIème siècle avec du simili XVIIème et on pousse les hauts cris quand la rénovation n’est pas dans le style de l’origine. Qu’en déduisez-vous sur la confiance en nos valeurs ? 

          Les Espagnols, qui ont des notions d’art contemporain visiblement plus évoluées que les Français, ont compris qu’on ne faisait pas du neuf avec du vieux et osent des réalisations qui feraient blémir les responsables français de la culture. La "Sagrada Familia" de Barcelone, par exemple, se construit dans un style qui évolue au fil de sa construction. Personne ne considère que les plans de Gaudi (pourtant héros national) soit sacrés et le bâtiment comporte aujourd’hui des parties très différentes les unes des autres... comme par le passé la plupart des cathédrales de la vieille Europe d’ailleurs. Séville est en train de construire un immense centre commercial suspendu, à l’architecture ultra audacieuse, en plein centre ville. 

          Quant à tout conserver, il faudrait savoir combien de tableaux sont vendus chaque année place du Tertre, combien de statuettes africaines sont exposées sur les trottoirs, combien de couchers de soleil et de sous-bois sont mis en vente en super-marché. Et puis, on peut imaginer que ce qui n’est pas considéré comme de l’art aujourd’hui le soit dans deux siècles, alors conservons tous les objets aussi, on ne sait jamais... et créons un pays musée. 


        • Philippakos Philippakos 24 janvier 2008 10:25

          Bonjour d’Athènes,

          Difficile de parler d’art sans parler de globalité. Et difficile aussi de parler d’art sans essayer de le définir ... ce qui relève de l’aporie. Je vis en Grèce et travaille dans le domaine archéologique. Je suis chaque jour confronté au problème de "conserver ou non". Imaginez qu’aujourd’hui, pratiquement tous les objets trouvés en fouilles sont conservés (la majorité sont ce que nous appelons des "tessons", morceaux de céramique commune dont on ne fera jamais rien). Les réserves des musées sont envahies par ces tessons, on ne peut pas construire sur zone archéologique (la majorité des centres des grandes villes) sans que le terrain soit auparavant fouillé et certains terrains dont la fouille est jugée intéressante sont interdits de construction, ce qui entraîne des villes parsemées de trous entre des immeubles, trous dans lesquels s’accumulent souvent des ordures puisque les services archéologiques ne peuvent pas tout gérer. Après les pillages du XIXème siècle en matière de conservation, la Grèce est tombée dans l’excès inverse : le tout conservation avec en arrière pensée le "on ne sait jamais".

          L’Antiquité de ce point de vue est intéressante puisqu’on ne sépare pas l’art de l’artisanat. Donc tout ce qui est créé de la main de l’homme peut être "art" et votre chiffre de 0,5 % me paraît quelque peu hasardeux quant à la création contemporaine. Qu’en sera-t-il dans plusieurs siècles ? Puisque vous parlez de peinture, sachez que sur certains sites grecs la conservation de toutes les peintures murales se révèle une impossibilité et qu’il faut donc opérer à des choix en délaissant une grande partie de ce qui a été mis au jour. Qui dit choix dit critères. On retombe vite dans les mêmes questions...


        • Jarry 24 janvier 2008 12:01

          Voyons monsieur le photographe, comment pouvez-vous dire autant d’inepties ? en tant qu’archéologue je peux vous assurer que ces tessons seront analysés, étudiés ! Nous travaillons bien avec des collections des siècles passés, il ne faut pas croire que si ceux-ci ne sont pas étudiés de votre vivant, ils ne le seront jamais, voilà pourquoi il sont classés, ragés, étiquetés et surtout que toutes les annotations contextuelles ont été conservées dans de moultes rapports !

          La Grèce empêche la construction dans certaines zones pour protéger les vestiges, ils seront eux-aussi fouillés, un jour par les étudiants des étudiants de nos étudiants, dans 100 ans ou 500 ans ! Il s’agit de reserve pour les générations futures, car avec le progrès, les techniques de fouilles seront forcément nettement plus performantes que les notres (il suffit de voir celles des années 50)


        • Philippakos Philippakos 24 janvier 2008 12:43

          Je vois que comme archéologue vous êtes assez loin de la réalité grecque. D’abord une fouille ne peut pas être refaite et les zones fouillées dans les villes ne le seront qu’une seule fois. Pas question de descendants dans ce cas-là !!! Soit on construit un immeuble et plus de fouille possible, soit on ne construit pas et, pour l’instant du moins, on gère assez difficilement les vestiges mis au jour. Ensuite il vous faudrait faire un tour dans les réserves de certains musées pour comprendre ce que signifie une masse de tesson impressionnante. Au bout de quelques années les sacs sont éventrés, les étiquettes mangées par les rats et rien n’est plus identifiable. Je parle d’archéologie classique, pas de préhistoire.

          Il existe un concept grec qui s’appelle la fouille d’urgence, généralement entreprise avant construction sur une zone urbaine. Elle est faite rapidement, comme son nom l’indique, et a pour but de ne pas rater une découverte essentielle. Rien à voir avec des fouilles école comme on peut en trouver parfois en France. D’accord avec vous pour dire qu’une fouille est une destruction, que les techniques évolueront, mais de grâce ne mettez pas en doute mes dires, en jouant à celui qui sait tout, concernant l’archéologie grecque dans laquelle je baigne depuis plus de 25 ans Avant de parler d’inepties, renseignez-vous un peu et sortez de votre archéologie nationale. 


        • Manuel Atreide Manuel Atreide 24 janvier 2008 13:52

          @ Jarry et Philippakos ...

          Un peu de calme Messieurs ! Vos points de vues sont l’un et l’autre estimables et j’ai comme l’impression que vous prenez tous les deux le même problème ; mais par des bouts différents.

          Oui, je confirme que de nombreux contacts dans le monde des musées m’ont dit avoir des tessons de poteries pleins les reserves. Ces pièces ne sont pas des oeuvres d’art, ne sont pas desrinées à être exposées au grand public. Elle existent pour servir de matériau de recherche sur la datation, les techniques de travail anciennes, etc. les débris aussi ont une utilité parfois majeures dans la recherche scientifique de l’histoire et de l’histoire de l’art.

          Oui, je confirme aussi que ces materiaux sont parfois stockés de manière pléthoriques. Que les conservateurs sont conscient du fait qu’il peut se poser un problème de gestion des réserves. Il semble qu’ils aient décidé de prendre cette problématique à bras le corps.

          Pour autant, je ne crois pas que c’est en "vendant" ces tessons qu’on arrivera à recouvrer des fonds. Personnellement je ne me vois pas acheter un morceau d’amphore grecque, même si elle est contemporaine d’Atrée ou d’Agamemnon.

          Peut être que le temps est venu de repenser l’organisation de la recherche historique. Après tout, les musées ont-ils vocation à être aussi des laboratoires de recherche. C’est le cas actuellement mais je comprends qu’on puisse poser la question de manière ouverte. Après tout, le CNRS existe lui aussi ...

          Bref, le débat est ouvert, les sujets sont passionnants. Suffisament je crois pour que vous restiez zen et sereins. la qualité de vos commentaire ne s’en trouvera pas renforcée par des propos nerveux !

          Amicalement

          Manuel Atréide


        • Jarry 24 janvier 2008 16:57

          Merci Manuel de votre intervention, je souhaiterais tout de même informer notre ami photographe que nous connaissons parfaitement la situation de l’archéologie autrefois dite de sauvetage et qualifiée aujourd’hui de préventive, ce qui est différent. La situation grecque m’est aussi parfaitement connue pour avoir de nombreux amis au sein des Ephorats ainsi que des collègues dans les écoles américaines et même françaises ! La Grèce, comme les autres pays européens, applique la convention de la Valette sur la préservation des sites archéologiques face aux aménagements. Un aménagement n’est pas forcément impactant sur un site archéologique, ce serait nier l’archéologie urbaine que de le dire...il n’y a pas obligatoirement un sous-sol allant jusqu’au socle rocheux dans tous les aménagements, je dirais même qu’une couche de bitume ou de béton préserve certains sites archéologiques des attaques des pilleurs (c’est un véritable fléau en Grèce comme ailleurs). Une fouille est destructrice et irrémédiable, c’est une évidence, c’est pourquoi nous nous devons de la documenter au mieux de nos possibilités pour les études actuelles et futures. La conservation des tessons non muséables est très importante pour la recherche scientifique, pour avoir travaillé sur des collections plus que centenaire, je vous assure que des études en collection peuvent livrer des données originales.

          Les musées ont obligatoirement un rôle de conservation, car il s’agit de l’objet de leur collection, ils doivent obligatoirement privilégier l’accès de leur collection aux différents chercheurs, parfois comme au MNHN, le musée a aussi une vocation scientifique car que serait une collection entomologique sans spécialiste capable de déterminer les insectes en collection ? tout comme une équipe de recherche en médecine sans patients dans des hopitaux ? Le CNRS possède assez peu de laboratoires propres, la recherche en France est menée le plus souvent dans des laboratoires mixtes (cnrs/université ou cnrs/autre établissement public

           


        • Philippakos Philippakos 25 janvier 2008 08:44

          L’auteur se doit de jouer un rôle d’arbitre dans un débat sur son article et Manuel Atréide a bien raison de le faire.Toutefois il est difficile de ne pas se sentir attaquer par des phrases comme "Voyons monsieur le photographe, comment pouvez-vous dire autant d’inepties ?", venant d’un archéologue amateur qui, de toute évidence, connaît mal les problèmes de l’archéologie grecque (le mot éphorat, par exemple, a disparu des dictionnaire et on parle en français d’"éphorie" qui est la francisation du mot grec "ephoreia" surveillance, inspection) et qui maintenant emploie le pluriel pour dire "nous connaissons parfaitement la situation de l’archéologie autrefois dite de sauvetage et qualifiée aujourd’hui de préventive" ce qui est peut-être le cas en France, et encore, mais pas au-delà. 

          Les débats d’Agoravox sont souvent constructifs, il est parfois dommage que certains intervenants assènent des jugements à l’emporte-pièce d’un air agressif sans trop connaître le sujet dont ils parlent.

          Cela dit les tessons n’ont pas de valeur marchande en effet, ou si peu, mais certaines réalités sont toutefois incontournables. Bien que ce soit répréhensible, presque tous les plongeurs en Méditerranée possèdent une ou plusieurs amphores chez eux qui, quand elles sont complètes, possèdent, elles, une valeur marchande mais qui archéologiquement n’en ont pas tellement du fait de leur nombre impressionnant dans les épaves des navires coulés. Ceci pour dire que tout n’est pas forcément source d’information essentielle dans une trouvaille archéologique. Un tesson de céramique commune extrait de son contexte n’a pratiquement plus de valeur informative. On s’éloigne du sujet de l’article, certes. Je voulais simplement mettre le doigt sur les travers du "tout conserver" et dire, en connaissance de cause, qu’on ne peut pas tout conserver d’une civilisation du passé, même le plus prestigieux. C’est une évidence pour l’archéologie, il est surprenant que l’on puisse encore soutenir le contraire, car en suivant ce contraire les villes d’Athènes, d’Argos, de Thasos, de Sparte (etc) modernes n’auraient jamais vu le jour.


        • patrice69 patrice69 23 janvier 2008 13:56

          C’est l’article le plus interessant de la semaine. Bravo. Et merci de vous remuer autant pour écrire des articles de cette qualité. Chapeau !



            • Traroth Traroth 23 janvier 2008 15:43

              Personnellement, je doute de la probité des intentions de Sarkozy. La question de la suppression de la publicité sur les médias de service public est analogue. Tout est toujours dans l’intention (et donc dans la manière de faire la réforme), finalement.


              • Gilles Gilles 23 janvier 2008 15:53

                Voyons Traroth, un grand collectionneurs de Rolex à plus de 10,000€ et de gourmettes en or ne peut pas être insensible à une cause nationale telle que les musées.


              • patrice69 patrice69 23 janvier 2008 17:20

                L’article ne parle pas de sarko...

                L’avez-vous seulement lu ?


              • roOl roOl 24 janvier 2008 12:13

                "Bigre, j espere pour eux que Sarkozy ne les trainera pas devant les tribunaux"

                hum...

                http://www.infos-du-net.com/actualite/12725-sarkozy-mail-tribunal.html

                voila pour l’inquisition de la pensée unique, il faut rendre a Sarko...


              • Gilles Gilles 23 janvier 2008 15:51

                "Comment vouloir développer le mécénat si les oeuvres acquises par ce biais peuvent ensuite être vendues  ?"

                Effectivement, chaque année des collectionneurs donnent, ou lèguent à leur mort, une ou toutes leurs oeuvres à des musées avec la condition qu’elles soient mises à disposition du public

                Si le mécène pense que le musée à qui il fait un don, peut vendre ses oeuvres au plus offrant, quel intérêt de les donner plutôt que de les léguer à d’autres personnes ou de les vendre ? Même si ces oeuvres sont de prime abord classées comme inaliénables mais qu’une commission peut les déclasser en fonction des besoins financiers, comme par exemple trouver des fonds pour réparer le toit (faute de dépenses publiques), payer un système de sécurité ou augmenter les salaires et notes de frais des cadres du musée, pourquoi prendrait-il le risque de voir son geste désintéressé détourné ?

                Ensuite, selon quels critères seraient classées les oeuvres ? Critères financiers tels que la valeur sur le marché de l’art (hélas royaume de la spéculation pour amateurs de dollars) ? Simple intérêt historique ? Intérêt ar Autres..... ?


                • brieli67 23 janvier 2008 16:29

                  Le nombre d’objets qui pourrissent dans les réserves de nos grands Musées du monde. Un ami de la fac de physique bosse dans le Trou des Halles et passe les collections sous les diverses techniques.

                  Que de butins de guerre emballés sous du papier Krafft du bois des toiles des pierres qui pourrissent dans cavernes dans le Morvan..... l’épisode le plus affreux Musée du quai Branly .Le musée réunit les anciennes collections d’ethnologie du musée de l’Homme (abrité par le Palais de Chaillot) et celles du musée national des arts d’Afrique et d’Océanie (installé à la Porte Dorée). Environ 300 000 objets ont ainsi été transférés du musée de l’Homme ; 3500 sont exposés sur le plateau des collections permanentes.

                  Tout ce qui a été balancé dans les poubelles et qui a ressurgi dans la brocante.

                  Il est temps de rendre aux états aux provinces les butins de guerre. La Joconde est italienne ! La Victoire de Samothrace et la Vénus sont grecques. Le phallus de la place de la Concorde égyptien.

                   

                   

                   


                • Manuel Atreide Manuel Atreide 23 janvier 2008 17:05

                  @ Brieli ...

                  Juste pour ta gouverne :

                  - La joconde a été peinte par un peintre italien qui, chassé de chez lui, a trouvé refuge auprès du roi de France. Il a emmené ce tableau, son tableau, en France et en a fait don à sa mort. La joconde est itialienne certes. Le modèle. Pas la toile.

                  - La Venus de Milo et la Victoire de Samothrace sont grecques. Indéniablement. L’une des deux iles concernées, Milos ou Samothrace a statué sur le fait de laisser la statue emblematique au Louvre ou demander son rapatriement. A une immense majorité, les habitants ont considéré qu’elle était leur meilleure ambassadrice au monde, de par son exposition au Louvre. Au demeurant, nous n’avons pas de contentieux majeur avec la Grèce concernant la restitution d’oeuvres d’arts. Vous confondez notre pays avec le Royaume Uni, je suppose ...

                  - L’obélisque de la place de la concorde est un don, oui, un cadeau du maitre du caire à notre bon roi Louis Philippe, si je me souviens bien. Un don. Depuis quand est-ce poli de renvoyer les cadeaux à leur envoyeur ?

                  Votre point de vue est respectable. Et peut être défendable. Si il est illustré par des propos véridiques. Pas par un tissu d’aneries. Je le dis de manière un peu abrupte, mais somme toute, c’est la vérité.

                  Cordialement quand même

                  Manuel Atreide


                • patrice69 patrice69 23 janvier 2008 17:27

                  "La Joconde est italienne ! La Victoire de Samothrace et la Vénus sont grecques. Le phallus de la place de la Concorde égyptien."

                  J’ajouterais ceci.

                  Il y a infiniment plus de touristes en France, au RU, ou aux USA qu’en Grèce, ou en Egypte.

                  D’une part cela représenterait une perte de revenus considérables, mais aussi une perte immense pour les touristes qui veulent se cultiver.

                  Quant un visiteur admire un sarcophage egyptien au musée du Louvre, pensez-vous qu’il ignore que c’est une oeuvre egyptienne...

                  Tant qu’on y est, il faudrait interdire la lecture de Dostoevski en dehors de la Russie, et arrêtez de regarder les chefs d’oeuvre de Kurosawa...

                  Et pour enfoncer encore le clou, chaque année, la France est pillée par le monde entier, et exporte ses chateau pierre par pierre. On fait quoi, on demande le retour ?


                • brieli67 23 janvier 2008 19:06

                  et si on causait Cousteau

                  Y a pas que les amours entre la raie et le requin marteau qui l’intéressait http://fr.wikipedia.org/wiki/Arch%C3%A9ologie_sous-marine

                  http://portal.unesco.org/culture/en/ev.php-URL_ID=2635&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html


                • Poldof 24 janvier 2008 14:30

                  @ Manuel Atreide et aux autres

                  Juste pour la culture collective la Joconde n’est pas une toile mais une peinture sur bois


                • Rage Rage 23 janvier 2008 15:56

                  Bonjour,

                  Comment sélectionner le médiocre du chef d’oeuvre ?

                  Une belle question que tous les conservateurs de musée ont du se poser.

                  Accumuler des oeuvres n’est pas une solution, mais vendre son patrimoine revient à vendre son identité. Plutôt que de nous sortir cette phrase d’identité sur la suppression des départements (je le répète c’est vital) on ferait mieux d’utiliser cet argument sur le patrimoine hyper-dense dont dispose le pays.

                  La question ce n’est pas que ces oeuvres coûtent, mais qu’on n’arrive pas à en tirer suffisamment parti. Il faut donc inventer de nouvelles méthodes pour que les oeuvres génèrent elles mêmes les recettes suffisant à leur exposition entretien.

                  Après, tout est question de mesure : soit on dilapide son patrimoine, soit on vend avec parcimonie ce qui demeure de l’oeuvre de "bon niveau" mais pas du génie.


                  • patrice69 patrice69 23 janvier 2008 17:29

                    Effectivement... quitte hélas à se tromper. Quant on pense à tous ces peintres qu’on a jeté à la rue, et dont les oeuvres sont presque exclusivement aux USA... (bouguereau, Gérome... etc)


                  • brieli67 23 janvier 2008 19:26

                    ah oui la blouse bleue........ Il parait qu il se porte a merveille sur un autre site.

                    Demande donc le faux-vrai Capitaine......


                  • La Taverne des Poètes 23 janvier 2008 16:22

                    A lire aussi cet article de Telerama qui montre bien la destruction de la culture en France :

                    Y a-t-il encore un ministre à la Culture ?

                    "Christine Albanel humiliée, une politique "notée" par un cabinet privé, un projet de réorganisation calqué sur le modèle de l’entreprise... La Rue de Valois survivra-t-elle au culte de la performance ? (...)"
                     http://www.telerama.fr/monde/24689-il_encore_un_ministre_la_culture.php

                     


                    • Marsupilami Marsupilami 23 janvier 2008 17:36

                      @ Manuel

                      Excellent article. Emanant du sulfureux Jean-François Mancel (pas vraiment un homme désintéressé), une telle proposition de loi peut faire froid dans le dos. On se demande immédiatement pour qui il roule et combien ça va lui rapporter.


                      • Manuel Atreide Manuel Atreide 23 janvier 2008 17:48

                        Salut Marsu.

                        Oui, je connais le passé politique de M. Mancel ; ses frasques brunes comme ses démélés avec la justice. Je n’ai pas voulu l’interroger là dessus, j’aurais été totalement hors sujet. Pour autant, je suis conscient que le personnage n’est pas un député comme les autres.

                        Il se trouve aussi qu’il siège au conseil d’administration du centre Beaubourg. L’art n’est donc pas absent de sa vie, et il est aussi visiblement un amateur éclairé. Ceci explique aussi sans doute son intérêt pour le sujet.

                        Manuel Atréide


                      • Marsupilami Marsupilami 23 janvier 2008 19:22

                        @ Manuel

                        Cette proposition de loi fait quand même très plaisir aux marchands d’art. Voir cet article dans Ouest-France. Voir aussi cet autre article sur le même sujet. Et le pognon, ça, il l’aime, Mancel. Autant que l’art ?



                      • Jarry 23 janvier 2008 18:55

                        Merci M. Atreide pour cet excellent exposé sur ce sujet si douloureux pour les amoureux du patrimoine. Je souhaiterais aussi vous informer que le modèle visé, celui de nombreuses institutions muséales nord-américaines, fait la part belle aux marchands d’art. Nous avons bien vu récemment que de nombreux musées achètent le fruit de pillages archéologiques, ils favorisent ainsi la destruction de notre propre patrimoine culturel. Le récent retour en Italie d’oeuvres majeures d’origine douteuses issues du J. Paul Getty Museum, du Metropolitan Museum of Art in New York, du Museum of Fine Arts in Boston, et du Princeton University Art Museums, etc... a fait l’objet d’une grande médiatisation, une grande exposition est organisée en ce moment à Rome sur ce sujet ( www.beniculturali.it/sala/dettaglio-comunicato.asp ). Nous craignons donc que les musées français agissent de la même manière, en achetant certaines oeuvres illicites et ce au dépend de leurs propres collections.

                        Quand allons nous appliquer UNIDROIT ( www.unidroit.org/french/accueil.htm ), qui régit tout cela ? La France a signé en 1995 ce traité mais il n’est toujours pas transcrit dans les textes français, uniquement parce que Chirac était trop proche des marchands d’art (justifier le pedigree réel des objets sous peine de restitution aux pays d’oigine, voilà l’enjeu de ce texte !)

                        bien cordialement


                        • brieli67 23 janvier 2008 19:14

                          ça a germé dans les bonnes têtes

                          la France va vendre clé en main la Sorbonne.......le Louvre ...... la Joconde

                          http://www.fabula.org/actualites/article20920.php


                        • Stoïque 23 janvier 2008 19:23

                          Il est certain que tout ne peut entrer dans un musée et que même dans un cadre familial on ne pourra tout garder des aieux, mais dans cette histoire de remise en cause de l’Inaliénabilité, c’est le mercantilisme qui se cherche des nouveaux créneaux....

                          Quand je visite un musée ou un site, je me demande parfois quelle est la proportion d’objets du lieu accessibles au grand public, donc nous, et celle qui est planquée dans des musées privés ou des coffres particuliers....

                          Nul doute qu’en cas de vente possible par des musées, on assistera à de nombreux coups foireux et à la disparition de belles pièces bradées...


                          • Kookaburra Kookaburra 23 janvier 2008 20:37

                            Si les grandes expositions attirent des foules tellement importantes qu’il faut réserver pour y aller (phénomène assez récent attribuable à la publicité par les médias) les expositions permanentes dans les musées ne sont jamais surpeuplées. On est souvent seul dans une salle. Il y a dans les réserves de ces musées de France des dizaines de milliers d’œuvres qui ne sont jamais exposés. Combien d’œuvres de Gérôme et de Gleyre se trouvent dans les réserves du Louvre ? Certainement plusieurs centaines, dont la majeur partie ne sera jamais exposée, même dans une des très rares expositions consacrées aux pompiers. Serait-il une perte du patrimoine d’en vendre la moitié ? Il n’est pas vrai que personne n’est capable de juger d’un œuvre d’art. A commencer par les artistes eux-mêmes qui savent très bien lesquels de leurs œuvres sont les mieux réussis. L’opposition à une proposition d’alléger les réserves ne serait-elle purement politique ?


                            • Asp Explorer Asp Explorer 23 janvier 2008 23:33

                              les expositions permanentes dans les musées ne sont jamais surpeuplées

                              Je suppose que ça dépend des musées. Ça fait des mois que j’essaie d’entrer au quai Branly, la queue est en permanence décourageante.

                              Combien d’œuvres de Gérôme et de Gleyre se trouvent dans les réserves du Louvre ? Certainement plusieurs centaines, dont la majeur partie ne sera jamais exposée, même dans une des très rares expositions consacrées aux pompiers.

                              Vous exagérez, il y a en permanence des douzaines d’extincteurs exposés au Louvre !


                            • patrice69 patrice69 23 janvier 2008 23:50

                              en ce qui concerne Gérome par exempel, tout ou presque est aux USA. Pratiquement plus rien en France...

                              Idem pour bouguereau.


                            • Asp Explorer Asp Explorer 24 janvier 2008 07:44

                              Oui, mais ça c’est parce que vous contrevenez à la loi, article 417 du code civil, qui vous fait obligation de vous extasier devant le moindre gribouillage de n’importe quel prétendu impressionniste, et à considérer comme de la merde toute représentation réaliste produite depuis la deuxième moitié du XIXe siècle. Je dois du reste vous prévenir que je viens de vous dénoncer au Ministère de la Kulture et que la Police du Bon Goût ne va pas tarder à débarquer chez vous pour vous.


                            • patrice69 patrice69 24 janvier 2008 09:50

                              Oh, vous exagérez. Le purgatoire de ces messieurs prends fin.

                              Encore 20 ans et ce sera terminé.


                            • patrice69 patrice69 24 janvier 2008 10:26

                              Par ailleurs,

                              Voici l’article 417 du code civil :

                              "Le Trésor public est responsable pour les dommages résultant des actes d’un fonctionnaire de l’État "

                               smiley

                              On peut rigoler ? Non ?

                               


                            • pipoulechien 23 janvier 2008 20:51

                              Cet article confirme mes pensées actuelles quant à Agoravox. Articles + commentaires + les petits trucs qui font que tout ceci est très lisible : l’avenir de la presse , heu non, de l’information telle qu’on peut la rêver.

                              C’est terrible à dire mais réjouissant. Une bonne nouvelle, c’est toujours réjouissant.


                              • parousnik 24 janvier 2008 10:47

                                 Après avoir offert aux actionnaires (bardé) l’industrie nous en voilà à dilapider les trésors nationaux... pour remplir les paniers percées... d’un Etat privatisé. Bientôt désabolition de l’esclavage et retour à la féodalité pardon à la néo-féodalité avec élection pipée (comme aujourd’hui)d’un monarque a qui il ne manque plus que le droit de cuissage... 


                                • Bof 24 janvier 2008 11:36

                                  Dans un pays ruiné qui s’est laissé dérober ses industries nationalisées comme dans un " ménage" où l’un des conjoints a déconné , il faut continuer à vivre. Le pays France est en route pour sa disparition pure et simple et j’en suis plus que très désolé, mais la Vie continue . De gré, il semble impossible de remettre au travail les individus qui sont restés ... or, tout fonctionne au mérite dans ce monde ....alors comment "aliéner" un bien dans un pays inexistant ? il faut au moins être un technocrate doux rèveur pour en sortir une pareille....la remise au travail sera plus douloureuse mais aucun peuple n’a encore vécu sans travailler ,en volant les peuples voisins , mais toujours peu de temps nous indique l’histoire.


                                  • karquen karquen 24 janvier 2008 11:55

                                    Il faux brûler toutes ces vielleries, la Joconde avec. Au pilon les statues qui prennent de la place ! Il faux rendre les bout de cailloux à l’Egypte. Aller hop ! Poubelle ! Il faux faire de la place dans ces musés, les réhabiliter en zone d’acceuil pour les familles à la rue, les SDF.

                                    Allez hop ! débarasser tous Ces locaux chauffés pour rien ! A la benne toutes ces vielles crôutes de Delacroix à Picasso (Picasso ! de qui se moque -ton ! un gamin abruti dessine mieux !)...

                                    Ca sert à quoi un musé au fait ? ha oui la culture...

                                    Vous pensez vraiment qu’une foule qui crève la faim peu s’extasier devant un tableau ou une sculture ?

                                    Moi pas. Et le jour approche, doucement mais surement, pour l’insurection générale. Ca va trop loin, on prend vraiment les gens pour des C..

                                     


                                    • Sz 24 janvier 2008 14:41

                                       

                                      @ Jean-Paul Doguet

                                       

                                      >>>"En matière d’art il me paraît évident qu’on peut au contraire tout conserver et qu’on le doit. Cela ne pose absolument aucun problème insoluble. "

                                       

                                      Tout jusqu’à quel niveau ?? Vous tenez absolument à ce que toutes les .... tentatives artistiques présentées chaque année à la FIAC soit conservées ad vitam eternam ?

                                      Parce que dans cette optique, il va falloir doubler l’espace de stockage de Beaubourg chaque année, et à ce tarif là, vous allez vite comprendre en quoi cela pose un problème insoluble. Qui plus est, au delà de la donnée physique du stockage ce pose la question du coût de l’entretien d’une telle collection ou on garderait "tout" parce que "c’est de l’art’.

                                       

                                      >>>"Je suis aussi en désaccord avec votre intitulé lorsque vous dîtes que la "mode de la conservation est assez récente pour les sociétés". Avoir un musée c’est de toute façon conserver. Les collections aristocratiques et monarchiques des XVI-XVII-XVII et même dans l’Antiquité conservaient, mais elles conservaient de façon patrimoniale pour un nombre limité d’héritiers et de visiteurs privilégiés. Ce qui est RECENT c’est-à-dire remonte en réalité à la Révolution Française, c’est de conserver par et pour la nation. je trouve curieux d’y voir une mode, un phénomène passager, ce qui n’est certes pas le cas."

                                       

                                       

                                      Première remarque, les biens qui furent pris (que ce soit aux nobles pendant la révolution, ou à l’Égypte, l’Italie etc... par Napoléon, ou par d’autre biais ce n’est pas le débat du moment) n’étaient pas n’importe quelles oeuvres. Si Napoléon a pris le Lacoon à Rome, et que les Italiens l’on reprit à la chute de l’Empire, c’est précisément parce que c’était un trésor. Napoléon n’a pas pris toutes les peintures et les sculptures d’Italie, ne serait-ce que pour des questions logistiques, quand on voit le stock incroyable d’art que possèdent les Italiens. Napoléon a pris (enfin ses conseillers en la matière plutôt) les oeuvres qui semblaient intéressantes. Donc des oeuvres comme le Laoccon, mais auss, et à la différence de ce groupe sculpté, des toiles comme Les Noces de Cana de Véronèse, tableau de grand format mais de peu d’intérêt pour le patrimoine Italien qui fut emporté par les troupes impériales, mais laissé quand les Italiens vinrent récupérer leurs biens à la chute de l’Empire, car eux aussi, faisaient le tri. C’est d’ailleurs amusant de voir que par l’effet de sa surexposition au Louvre, ce tableau est devenu une des références du musée. Telle est la vie d’une oeuvre d’art.

                                      On pourra donc souligner que la distinction entre "trésor" et "oeuvre simple" est intrinsèque à la question du choix qui se pose quand on constitue une collection, et l’idée corrélative au principe récent d’inaliénabilité selon laquelle il faut absolument tout garder car "tout" est du patrimoine est aussi récente qu’étonnante. Le jour à la France frappera d’inaliénabilité toute les petites cuillères en argent du pays, toutes les soupières en porcelaine de Limoge de nos grands mères, tous les couchers de soleil au bord de la mer peint à la gouache, on sera bien avancé. Conserver pour la Nation est une idée très révolution 1789 vous avez raison, mais tout conserver pour la Nation, ça s’est plutôt une idée de 1970/80.

                                       Deuxième remarque, de quelle collection monarchique parlez vous ? Parce qu’en général, s’il y a effectivement une passation de patrimoine, elle n’est jamais totale, et la nouvelle génération ne garde que ce qui a de la valeur a) économique b) affective. J’aimerais donc savoir quelle noble famille aristocratique de XV XVI XVII etc.. aurait eu pour dessein testimoniale de "tout" garder, et surtout, de ne rien vendre ? Car en règle générale, les familles auxquelles vous faites allusion sont très présentes sur la scène du commerce de l’art, et leur politique culturelle, fut elle d’intérêt privé, tient plus de l’approche dont il est question dans l’article, que de la votre.


                                      • Sz 24 janvier 2008 14:51

                                        @ Briel

                                        >>>"Il est temps de rendre aux états aux provinces les butins de guerre. La Joconde est italienne ! La Victoire de Samothrace et la Vénus sont grecques. Le phallus de la place de la Concorde égyptien."

                                         

                                        C’est ça, et de réclamer à la Russie toute les toiles françaises que les troupes de l’armée rouge ont glané dans les stocks volés par les Nazis, aux Américains toutes les toiles impressionnistes, et aux Japonais tous les petits bout de chateaux de la Loire qu’ils nous ont piqué.

                                        Ainsi, nous vivrons dans un monde où il n’y aura que de l’art français en France, de l’art italien en Italie, de l’art égyptien en Egypte, de l’art russe en Russie, et de l’art japonais au Japon, ce sera merveilleusement enrichissant pour tout le monde, et les vaches seront bien gardées.

                                        Au passage, on notera que le retour des oeuvres ramenées par Napoléon en Italie a déjà été plusieurs fois refusé par nombre d’historien d’art italiens, ils ont déjà bien assez à faire avec leur stock.

                                         


                                      • tvargentine.com lerma 26 janvier 2008 14:25

                                        Il est plus que temps de mettre en place les outils d’entreprises dans les administrations culturelles afin de permettre d’utiliser cette valeur ajouté que constitue la Culture Française et de faire une sorte de franchise du "Musée du Louvre" à travers le Monde et de faire un mouvement des objets à travers ce réseaux franchisé

                                        Voila un marché en or ,peut etre le seul avec le nucléaire qui reste exportable,puisque nous n’avons plus d’industrie d’exportation et que les emplois de services en France sont des emplois de pauvres

                                         

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