Je suis effaré par l’amalgame commis par ces lecteurs du Figaro entre EN et professeurs. D’accord, le niveau global des élèves s’est probablement affaibli, mais cela est observé partout en France. On ne peut donc pas l’imputer aux enseignants (ou alors c’est qu’il existe un centre d’endoctrinement que le gouvernement nous cache !). Regardons plutôt du côté des méthodes d’enseignement, et exceptionnellement je vais fournir de l’eau au moulin de Krokodilo en pointant la diminution du nombre d’heures consacrées au français (ce qui ne relève pas d’une conspiration, mais d’une impression de bien faire de la part des instances supérieures). Dans la même veine, cette fameuse "méthode globale", dont je suis bien d’accord pour la toiser avec un rictus narquois.
Qui en décide ? L’EN. Que font les profs ? Envoient-ils des missives à l’EN pour réclamer ces réformes ?
Parmi les profs que j’ai connus, l’écrasante majorité s’impliquait avec passion dans sa mission d’enseignement et de stimulation de l’ouverture d’esprit. Avec les outils qu’on lui fournissait, qu’elle n’avait pas choisis ! D’ailleurs quand il fallait déroger à la règle du ministère, ces enseignants savaient le faire. Je n’ai jamais eu l’impression d’étudier dans un laboratoire gauchiste d’endoctrinement. Bien entendu, je ne peux parler que de la voie scientifique, et je ne peux le faire à propos de la fac, que je n’ai pas fréquentée, mais cette idée d’une Ecole "tombée aux mains des hordes rouges syndiquées visant l’abrutissement des masses" me fait bien rire.
Pour finir, parlons de responsabilité : ces intervenants du Figaro sont vraisemblablement parents, et accusent les profs de l’abêtissement de leurs enfants. Ne sommes-nous pas face à un cas flagrant de démission parentale, où ces gens refusent de prendre leurs responsabilité, déléguant toute la transmission du savoir à l’école, et refusant de s’y joindre lorsqu’ils estiment cette tâche bâclée ? Dans cette optique, on conçoit aisément que cette "école parentale" leur serve de paravent.