Il y a une dizaine années, j’empruntais souvent des livres à la bibliothèque du Club Alpin. Je m’absorbais complètement dans des histoires d’aventures vécues et spécialement celles se déroulant en montagne.
C’est ainsi que j’ai découvert Jon Krakauer, un écrivain américain mais aussi un alpiniste expérimenté. Il doit sa notoriété à son livre "Tragédie à l’Everest" (Into Thin Air), qui relate les événements tragiques qui se sont produits lors de son ascension de l’Everest en mai 1996. Cette expédition s’est terminé par la mort de dix de ses participants. Jon Krakauer en revint atteint du "syndrome du survivant", cet étonnant sentiment de culpabilité qui frappe les rescapés.
Appréciant le style d’écriture et la démarche journalistique de l’auteur, j’ai ensuite lu son deuxième livre "Voyage au bout de la solitude " (Into the Wild). Un fait divers, une histoire vraie sur le destin de Christopher McCandless, un jeune homme mort de faim en Alaska. Mais pour Jon Krakauer, le personnage de Chris McAandless avait une résonance bien personnelle. J’en ai un conservé un souvenir fort. On peut trouver une bonne critique du livre sur Lire.fr
Le film réalisé par Sean Penn - 10 ans après la publication du livre - est assez fidèle au récit de Jon Krakauer.
On peut n’y voir qu’une perte de temps, un non-sens, un nihilisme sans concessions, un caprice d’enfant gâté bourgeois qui boude le confort qui l’a nourri, pour se doper d’idéaux post-soixante-huitards. Mais "Into the Wild" touche aussi aux deux sources du mal-être contemporain, le matérialisme et l’ennui, avec un style libre et épuré. Alors malgré l’absurdité de la tragédie vécue par son héros, malgré la mélancolie qui imprègne la pellicule tout au long du film, il reste à la fin du voyage, une puissante sensation de calme et de contemplation. Un moment rare offert par un Sean Penn, au sommet de son art.
J’ai vu le film et je rejoins la critique de evene.fr :
"Il est des films qui dès le départ ont pour vocation de frapper l’esprit. ‘Into the Wild’ ne manque pas sa cible. Il imprime même durablement la magnificence de ses paysages et ses valeurs authentiques au creux de la mémoire, et dans les recoins du coeur. Difficile d’échapper à l’émotion, elle est dans chaque séquence, dans chaque rencontre - surtout celle de soi-même -, qui ponctuent le nouveau film de Sean Penn. Mais il ne faut pas confondre émotion et sensiblerie. Si certaines étapes du parcours intérieur de Christopher McCandless peuvent paraître caricaturales, elles ne sont finalement que le reflet d’un idéalisme naïf, mais indéniablement authentique et sincère. Emile Hirsh interprète avec tout ce qu’il faut de courage et d’exaltation ce personnage sensible et habité, que sa quête d’absolu mènera à travers tous les Etats-Unis vers les paysages préservés d’Alaska. Au hasard de rencontres, d’amitiés fortes mais forcément passagères, son parcours est une invitation au voyage, à la découverte d’un pays que l’on imagine plus volontiers urbanisé que sauvage. La photo du Français Eric Gautier se charge admirablement de rétablir la vérité et de souligner l’étendue des richesses naturelles de la superpuissance américaine.
‘Into the Wild’ se lit plus qu’il ne se voit. Son découpage en chapitres en accentue la linéarité et le prosaïsme. Comment, alors, ne pas sentir s’animer les influences littéraires qui ont guidé un gosse à l’avenir plein de promesses vers le dénuement et la liberté ? Comment ne pas y voir aussi le souvenir de ces vagabonds volontaires devenus légendaires : London, Kerouac, et tant d’autres ? Rarement le cinéma aura rendu plus bel hommage à la littérature des grands espaces. A la fois fable écologique, plaidoyer anti-capitaliste et portrait ému d’un gosse plein de rêves, ‘Into the Wild’ est une bouffée d’oxygène, un souffle d’air pur qui vous soulève et vous emporte loin des carcans de la vie ordinaire. Un très grand film."
28/01 11:52 - Vincent Delaury
C’est bon ! AgoraVox a remis mon " ballade sauvage ", j’y tenais, tant (...)
25/01 21:58 - Vincent Delaury
Je comprends tout à fait - et je respecte bien sûr - l’émotion suscitée par un tel (...)
25/01 21:42 - koanzench
Il y a une dizaine années, j’empruntais souvent des livres à la bibliothèque du Club (...)
25/01 20:35 - Vincent Delaury
Brancojuan : " je pense que vous n’avez pas compris le film ou que vous vous êtes (...)
25/01 14:22 - brancojuan
je pense que vous n’avez pas compris le film ou que vous vous êtes braqués sur une vision (...)
25/01 11:41 - Vincent Delaury
Merci à vous. Je précise que le " ça manque de balade sauvage... ", ce n’était (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération