Entièrement d’accord avec lelapin.
Tout le monde constate enfin le surendettement. Les créances apparaissent plus douteuses. Les prêteurs fuient le risque. Le marché du crédit se contracte. Chacun essaye de redevenir solvable. Certains n’y arriveront pas car ils se sont trop exposés et feront faillite. C’est un mécanisme classique de "credit crunch".
Par rapport à cela, en quoi consiste une réduction fiscale ?
Cela aidera certains surendettés à redevenir solvables. Seulement, 140 milliards pour 300 millions d’habitants, ça fait en moyenne 466$/cap. Comparé à un endettement moyen des ménages de 40 000$/cap, c’est une goutte d’eau. Ca ne réduira pas l’effet récessif de la contraction de crédit.
Admettons que cela tienne la tête hors de l’eau à quelques ménages. Pour une somme aussi faible, ils auraient déjà presque pu s’en sortir. Ils avaient donc tout intérêt à la forclosure. Cela ne protègera en fait que les banques, grâce à un transfert à l’état d’une créance douteuse privée. On appelle cela "nationaliser les pertes". Comme pour le plan Paulson, il apparait à nouveau que l’administration cherche avant tout à sauver les banques, en devenant structure de defeasance de junk bonds privés.
Mais quid des ménages qui ne sont pas surendettés ? Cela va-t-il augmenter la consommation ? Cela dépend de l’analyse que l’on fait de cette crise. A votre avis, qui est surendetté : les riches ou les pauvres ? Est-ce que les riches vont consommer plus avec 500$ de plus ? Ca ne vous rappelle pas le "choc de confiance" du "paquet fiscal" ?
Je répète mon opinion exprimée plus haut : cette crise de surendettement forme un tout avec la mondialisation. Celle-ci a augmenté les revenus du capital contre ceux du travail, fait exploser les inégalités, et la consommation n’a tenu que par l’endettement. Sans réduction des inégalités, il n’y aura plus jamais reprise de la demande. Or tous ces plans qui visent à sauver les banques, réendetter l’état et faire tomber le dollar, sont en fait de formidables accélérateurs d’inégalités.
Sauver les banques : c’est cette volonté qui rendra la crise plus grave. Pour l’atténuer, il faudrait diminuer réellement le surendettement, c’est à dire mettre en forclosure 4 à 10 millions de foyers. Ce serait bien sûr la faillite du système financier. Mais à la place on va avoir une agonie qui durera très très longtemps.