Aux créationnistes de tous bords qui éprouvent à tout prix le besoin d’imaginer un commencement et une fin à toute chose en ce compris, l’être, la substance au sens philosophique de ces termes, je poserai deux questions :
-Qui a créé le grand architecte auquel vous vous référez, que vous l’appeliez Dieu, Allah ou autre "Etre Suprême" ? Car votre besoin inextinguible de concevoir un premier moteur à toute chose ne fait que post poser la question du phénomène à l’origine de ce premier moteur.
-Les multiples tentatives d’explications proposées depuis l’origine des religions reposent sur le principe que l’immatériel ait pu engendrer du matériel, que du néant ait pu jaillir de l’être ; à l’initiative d’un principe immatériel donc encore une fois du néant ; donc du néant qu’on appellerait Dieu ou Allah aurait rempli d’être le néant. Absurde !
Dès lors, j’en reviens à la question majeure de la philosophie : Pourquoi y a-t’il de l’être plutôt que rien ?
On pourrait objecter : Pourquoi le rien serait-il plus aisément concevable que l’être ; et n’y aurait-il pas tout simplement une nécessité à ce que l’être soit ? De toute éternité et pour toute éternité. N’y aurait-il pas tout simplement une loi physique qui implique que l’être soit plein, du moins relativement à notre capacité de le percevoir, de le ressentir ?
Car on peut y associer une autre question, ontologique celle-là : De quoi est fait cet être qui nous constitue et dans lequel nous nous mouvons ?
A cette question, j’ai envie de répondre, comme Kant, que nous ne percevons que le "phénomène", ce que nos cinq sens nous permettent d’appréhender ; et que l’"être en soi", ce que Kant appelait le "noumène", qui se cache derrière l’apparence, nous sera à jamais inaccessible.
Si on suit cette logique, on peut très bien imaginer une réalité nouménale, dont nous faisons partie, infinie dans le temps et l’espace, donc incréée, et dont nous ne pouvons percevoir qu’un reflet accessible à nos sens.
Autrement dit : nous créons en permanence un produit sensoriel, "phénoménal" d’une réalité qui nous dépasse. Ladite réalité serait "par nécessité", cette nécessité qui exigerait que quelque chose soit plutôt que rien.