@ l’auteur
Votre conception de l’humanisme est un peu - excusez - naïve. Il faut voir au-delà des clichés que sont les nobles figures de la Renaissance dont certaines, comme Luther, contestaient le « monopole » du latin au profit des langues vernaculaires ; tandis que d’autres, comme Erasme, critiquaient le centralisme romain sans abjurer leur foi. Quant à Bruno, il est certes panthéiste, comme plus tard Spinoza, mais l’un et l’autre relèvent de l’exception. Contester l’Eglise est une tâche salutaire compatible avec une foi orthodoxe ; soit le point de vue de la plupart des « Humanistes » comme vous dites.
En réalité, l’humanisme c’est d’abord de le théâtre de la cruauté... un processus qui mène tout droit de la pensée contestataire, en passant par le pardonnable déicide bourgeois, jusqu’à la civilisation de l’Economisme impardonnablement homicide. De Voltaire à Hitler, il y a une ligne droite (je ne peux pas résumer cette genèse ici, il est vrai complexe, mais enfin, si l’on y rfléchit, on ne peut qu’admettre que tous les courants de pensée et doctrines économiques et politiques jusqu’à notre époque de fin des idéologies ne sont que les avatars successifs du messianisme chrétien). Notament le socialisme, promettant le salut monde par la crucifixion révolutionnaire du Peuple, et le nazisme même, promettant le salut par la race réconciliée à la Technique (la Shoah est un peu l’assomption de l’utilitarisme industriel - la peau des Juifs transformée en abat-jour, et leurs cheveux en oreillers...)
Or, je ne crois pas que Benoît XVI veuille désormais brûler les hérétiques, ni que les Juifs d’Amsterdam se proposent d’anathémiser Spinoza. Quant aux Musulmans, je doute résolument de l’existence d’une croisade internationale contre les Blancs Vertueux, et reste persuadé que le terrorisme qui terrifie nos maîtres, est un mythe de leur propre facture, selon le procédé orwélien de la Terreur organisée par le Pouvoir. Je crois même que la réalité micro-sociétale de l’islamisme des banlieies occidentales, ne fait qu’un avec le mythe macro-politique d’une croisade islmamiste... Lisez Webster Tarpley, la Terreur Fabriquée, Editions Demi-Lune, 2006.
Tout ça pour vous dire que je souscris à votre propos sur la louche tendance des Princes à vouloir remplir de nouveau les églises, synagogues, mosquées : remplir les temples, c’est dissuader de voir que les porte-monnaies sont vides et les libertés temporelles battues en brèche...
Mais votre conception de l’humanisme est sérieusement à revoir.
Cordialement