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Commentaire de Gazi BORAT

sur Les Bienveillantes


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Gazi BORAT 30 janvier 2008 06:59

@ armand

Il s’agit d’un sujet "sensible" et vous avez raison de le rappeler car peut-être cela influe-t-il trop sur nos attentes d’un ouvrage "définitif" qui répondrait à nos interrogations sur le fonctionnement d’un bourreau comme a pu le faire "Si c’est un homme" de Primo Levi sur le vécu des victimes..

Et même, pour le livre de Primo Levi, il est, à mon sens presque trop "parfait".

J’ai eu l’occasion de recueillir, par ma grand-mêre, des évocations du camp de Ravensbrück. Cela était très particulier car il était quasi impossible de la questionner directement par contre, hors de propos, elle pouvait se mettre à tout moment à raconter une anecdote - toujours terrible - comme une soupape de sécurité qui laisse échapper un filet de vapeur sous pression..

Et pourtant -elle est décédée maintenant - je trouve avec le recul ces anecdotes elles aussi trop parfaites, comme une reconstruction qui se serait effectuée lentement dans sa mémoire, restructurant une narration, lui donnant toujours une dimension morale..

Je pense aujourd’hui qu’affaiblie par la faim, le stress, les nécessités de la survie, elle ne pouvait in situ se placer en position de recul par rapport à ce qu’elle vivait et que cela affectait aussi ses capacités cognitives.. Ce n’est que plus tard qu’elle dut se mettre à une quête du sens de cette parenthèse dans sa vie..

Peut-être en était-il de même pour un fonctionnaire nazi, pris dans le chaos de la guerre, les nécessités du service, l’entrainement collectif qui devaient surement l’engager aussi dans une vision à court terme et l’impossibilté de s’extraire de "l’ici et maintenant".

Qu’il s’agisse de la fiction romanesque ou du témoignage, l’évocation réaliste de phénomènes aussi "extrèmes" relève de l’impossibilité...

gAZi bORAt


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