@ Céphale
La fonction publique a une mission définie par l’Etat (ou qui devrait l’être). La valeur d’un fonctionnaire est son aptitude à contribuer à l’accomplissement de cette mission. Aucun indicateur chiffré ne peut la mesurer. Seuls ses supérieurs hiérarchiques peuvent l’évaluer.
1 - Il n’y a pas que les fonctionnaires d’Etat, il y a aussi les territoriaux et les hospitaliers, et ça fait du monde.
2 - Mission définie ou qui devrait l’être : voilà bien un vrai problème ! Je connais quelques corps de fonctionnaires qui ont pour mission principale de servir des intérêts privés au travers du contrôle de normes techniques. Je pense par exemple aux gardiens des normes sanitaires qui n’ont de cesse de se renouveler pour le plus grand bénéfice des grandes entreprises de restauration collective, type Compass Group ou Sodexo. Oui, la définition de la mission est une question centrale quand on veut évaluer un service public. La légimité d’un emploi au service du public ne se définit pas par un statut mais par le service lui-même et le syndrome de la "paponade" n’est jamais très loin.
3 - On se demande bien en quoi les supérieurs hierarchiques sont plus qualifiés que les autres pour évaluer "la valeur d’un fonctionnaire". L’efficacité dépend toujours de la qualification et de la maîtrise du niveau opérationnel, du plus haut au plus bas niveau hiérarchique. Par exemple, l’entretien des locaux représente un coût important et un élément de qualité des services publics (on vient d’en parler ces jours-ci pour les sanitaires des écoles) : la hiérarchie est à peu près impuissante tant qu’elle ne reconnaît pas le métier des agents qui exécutent les tâches et qui doivent être capables de faire valoir leurs compétences au niveau des achats (y compris au moment de l’investissement, à la création de locaux), de l’organisation du travail et du contrôle de l’hygiène. Après ça, on peut éventuellement recourir à un technicien du contrôle de qualité, mais un fonctionnaire de catégorie A n’a pas plus d’aptitude à apprécier l’hygiène à l’école que n’importe quel parent d’élève.
Par pitié, arrêtez donc de dire, de croire et de faire croire que l’évaluation est une question individuelle. C’est archi-contreproductif. L’enjeu essentiel de l’évaluation n’est pas de juger pour séparer les bons et les mauvais, c’est de partager une mission collective. Je suis d’accord avec Sylvain Reboul qui rappelle qu’il y a des usagers. Dans une société démocratique, il ne suffit pas dire que les usagers, qu’ils soient parents, contribuables ou abonnés au gaz, sont des pauvres demeurés qui ne comprennent rien. Bien sûr, la démocratie donne le droit de vote aux imbéciles, c’est même à cela qu’on la reconnaît ! L’évaluation se distingue fondamentalement de la notation hiérarchique sur la différence suivante : elle est participative. La reconnaissance de la mission et la validité des critères font partie de l’exercice d’évaluation.
Je reviens un instant sur ma première remarque rappelant qu’il y a 3 fonctions publiques et pas seulement la fonction publique d’Etat. Une généralisation hâtive, un détail, une approximation sans malice... peut être, mais c’est là que l’enfer commence. Les fonctionnaires de l’Etat se prennent pour le centre de la fonction publique et l’Etat pour le centre du monde par la même occasion. Dans ma petite commune, j’ai vu la même chose : les nouveaux services (jeunesse et culture) faisaient un rapport annuel, les vieux services (administratif et technique) n’en faisaient pas et c’était normal... on ne voyait pas d’ailleurs l’intérêt de faire l’effort de mesurer quoi exactement dans ces services anciens dont la légitimité était certaine et sans discussion alors que les nouveaux... on s’en passait bien avant !
Non, non, il faut re-descendre sur terre et se rappeler qu’il n’y a pas de mission publique justifiable sans compte-rendu, pas plus qu’il n’y a de service public sans mandants. Réduire la question de l’évaluation dans le service public au mérite et à son objectivation consiste à la détruire, alors qu’il faut rendre compte et faire partager les choix subjectifs pour que le décideur puisse arbitrer. C’est ça la démocratie, reconnaître la subjectivité pour que les citoyens décident. Dans ce pays, on fait de grands discours sur la République mais dès qu’on gratte un peu on retrouve le consulat de Napoléon. Les supérieurs hiérarchiques ont toujours été plus soucieux de confirmer leur supériorité que de favoriser une évaluation par nature participative et démocratique.
A bas le conservatisme rétrograde de ceux qui ne veulent surtout rien comprendre à l’évaluation !
03/02 21:47 - moebius
Quant à l’évaluation des usagers sur leur service...... Ma bonne dame ! c’est trés (...)
02/02 22:57 - Sil
APHREURISME DÉVALUANT Est-ce bien étonnant, avec un Président qui se dévalue Jour (...)
02/02 10:20 - Céphale
@Céline Ertalif Certaines de vos idées sont intéressantes mais vous mélangez (...)
02/02 00:46 - Céline Ertalif
@ Céphale La fonction publique a une mission définie par l’Etat (ou qui devrait (...)
01/02 21:14 - Bernard Dugué
Céphale, comme tu t’en doutes, je penche plutôt de ton côté, non sans reconnaître la (...)
01/02 21:04 - Céphale
@Sylvain Reboul Votre idée d’un observatoire des usagers est inapplicable à (...)
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