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Commentaire de ernst

sur Education, ce que serait une vraie réforme


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ernst 2 février 2008 02:58

D’accord avec Dogen, ne comptez pas sur les enfants pour se contenter des joies de la connaissance. C’est parfaitement utopiste et malsain. La récompense, quelle qu’elle soit, doit venir de haut, engendrer deux choses : le respect de la hiérarchie et l’indispensable compétition entre les élèves.

Je reste persuadé que le travail d’effort se fait en classe maternelle.Pendant trois ans les futurs élèves ont tripoté des pâtes à modeler et griffoné de hideux et charmants dessins pour papa-maman. Le pli est pris, ils n’en feront jamais qu’à leur tête.Je me souviens parfaitement qu’à trois ans, je lisais. Appris l’alphabet avec des cubes représentant les lettres, agrémentés d’une représentation d’un animal ou d’un objet. Nous avions des bons points dorés et des mises au coin archaïques mais efficaces. Tables de multiplications chantées tous les matins, également efficaces.Et les divines récitations d’’Émile Verhaeren, certes un peu cucul mais que nous trouvions très belles et que nous apprenions par coeur. Deux par mois. Plus de cinq fautes éliminatoires à la dictée d’examen d’entrée en sixième, année du latin.

J’ose à peine dire que le latin me paraît indispensable à la bonne compréhension du français. Sans cette compréhension, sans un vocabulaire large et précis, une langue étrangère ou un problème mathématique deviennent un art divinatoire qui n’a pas lieu d’être.Larges extraits de Cicéron ou Virgile à apprendre par coeur. Deux par mois, qui exercent férocement la mémoire, mémoire indispensable à la liberté de penser.

Votre désir de bien faire vous a donc poussé à vous faire noter par vos élèves ?... Voilà une idée qui ne me viendrait pas avec mes propres enfants. Non que j’aie toujours raison, mais mon intransigeance à leur faire croire que c’est le cas les pousse à trouver les arguments pour me prouver que j’ai tort. Ce que j’admets volontiers lorsque leurs démonstrations sont convaincantes, clairement exposées. Cette victoire sur moi est leur plus belle récompense, encore faut-il la mériter.

Classe de troisième consacrée à la littérature du Moyen-Âge en vieux français.Qui me fut demandé au bac. Auteur, oeuvre dont était tiré l’extrait de vingt cinq lignes, explication de texte à vue, remise en perspective de l’époque sur le plan historique.

Je me souviens parfaitement qu’en seconde C, latin-Science, nous étions trente six dans la classe, sept heures de cours par jour, huit heures deux fois par semaine, quatre heures le samedi matin. Versions latines de quinze lignes (avec analyse grammaticale écrite sur le mot à mot ) et texte en français fluide et littéraire pour finir, composition française une par semaine, plus le devoir de maths d’une dizaine d’exercices.L’habitude de travailler utile, d’écrire proprement et vite étaient indispensables pour un travail rendu à temps.Silence total en classe, bras croisés.

Je me souviens aussi que ce fut la plus belle période de ma vie, car , bien préparés au travail, à l’effort, sûrs de nous comme de jeunes cons, nous étions sans crainte face à l’avenir, avides d’en découdre avec la vie.« réelle ».

Effectivement, nous avons été une génération bénie, tous mes camarades ont fait de brillantes carrières. Notre établissement n’était pas mixte. ce qui favorise le rêve d’amour, autre puissant moteur.

Je vois aujourd’hui mes petits enfants. C’est un pur désastre. Trois cents mots de vocabulaire écrits n’importe comment, en style SMS, une seule idée commune : être célèbres et gagner du pognon. Porter des Nike et un perfecto Gucci. Alcool et joints aident à croire que c’est à portée de main...

Bouillie culturelle qui, à la question : quelle est la grande oeuvre de Goethe ?, fait répondre sans ciller : « Docteur Freud » !...

Dont acte. Et bonne chance.


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