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Accueil du site > Tribune Libre > Education, ce que serait une vraie réforme

Education, ce que serait une vraie réforme

La page présentée ici se compose de deux parties. La première présente sommairement ce que pourrait être une organisation vraiment innovante de notre système éducatif et la deuxième montre les avantages qu’offrirait cette nouvelle organisation.

Présentation sommaire de ce que pourrait être
une organisation vraiment innovante
de notre système éducatif

Le constat

Il est à présent de notoriété publique que notre système éducatif n’est plus satisfaisant. Or les réformes qui depuis des décennies se sont régulièrement succédées n’ont jamais redressé la barre. La raison en est qu’à chaque fois elles ont été infondées, velléitères et timorées.

Elles ont été infondées c’est-à-dire sans fondations solides car elles ont toujours tablé sur une conscience professionnelle sans faille de la part des enseignants et sur une motivation attentive des élèves. Or les enseignants sont des hommes, et par conséquent ils sont faillibles comme les autres. Quant à la motivation et à l’attention des élèves on sait hélas ce qu’elle est devenue.

Elles ont été vélléitères car faute de la possibilité d’un suivi rigoureux et systématique, elles ont chaque fois dû en rester à des grandes orientations aussi générales qu’imprécises.

Elles ont été timorées car aucune n’a osé remettre en cause le schéma ancestral du maître à la fois dispensateur de l’enseignement et évaluateur de ce même enseignement, c’est-à-dire à la fois juge et partie.

Par suite depuis des années nous rétrogradons dans le classement de l’OCDE qui compare les niveaux scolaires des enfants de tous les pays. Nous y occupons dorénavant un rang qui est honteux pour le pays de Jules Ferry, celui qui sut introduire il y a un peu plus de cent ans le principe d’un enseignement gratuit, laïque et obligatoire.

La dégradation de notre enseignement ainsi mise en évidence, l’avènement d’un président qui semble plus réformateur que les précédents, et surtout l’introduction de plus en plus généralisée d’internet dans les établissements scolaires, créent les conditions d’une véritable refonte de notre système éducatif. Encore faudra-t-il à nouveau la présence d’un homme avisé et déterminé comme le fut justement Jules Ferry.

Une disjonction essentielle

Tout enseignement comporte deux composantes bien distinctes que pourtant la tradition ne nous a jamais amenés à séparer. La première consiste en l’acquisition des connaissances que cet enseignement nécessite. La seconde consiste en l’initiation à la maîtrise de ces connaissances.

Par exemple l’apprentissage de l’orthographe et du vocabulaire relève d’une acquisition de connaissances, et l’art de faire de belles rédactions relève de la maîtrise de ces connaissances. L’apprentissage de la table de multiplication ou des règles de l’algèbre relève d’une acquisition de connaissances, et l’art de les utiliser pour résoudre des problèmes relève de la maîtrise de ces connaissances. La découverte des écrits de grands philosophes relève d’une acquisition de connaissances, et l’art de faire des dissertations convaincantes relève de la maîtrise de ces connaissances.

La distinction entre ces deux composantes est très facile à faire. Peuvent être considérés comme relevant d’une acquisition de connaissances tous les savoirs sur lesquels on peut être interrogé par un questionnaire. Et par suite tous les autres savoirs peuvent être considérés comme relevant d’une maîtrise des connaissances, comme savoir rédiger, savoir découvrir, savoir convaincre, savoir dessiner...

Tant que nous n’aurons pas fait cette distinction, essentielle dans notre enseignement, une vraie réforme nous sera impossible. La raison en est que cet enseignement doit évidemment être évalué. Or les acquisitions de connaissances sont facilement évaluables puisqu’un élève sait ou ne sait pas. Par contre il est très difficile de pouvoir estimer avec impartialité la valeur d’un raisonnement, d’un exposé, d’une dissertation ou d’une rédaction. La preuve en est souvent donnée aux examens où il est fréquent qu’une même copie de philosophie par exemple, corrigée par deux correcteurs différents, reçoive des notes sans comparaison possible.

Il en résulte de nombreuses dérives sur lesquelles nous reviendrons tout à l’heure, dérives qui ne seraient pas possibles dans les secteurs où ces évaluations pourraient se faire par questionnaires. Or faute de faire la distinction entre acquisition des connaissances et apprentissage de leur maîtrise, nous tenons les questionnaires en mauvaise presse.

C’est dommage. D’autant plus qu’il existe un art de poser des questions dans un questionnaire. Cela va du QCM (Questionnaire à Choix Multiples) dans lesquels il faut choisir entre plusieurs réponses proposées, jusqu’au questionnaire où la réponse est à découvrir. Et même là on peut y introduire une gradation qui va de l’excessivement simple (Quelle est la date de la prise de la Bastille ?) jusqu’au casse-tête (Un réservoir a deux robinets de vidange, l’un qui le vide en 3h et l’autre en 5h. En combien de temps le réservoir sera-t-il vidé si on ouvre les deux robinets ?). Par conséquent l’opprobre dans lequel en France nous tenons les questionnaires est largement injustifié. Il vient seulement d’une mauvaise conception de leurs champs d’application.

Il faut d’ailleurs remarquer que le mode d’évaluation par questionnaire dans lequel une réponse ne peut être que juste ou fausse, est tout à fait dans le courant actuel de notre époque numérique où le moindre laxisme devient de plus en plus interdit : un programme marche ou plante, un logiciel fonctionne ou ne fonctionne pas, un simple oubli de virgule invalide une adresse quand on va sur internet et ainsi de suite. C’est donc un devoir pour nous de former nos enfants à cette rigueur.

Or tant que nous ne séparerons pas notre enseignement en deux entités distinctes, l’une concernant l’acquisition des connaissances et l’autre leur maîtrise, nous n’arriverons pas à sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes. Car l’enseignement a besoin d’être évalué. Or sa globalisation actuelle rend cette évaluation pratiquement impossible.

Une évaluation actuellement impossible

En effet on ne peut pas trouver de critères impartiaux, objectifs et rigoureux pour permettre un système de notation cohérent dans l’évaluation actuelle des devoirs de nos élèves. Par suite il y règne la plus grande anarchie.

Un livre de Pierre Merle (Les Notes, secret de fabrication paru chez PUF), professeur d’université, cité par la journaliste Estelle Pech le décrit fort bien : « Une juste notation serait-elle impossible ?... C’est un fait : le professeur « négocie » ses notes en permanence. Une classe jugée très bonne ne peut pas avoir de mauvais résultats dans une seule discipline. L’enseignant concerné remonte donc ses notes. Il arrive aussi que l’élève négocie directement une « augmentation ». La contestation d’une mauvaise note prend divers chemins : désinvolture ostentatoire, bavardage et inattention lors du corrigé d’un devoir mal noté - une attitude plus spécifiquement masculine - larmes plus ou moins discrètes - une attitude plutôt féminine... »

Et même dans notre examen fétiche, le baccalauréat, malgré des barèmes très précis, des instructions à profusion et les fameuses commissions d’harmonisation, nous n’arrivons toujours pas à la cohérence. M. Jean-Robert Pitte, président de l’université Paris Sorbonne, l’explique très bien dans un article paru dans Le Figaro du 1er septembre 2007 où il décrit le dilemme des correcteurs du bac auxquels on demande « ...de boire la coupe jusqu’à la lie et de brader le bac à des élèves qui ne sont pas les leurs et auxquels, s’ils agissaient en leur âme et conscience, ils ne le donneraient pas. Lorsque d’aventure ils se risquent à exercer leur mission, leurs notes trop basses sont remontées par des présidents de jury soumis aux fameuses commissions d’harmonisation. »

Cet état de fait engendre une permissivité qui se généralise et qui fausse tout. Elle a pour seule conséquence de démotiver à chaque fois davantage les enseignants et les élèves. Et, de par son origine même, ce blocage persistera évidemment tant que nous chercherons à évaluer l’inévaluable. Il faut donc absolument disjoindre ce qui est rigoureusement évaluable de ce qui ne l’est pas.

Ce point une fois acquis, voyons ce que serait alors un système éducatif qui prendrait en compte cette disjonction.

Fonctionnement

Imaginons que le nouveau système éducatif soit mis en place dans quelques établissements pilotes un peu partout en France.

Ces établissements, forcément dirigés par des directeurs et des proviseurs novateurs, seront par conséquent complètement équipés en ordinateurs reliés à internet. Pour le moment ils sont peu nombreux. Leur précurseur est probablement le lycée de Plaisance du Touch dans la Haute-Garonne où depuis plusieurs années une majorité des élèves est branchée sur internet. En 2007 ce sont les établissement de l’Académie de Créteil qui ont été concernés. Mais l’évolution est rapide et inexorable. Il est clair que dans un avenir très proche chaque élève aura bientôt un terminal d’ordinateur à son pupitre. Le nouveau système éducatif envisagé ici en fait une nécessité.

Dans les établissements concernés par la nouvelle organisation, les cours pour les matières obligatoires ne se dérouleront que le matin, de 8h à 13h par exemple. Les après-midi les élèves s’inscriront aux ateliers de leur choix : atelier d’écriture, de dessin, de sport. Ces après-midi seront appelées des zones tampons. Elles pourront être utilisées pour les devoirs surveillés, pour rattraper des retards, pour compenser des absences, ou pour suivre des cours de soutien.

En fin de semaine une demi-journée sera réservée aux évaluations des connaissances acquises dans la semaine. Lors de cette évaluation l’élève s’assoit à son pupitre et allume son ordinateur. Le surveillant branche la connexion internet et donne dans chaque matière les références des parties des cours sur lesquelles doivent porter les contrôles. Chaque élève tape son mot de passe et alors, sur son écran, un questionnaire individualisé s’affiche sur toutes les matières qu’il a étudiées dans la semaine.

Ces questionnaires sont variés et progressifs. Les questions les plus simples sont sous forme de QCM, les autres demandent une réponse à découvrir. L’élève dispose d’un crayon et de papier pour préparer ses réponses. Quand il a trouvé il répond à la question et passe à la suivante. Chaque réponse ne peut être que juste ou fausse. Enfin le questionnaire porte non seulement sur les connaissances acquises dans la semaine mais aussi sur les connaissances antérieures. On sait en effet que la répétition permanente est le secret du bon enseignement.

Pour les jeunes enfants des écoles, les durées de ces évaluations seront très courtes, d’une heure environ. Pour les élèves des collèges elles seront plus longues. Et enfin pour les élèves du lycée elles pourront prendre la demi-journée tout entière.

Quand l’élève a fini dans une matière il tape « Terminé ». Immédiatement la correction et la note obtenue s’affichent accompagnées d’un commentaire. Ce commentaire sera par exemple le suivant : « Pour cette semaine vos connaissances sont convenables (ou bien excellentes, ou bien parfaites) et, en ce qui concerne cette matière, vous pourrez librement disposer de vos après-midi de la semaine prochaine ». Ou bien par exemple encore « Vos connaissances dans cette matière ne sont pas satisfaisantes. Vous devrez donc participer la semaine prochaine dans cette matière aux cours de rattrapage de l’après-midi ».

En fin d’épreuve un tableau de bord s’affiche où l’élève découvre chacune des notes qu’il a obtenues, puis plusieurs tableaux statistiques qui lui montrent son évolution sur le mois, sur l’année, par rapport aux autres élèves, par rapport à la moyenne nationale, etc. Des voyants l’alertent sur ses lacunes, ou le félicitent pour ses bonnes réponses.

De son côté le professeur reçoit un double de ces évaluations, ainsi que le positionnement de sa classe par rapport à l’ensemble des classes comparables en France. Il reçoit aussi la liste des élèves qu’il aura à prendre en cours de soutien la semaine suivante.

Inventaire des avantages de cette nouvelle organisation

A présent passons en revue quelques-uns des maux qui handicapent actuellement notre système éducatif et nous verrons pourquoi la nouvelle organisation y porte remède.

La motivation des élèves

C’est probablement le mal principal à la source de tous les autres. Les élèves ne sont plus motivés car depuis 1968 environ on a peu à peu supprimé tous les examens qui apportaient au moins un brin d’émulation : examen d’entrée en sixième, examen du BEPC nécessaire pour passer en seconde et enfin le premier Bac en classe de première.

Il reste aujourd’hui le baccalauréat en fin de terminale. Mais c’est bien mal connaître leur psychologie de penser que cet examen peut motiver des élèves qui entrent en sixième et qui auront à passer cet examen... dans sept ans ! Pour eux c’est l’immédiateté seule qui compte et ils ont besoin de récompenses et de sanctions décernées sur le champ. A cet égard même la menace d’un redoublement en fin d’année est une menace trop lointaine.

Dans la nouvelle organisation l’élève qui a bien travaillé dans la semaine est récompensé la semaine suivante puisqu’il est dispensé des cours de rattrapage qui ont lieu l’après-midi, et qui sont obligatoires pour les élèves n’ayant pas eu la moyenne. Tous ceux qui connaissent les enfants sauront que cette mesure suffira à elle seule à réinsuffler une motivation permanente et dynamique à tous les échelons de tous les établissements, jusque dans les banlieues les plus reculées.

Par conséquent cette nouvelle organisation de notre système éducatif introduirait la motivation chez les élèves.

La considération des élèves

La démotivation des élèves vient aussi de la trop grande relativité des notes qui les évaluent. Dans les citations que nous avons faites du livre de Pierre Merle nous avons vu que le marchandage des notes obtenues à un devoir devient monnaie courante.

Il en résulte une grave déconsidération du maître. Il n’est plus celui dont la parole ne peut pas être mise en doute mais au contraire celui qu’on peut convaincre, faire changer d’avis voire même abuser. Dans cette situation plus aucun enseignement n’est possible. Et il est significatif de cette perte de considération que désormais les élèves ne se souviennent plus des noms de leurs professeurs alors que ceux qui sont allés en classe avant 1968 se souviennent presque tous des leurs.

. Dans la nouvelle organisation l’état d’esprit général change du tout au tout. L’élève passe ses tests de contrôle toutes les semaines. Il est évalué par une autorité extérieure, équitable et impartiale. Les questions sont claires et précises puisqu’elles portent sur des acquisitions de connaissances et non sur la maîtrise de ces connaissances. Par conséquent les notes ne sont pas discutables. Et le maître redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : le mentor qui a toute la confiance et la considération de l’élève.

Par conséquent cette nouvelle organisation de notre système éducatif rétablirait la considération des élèves envers les maîtres..

La fraude

La fraude est un mal endémique pour les évaluations. Elle fausse les résultats qu’on pense pouvoir en déduire. Elle entache la crédibilité de leur signification. Elle récompense ceux qui sont assez avisés pour ne pas se faire prendre. Elle décourage ceux qui travaillent honnêtement. Elle est aussi nocive que la corruption l’est pour un régime politique, ou que les vols le sont dans les supermarchés. Or la non plus on ne voit pas comment, avec l’organisation actuelle de nos devoirs en classe, on pourrait l’éradiquer. Pour avoir été professeur pendant plus de quarante ans je ne crois d’ailleurs pas qu’il soit possible d’empêcher un élève de copier sur un autre.

Or avec la nouvelle organisation proposée, tout change. Les sujets des tests ne dépendent plus du maître. Ils sont préparés en externe par un service spécialement affecté aux programmes et aux évaluations. Les programmes sont découpés en entités prévues pour se traiter en une semaine. Pour chacune de ces entités est préparé un questionnaire couvrant l’ensemble du programme concerné. Par conséquent connaître l’ensemble des réponses à ces questions, c’est tout simplement connaître ce qui doit être connu.

Les questions qui s’affichent sur l’écran de chaque élève sont prises au hasard dans le questionnaire. Par conséquent jamais deux élèves n’ont les mêmes questions et ils ne peuvent pas copier entre eux. De même il ne sert à rien pour l’un d’eux de connaître le test passé la veille ou la semaine passée par un autre élève dans un autre établissement puisque jamais deux sujets ne sont identiques.

Par conséquent cette nouvelle organisation de notre système éducatif rendrait la fraude impossible.

L’absentéisme

Une doléance permanente contre l’Education nationale est l’absentéisme des enseignants. Cet absentéisme est réel. Mais il est très largement explicable. Non pas pour la difficulté de leur mission. Il y a bien d’autres métiers plus pénibles. Mais à cause de la dévalorisation permanente qui est leur lot quotidien.

Les enfants peuvent être à la fois le plus charmant et le plus cruel des publics. Nous avons tous en mémoire le souvenir de professeurs que nous respections. Et nous avons tous aussi le souvenir de professeurs que nous ne respections pas. Pour ces derniers chaque heure de cours était un vrai calvaire. Non seulement il est épuisant de faire face à une classe réfractaire, mais l’impossibilité de se faire respecter par des enfants engendre une dévalorisation de soi qui est profondément déstabilisante.

Aussi il ne sert à rien, comme l’ont parfois entrepris certains ministres, de sévir contre cet absentéisme. En culpabilisant l’enseignant on ne fait que l’enfoncer davantage.

La nouvelle organisation de notre système éducatif inverse complètement la tendance. Puisque le maître n’est plus celui qui sanctionnera par de mauvaises notes ou même par un redoublement en fin d’année, il n’est plus un adversaire. Il est au contraire celui qui donnera, expliquera et fera comprendre les réponses à donner au test de fin de semaine. Il devient un allié qu’on écoute et qu’on respecte. Et, dans cette considération retrouvée, le maître reprend confiance et l’absentéisme disparaît.

D’autant plus que les cours en classes complètes ne se font que le matin. Les après-midi sont réservés aux cours de rattrapage pour les seuls élèves qui n’ont pas eu de bons résultats au test de la semaine précédente, c’est-à-dire à effectifs très réduits. Le maître travaille désormais avec la confiance de ses élèves. Tous les motifs qui poussaient à l’absentéisme ont disparu.

Pour ceux qui, plus pragmatiques, trouveraient cette argumentation un peu trop idyllique, une raison plus réaliste contribuera aussi dans la nouvelle organisation à réduire l’absentéisme des enseignants et des élèves : en début d’année le service des programmes et des évaluations donnera un échéancier hebdomadaire sur lequel seront basés les tests de fin de semaine. En cas d’absence, l’enseignant ou l’élève doivent rattraper leur retard en prenant sur les zones tampons de l’après-midi.

Par conséquent cette nouvelle organisation de notre système éducatif mettrait fin à l’absentéisme injustifié des maîtres et des élèves.

Le laxisme

Un autre fléau plus discret mais aussi nocif de l’enseignement actuel est le laxisme dans le traitement des programmes par les professeurs. J’ai connu pendant toute ma carrière un enseignant dont la plaisanterie en fin d’année était toujours la même. Il arrivait en riant dans la salle des professeurs et annonçait fièrement : « Cette année je suis presque arrivé à faire la moitié du programme.  »

Evidemment lorsqu’une classe de Bac lui fut confiée ce fut une catastrophe. Au moment des révisions il dut faire des cours supplémentaires pour rattraper son retard, les élèves furent tenus de venir des samedis entiers au lycée, le mécontentement fut général. Inutile de dire que plus jamais aucune autre classe de baccalauréat ne lui fut confiée et il fit tout le reste de sa carrière avec des classes sans examen où il put reprendre son rythme.

Tout pousse en effet l’enseignant à ne pas traiter en entier le programme des classes qui lui sont confiées. L’argument est toujours le même. Il consiste à annoncer un niveau excessivement bas des élèves et le tour est joué. Impossible de pouvoir prouver le contraire. Il est seul juge.

Ensuite, comme il ne traite qu’une partie du programme, il peut l’approfondir davantage. Il en résulte que les élèves le comprennent mieux. Le professeur est valorisé. Il ne donne évidemment les devoirs que sur la partie qu’il a traitée puisqu’il est à la fois juge et partie. Il obtient ainsi de bons résultats. Les élèves sont satisfaits, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Rien ni personne ne peut le mettre en flagrant délit.

Il est même généralement apprécié pour arriver à obtenir d’aussi bons résultats avec des élèves aussi faibles. D’ailleurs bien souvent il agit ainsi sans aucune préméditation. Et, en fin d’année, quand il pourrait devenir flagrant que de nombreuses parties du programme n’ont pas été traitées, personne n’a l’idée de venir lui chercher noise car c’est une période où on ne pense plus qu’aux grandes vacances.

Ces impasses se propagent évidemment de classes en classes et, en fin de parcours, on en arrive à des classes qui pour le coup ne sont véritablement plus au niveau. Mais il est impossible d’y remédier car, en sévissant aux examens, on s’en prendrait à des élèves qui n’y sont pour rien. Et c’est ainsi que s’établit ce laxisme dont faisait état le professeur Jean-Robert Petit.

Avec la nouvelle organisation ces pratiques ne seraient plus possibles car les tests en fin de semaine devraient respecter l’échéancier hebdomadaire et les zones tampons de l’après-midi serviraient à récupérer sur le champ tout retard dans les programmes.

Par conséquent cette nouvelle organisation de notre système éducatif mettrait fin au laxisme dans le traitement des programmes.

Réformes infondées, velléitères et timorées

En introduction de cette page j’ai écrit que les réformes réalisées jusqu’ici n’ont jamais redressé la barre parce qu’à chaque fois elles ont été infondées, velléitères et timorées. La nouvelle organisation proposée pour notre système éducatif n’aurait plus ces défauts.

Elle ne serait plus infondée car elle ne serait plus basée sur la motivation supposée des élèves ou la conscience professionnelle supposée des enseignants. Le rythme régulier imposé par les contrôles hebdomadaires ne permettrait plus aucun laxisme.

 

Elle ne serait plus velléitère car étroitement surveillée par les statistiques hebdomadaires qui donneraient en temps réel et à tous les niveaux l’état d’avancée de l’enseignement et ses pierres d’achoppement.

Elle ne serait plus timorée car elle s’affranchirait enfin de ce tabou ancestral qui fait que le professeur est à la fois juge et partie. Désormais la seule mission du maître serait d’enseigner.

La nouvelle organisation introduirait donc une stricte rigueur dans notre système éducatif, et cette rigueur restaurerait dans nos établissements scolaires le respect, la confiance, et l’émulation sans lesquels il ne peut pas y avoir de véritable enseignement.

Conclusion

Au début de cet exposé nous avons disjoint tout enseignement en deux composantes :

La première, appelée acquisition des connaissances, est donc celle qui peut être rigoureusement évaluée. Cette particularité va permettre de restaurer dans les établissements un esprit enfin propice à l’éducation. Par l’impartialité de ses évaluations elle rétablit une stricte égalité entre tous les élèves qu’ils soient dans des établissements favorisés ou non, et nous venons de voir pourquoi cette rigueur mettrait fin à la plupart des dérives actuelles de notre système éducatif.

La deuxième partie est la maîtrise de ces connaissances. C’est la partie la plus valorisante. Son enseignement ne serait pas modifié et, dans le climat de confiance ainsi rétabli, il devrait même être rendu plus facile, puisque les copies seraient dorénavant écrites en meilleur français, et plus argumentées. Mais il serait utile de mettre cette prépondérance en exergue.

A cet effet il semble nécessaire de conserver le baccalauréat comme examen ultime et sous sa forme actuelle. Il justifiera tout au long de la scolarité l’entrainement par les maîtres à écrire des rédactions en français, à rédiger des dissertations en philosophie, à développer des raisonnements en mathématiques et ainsi de suite. Mais pour montrer que l’évaluation de ces travaux n’obéit plus à la grande rigueur des questionnaires hebdomadaires, elle pourrait être notée comme aux Etats Unis par les lettres A, B, C, D, E.

Ainsi le baccalauréat, délicieusement désuet à la mode des traditions britanniques, conserverait son aura puisqu’il contribuerait à faire que nos enfants, désormais instruits grâce à la rigueur introduite dans leur scolarité, soient aussi cultivés grâce au maintien de notre bon vieil examen ancestral.

Or , plus que l’instruction, la culture n’est elle pas au fond le but ultime de toute éducation bien conduite ?


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11 réactions à cet article    


  • Dogen 1er février 2008 16:27

    1 heure 52 minutes et 30 secondes...


    • Dogen 1er février 2008 16:57

      L’article est interessant et assez visionnaire...

      Il y a des element que je ne partage pas. Mais la realite du "Baton carotte" est selon moi indicutable. Dire qu’il ne faut pas motiver les enfants par la recompense et la sanction est a mon avis naif. Considerer que l’on peut motiver les enfants par le simple desir d’apprendre est une erreur ; c’est considerer le probleme avec un point de vu d’adulte alors que nous parlons d’enfants (ou d’ados)

      Un enfant de maturite moyenne prefere jouer, qu’etudier... Un ado de maturite moyenne prefere jouer au flippeur ou courrir les filles ou faire la grasse mat jusqu’a midi.

      Apres vous pourrez me dire qu’il faut un enseignement ludique... Apprendre en s’amusant... Oui, parfois ca a du bon, mais il faut aussi savoir apprendre de maniere laborieuse, car c’est la realite de la vie, et il faut y former les enfants.

      Bosser parfois c’est chouette, mais parfois c’est chiant... Il faut apprendre a travailler pour le plaisir (ce qui n’est pas tres dur) mais aussi a travailler sans plaisir pour pouvoir atteindre un objectif. 

       


    • Krokodilo Krokodilo 1er février 2008 17:27

      Peut-être un peu trop cartésien, mais la systématisation de la vérification des acquis me paraît une bonne idée, car elle permet la révision de ce qui a été mal compris et le dépistage précoce des enfants en difficulté. Ceci dit, c’est ce que tout bon enseignant peut et devrait faire dans sa propre classe, du moins au primaire, car au secondaire, il est bien difficile de faire des révisions individualisées.

       

      Quant aux notes, tout à fait d’accord, quand je vois les copies de mes gosses notées au demi-point près, voire au dixième, y compris dans les matières artistiques, je n’en reviens pas. A mon avis, dans tout le primaire, et même durant une bonne part du secondaire, les cinq groupes ABCDE (que rien n’interdit en France si l’enseignant le souhaite, ça s’est déjà fait) sont largement suffisants, d’autant qu’ils peuvent être nuancés par + et -, ou par quelques mots.

       

       

      Hasard de la "réformite", je viens de faire un article sur AV, une proposition de réforme de l’enseignement des langues, au primaire et au secondaire, domaine à mon avis tout à fait à part dans l’enseignement, et où votre système est difficilement applicable, un domaine dans lequel le socle commun de connaissances a été une catastrophe, puisqu’il a imposé l’anglais au primaire (rares exceptions) et a amené une innovation conceptuelle passée sous silence par les médias : la disparition de la notion de choix des langues. On va faire le bonheur de vos enfants contre votre gré, on a déjà entendu ça...

       

      http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=34856


      • nico 1er février 2008 22:50

        Merci pour cet article qui fait réfléchir. Vos thèses sont à l’évidence trop mécanistes. Vous vous rapprochez de l’utopie de Jules Ferry qui aurait souhaité que, dans chaque classe de France et de Navarre, et au même moment, tous les élèves d’un même niveau étudient la même leçon.

        Pour autant, je partage un certain nombre de vos intuitions :

        - il est reconnu que les technologies numériques permettent d’individualiser les pratiques pédagogiques...pour peu que l’enseignant ait acquis une compétence pour ce faire. Les logiciels permettent en effet dans une certaine mesure d’adapter les exercices proposés au "profil" de l’élève. Certains éditeurs, comme Odile Jacob Multimédia, s’en sont à une époque fait la spécialité, avec intelligence artificielle à la clé... D’autres enseignants ont simplement utilisé la richesse des contenus du Web pour construire leurs propres contenus.

        - il est également reconnu que l’interaction entre un élève un ordinateur est d’une certaine manière moins stressant pour l’élève, dans la mesure où l’ordinateur ne peut pas être soupçonné de juger l’élève, il ne juge que des réponses, vraies ou fausses.

        Pour autant, tout cela ne peut fonctionner que sur les bases de compétences pédagogiques importantes et de relations (humaines) de confiance. Les technologies peuvent aider l’enseignant à repérer des difficultés, mais c’est toujours à lui qu’il reviendra d’effectuer le diagnostic et de prescrire le traitement. Les médecins, autrement plus entourés de technologies, n’ont pas pour autant disparu. Seulement, ils doivent désormais savoir gérer les quantités massives d’informations fournies par ces technologies. Idem pour les enseignants.

        Enfin, je ne crois vraiment pas que l’objectivité de la notation soit un problème au niveau d’une classe entière. C’est un élément essentiel de management de la classe, carotte ou bâton, ok sur le principe. Dit avec les souvenirs d’un prof de prépa qui mettait 5/20 de moyenne systématiquement et de colleurs qui mettaient entre 12 et 14/20 à tout le monde. Le pire n’est pas celui qu’on croit...


        • Diogene 2 février 2008 18:04

          Merci pour votre commentaire.

          Il est d’ailleurs remarquable de lire sa première phrase "Merci pour cet article qui fait réfléchir. Vos thèses sont à l’évidence trop mécanistes. Vous vous rapprochez de l’utopie de Jules Ferry qui aurait souhaité que, dans chaque classe de France et de Navarre, et au même moment, tous les élèves d’un même niveau étudient la même leçon"

          Je ne savais pas effectivement que ce rève était celui de Jules Ferry. Mais mon Dieu maintenant que je le sais je trouve que c’était un beau rève, malheureusement inaccessible à son époque où il fallait plusieurs jours pour rejoindre la capitale quand on habitait à Nice par exemple.

          Et justement Internet rend aujourd’hui possible ce beau rève, alors qu’il n’est plus question en France que de lycées d’élites et de lycées défavorisés et de supprimer la carte scolaire dont viendrait la disparité extrème de nos enseignements. Alors que nous aurions maintenant les moyens de rétablir cette égalité dont révait Jules Ferry , nous allons probablement par aveuglement passer à coté de cette chance. Quel dommage.

          Et je dois avouer que si j’étais un jeune des banlieues je serais sans doute aussi exaspéré qu’eux de constater, sous des déclarations d’intentions plus grandiloquentes les unes que les autres, que ces diplomes dont on leur fait dorénavant cadeau ne servent à rien, et qu’aujourd’hui, grâce à nos grands principes, il faut être un fils à papa pour être sur d’avoir une bonne place ( voir les listings à la télévision par exemple)


        • ernst 2 février 2008 02:58

          D’accord avec Dogen, ne comptez pas sur les enfants pour se contenter des joies de la connaissance. C’est parfaitement utopiste et malsain. La récompense, quelle qu’elle soit, doit venir de haut, engendrer deux choses : le respect de la hiérarchie et l’indispensable compétition entre les élèves.

          Je reste persuadé que le travail d’effort se fait en classe maternelle.Pendant trois ans les futurs élèves ont tripoté des pâtes à modeler et griffoné de hideux et charmants dessins pour papa-maman. Le pli est pris, ils n’en feront jamais qu’à leur tête.Je me souviens parfaitement qu’à trois ans, je lisais. Appris l’alphabet avec des cubes représentant les lettres, agrémentés d’une représentation d’un animal ou d’un objet. Nous avions des bons points dorés et des mises au coin archaïques mais efficaces. Tables de multiplications chantées tous les matins, également efficaces.Et les divines récitations d’’Émile Verhaeren, certes un peu cucul mais que nous trouvions très belles et que nous apprenions par coeur. Deux par mois. Plus de cinq fautes éliminatoires à la dictée d’examen d’entrée en sixième, année du latin.

          J’ose à peine dire que le latin me paraît indispensable à la bonne compréhension du français. Sans cette compréhension, sans un vocabulaire large et précis, une langue étrangère ou un problème mathématique deviennent un art divinatoire qui n’a pas lieu d’être.Larges extraits de Cicéron ou Virgile à apprendre par coeur. Deux par mois, qui exercent férocement la mémoire, mémoire indispensable à la liberté de penser.

          Votre désir de bien faire vous a donc poussé à vous faire noter par vos élèves ?... Voilà une idée qui ne me viendrait pas avec mes propres enfants. Non que j’aie toujours raison, mais mon intransigeance à leur faire croire que c’est le cas les pousse à trouver les arguments pour me prouver que j’ai tort. Ce que j’admets volontiers lorsque leurs démonstrations sont convaincantes, clairement exposées. Cette victoire sur moi est leur plus belle récompense, encore faut-il la mériter.

          Classe de troisième consacrée à la littérature du Moyen-Âge en vieux français.Qui me fut demandé au bac. Auteur, oeuvre dont était tiré l’extrait de vingt cinq lignes, explication de texte à vue, remise en perspective de l’époque sur le plan historique.

          Je me souviens parfaitement qu’en seconde C, latin-Science, nous étions trente six dans la classe, sept heures de cours par jour, huit heures deux fois par semaine, quatre heures le samedi matin. Versions latines de quinze lignes (avec analyse grammaticale écrite sur le mot à mot ) et texte en français fluide et littéraire pour finir, composition française une par semaine, plus le devoir de maths d’une dizaine d’exercices.L’habitude de travailler utile, d’écrire proprement et vite étaient indispensables pour un travail rendu à temps.Silence total en classe, bras croisés.

          Je me souviens aussi que ce fut la plus belle période de ma vie, car , bien préparés au travail, à l’effort, sûrs de nous comme de jeunes cons, nous étions sans crainte face à l’avenir, avides d’en découdre avec la vie.« réelle ».

          Effectivement, nous avons été une génération bénie, tous mes camarades ont fait de brillantes carrières. Notre établissement n’était pas mixte. ce qui favorise le rêve d’amour, autre puissant moteur.

          Je vois aujourd’hui mes petits enfants. C’est un pur désastre. Trois cents mots de vocabulaire écrits n’importe comment, en style SMS, une seule idée commune : être célèbres et gagner du pognon. Porter des Nike et un perfecto Gucci. Alcool et joints aident à croire que c’est à portée de main...

          Bouillie culturelle qui, à la question : quelle est la grande oeuvre de Goethe ?, fait répondre sans ciller : « Docteur Freud » !...

          Dont acte. Et bonne chance.


          • Krokodilo Krokodilo 2 février 2008 09:15

            Le latin n’est nullement indispensable à l’exercice de la mémoire : deux fables de la Fontaine auront le même effet, ou l’apprentissage des noms de fleurs et d’arbres.


          • Diogene 2 février 2008 18:22

            Merci pour votre commentaire.

            J’y relève la phrase suivante " Votre désir de bien faire vous a donc poussé à vous faire noter par vos élèves ?... Voilà une idée qui ne me viendrait pas avec mes propres enfants. Non que j’aie toujours raison, mais mon intransigeance à leur faire croire que c’est le cas les pousse à trouver les arguments pour me prouver que j’ai tort. Ce que j’admets volontiers lorsque leurs démonstrations sont convaincantes, clairement exposées. Cette victoire sur moi est leur plus belle récompense, encore faut-il la mériter."

            Je la trouve très intéressante...car je ne la comprends pas très bien.

            Ce n’est pas un désir de bien faire qui m’a fait demander leur avis aux élèves. je trouvais simplement que c’était une mesure de justice. Et j’en ai toujours été récompensé. Les élèves étaient contents que je demande leur avis. De même je suis content quand la marque de ma voiture me demande si j’ai été content de leur concessionnaire. C’est dommage que vous n’ayez pas tenté l’expérience une fois. Je suis sùr que vous en auriez été étonné car les enfants sont intraitables mais justes. Et en tant qu’enseignant je trouve que la justice est essentielle. Mais évidemment c’est mon humble avis.

            Vous dites aussi " mon intransigeance à leur faire croire que c’est le cas les pousse à trouver les arguments pour me prouver que j’ai tort.". Cette stimulation est surement efficace. Mais elle part du principe que c’est par la confrontation qu’on s’élève. Je sais que c’est une théorie. Mais je suis beaucoup plus pacifique. J’aime beaucoup la réponse de Socrate à un de ces interlocuteurs auquel il répondit " Je suis d’accord pour DISCUTER mais s’il s’agit de DISPUTER je renonce ".

            En toute amitié.

            RP

             

             

            Pourtant vous avez semblé aussi cherché à etre juste puisque vous acceptez " les démonstrations convaincantes". Et la fin est encore plus mystérieuse.


          • 5A3N5D 10 février 2008 21:01

            @ Krokodilo,

            "Le latin n’est nullement indispensable à l’exercice de la mémoire "

            Certes, certes. Mais, en avez-vous fait, du latin ? Personnellement, j’en ai fait huit ans et je peux vous affirmer qu’au niveau de l’apprentissage de la grammaire et surtout de la logique, rien ne remplacera jamais cette langue : si, à la fin de la traduction d’une phrase, celle-ci n’a pas de sens, c’est que vous vous êtes trompé dans son analyse et que vous pouvez recommencer. Je ne crois pas que deux fables de La Fontaine auront le même effet, et, au demeurant, l’apprentissage du latin n’a jamais eu pour but de faire travailler la mémoire.

            De plus, l’apprentissage de cette langue morte m’a bien aidé par la suite pour toutes les langues à déclinaisons, telles que l’allemand ou le russe (je ne parle que de ces deux langues, mais il doit certainement y en avoir d’autres.) On retrouve également des tournures de phrases identiques, et un "esprit" linguistique commun.

            @ l’auteur,

            J’ai arrêté ma lecture de votre article aussitôt que mai 68 a été désigné comme la fin d’une époque glorieuse et le début d’une ère de barbarie. J’ai connu l’avant et l’après et je pense sincèrement que l’avant était encore pire que l’après. Rappelez-vous la fameuse réforme de Fouchet (1963) qui est peut-être justement une des causes de la révolte étudiante de 68. Quant aux profs, ils étaient certainement plus ridicules et inconséquents avant 68 qu’après.

            En revanche, je partage totalement votre avis sur la "pédagogie de la réussite", en ayant fait involontairement l’expérience alors que j’étais moi-même élève : suite à une absence pour maladie, j’ai été pris en charge par un enseignant qui m’a littéralement "boosté". Par la suite, je n’ai jamais dû apprendre une quelconque leçon en anglais, latin, et autre langues, la participation au cours, que je vivais comme un jeu, me suffisant pour mémoriser le contenu de celui-ci, alors que les autres élèves s’enfonçaient à une vitesse constante à la fois dans la médiocrité et le dégoût d’apprendre. 

             


          • ninou ninou 2 février 2008 12:00

            Un point positif de l’article me semble être l’utilisation de l’outil informatique pour permettre une individualisation plus grande du travail des élèves. Mais c’est déjà plus ou moins ce que fait tout logiciel pédagogique un peu efficace. Il suffirait de rendre cette utilisation plus systématique et, surtout, de créer des logiciels nationaux intégrant le fameux socle commun.

            Quant à l’équipement de tous les élèves... cela laisse rêveur. Mais nous parlons d’un idéal.

            Cela étant dit, ce mode d’évaluation et/ou d’apprentissage ne peut concerner que des connaissances quantifiables ( les seules que l’on pourrait évaluer selon l’auteur de l’article- j’y reviendrai plus loin). Or, ce type de connaissances ne permet pas de savoir si l’élève a compris ou non. Bref, s’il fait preuve d’intelligence. Ce type de connaissances peut faire de nos enfants des champions de jeux télévisés. Je ne pense pas que cela soit le but de l’éducation.

            Des élèves dont le travail scolaire consiste à apprendre "par coeur" une leçon d’une semaine pour l’autre et à la recracher pour pouvoir passer à une autre (on imagine aussi en parallèle ce que peut devenir un enseignant dans ces conditions : un coach) voilà ce que nous propose cet article. Quid de l’esprit critique ? De la culture ? Du développement de l’esprit scientifique ? Des capacités à s’exprimer à l’oral ? De celles à se faire comprendre à l’écrit ? De la transposition des savoirs ? Tout cela serait dévolu à des "ateliers" forcément dilletantes puisque non notés !

            Prendre le monde du numérique et son fonctionnement binaire comme modèle de l’intelligence humaine me semble dangereux : Tout énoncé serait soit vrai, soit faux ? Et cela s’appellerait de la "rigueur" ?

            La principale erreur de l’article est de croire que ce qui n’est pas évaluable par une note (c’est vrai ou c’est faux) n’est pas évaluable du tout. Le problème vient justement de la culture de la note. Si l’on veut savoir si un élève sait utiliser l’imparfait (ce qui est un savoir-faire plus important que de savoir conjuguer bêtement vu qu’il existe des aides de type "bescherelles" pour pallier aux oublis que chacun peut avoir) il suffit de le mettre en situation de le faire (textes orientés) et de vérifier si, dans ce texte qui le nécessitait, l’élève a réussi à utiliser l’imparfait, a simplement essayé d’utiliser l’imparfait ou n’a pas même pas essayé d’utiliser l’imparfait. L’évaluation est faite et elle ne peut pas se noter. Ce savoir-faire précis est soit acquis, soit en cours d’acquisition, soit non acquis.

            Nous sommes d’accord, ce que les parents veulent pouvoir dire c’est : mon fils est nul en conjugaison vu qu’il a 5 sur 20 alors qu’il est bon en maths vu qu’il a 17 sur 20. Et les élèves eux-mêmes (surtout les bons) réclament des notes. D’ailleurs nombre d’entre eux ne travaillent que pour cette "médaille". Mais cette méthode comptable est injuste et approximative précisément parce qu’elle ne peut pas rendre compte de ce qui n’est pas toujours quantifiable par une note et qui est pourtant, souvent, l’essentiel. Bref, si la notation pose problème, il y a une solution simple : arrêter de noter. Des appréciations, cela suffit, et c’est bien plus éclairant qu’une note. (évidemment, la lecture et l’élaboration des "bulletins" est plus longue mais il faut savoir ce que l’on recherche...).

            Dernière chose : croire que savoir que l’on a progressé dans un domaine, que l’on a enfin compris ce que l’on ne comprenait pas n’est pas une motivation pour un élève, prouve une parfaite méconnaissance de la psychologie. Ce qui démotive, c’est de voir que malgré les progrès que l’on a faits, on est toujours le nul en maths (notation à l’appui)

             


            • Diogene 2 février 2008 18:37

              Merci de votre commentaire.

              Naturellement j’étais justement professeur de mathématiques. J’ai donc souvent rencontré des élèves "nuls" en maths. Mais ce sujet sera pour une autre fois.

              Vous écrivez " Nous sommes d’accord, ce que les parents veulent pouvoir dire c’est : mon fils est nul en conjugaison vu qu’il a 5 sur 20 alors qu’il est bon en maths vu qu’il a 17 sur 20. Et les élèves eux-mêmes (surtout les bons) réclament des notes. D’ailleurs nombre d’entre eux ne travaillent que pour cette "médaille". Mais cette méthode comptable est injuste et approximative précisément parce qu’elle ne peut pas rendre compte de ce qui n’est pas toujours quantifiable par une note et qui est pourtant, souvent, l’essentiel. Bref, si la notation pose problème, il y a une solution simple : arrêter de noter. "

              D’abord je crois que c’est une très mauvaise chose de travailler à l’audimat, c’est à dire sous la pression des parents d’élèves. Nous ne devons adopter des mesures que parce que nous pensons qu’elles sont bonnes.

              Ce qui par contre m’étonnerait, si j’étais vous, c’est que vous reconnaissez que les bons élèves aiment être notés. Ici encore je dois revenir sur cette constatation qui fait qu’en France nous savons traiter avec sérieux ce qui est futile et nous sommes laxistes avec ce qui demanderait à être traité sérieusement. Par exemple allez dire aux joueurs de foot que leur match sera sanctionné par une appréciation générale, et non par un score. Ce serait une révolution. Or vous pouvez dire cela dans l’enseignement sans vous faire lyncher.

              Oui ce sont les notes qui stimulent les élèves. Et c’est bien dommage que nous les dévalorisions en leur permettant de les marchander, car elles seraient une excellente motivation. Et les supprimer relève de la même logique qui consiste à casser un thermomètre quand un malade à la fièvre. Mais il ne s’en porte pas mieux pour cela.

               

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