Très chère Sophie,
Eric aurait pu exprimer les mêmes idées sans pour autant t’aggresser. Ceci étant, compte tenu de la qualité intellectuelle de ses écrits, on peut passer outre et ne retenir que l’idée principale qui est que l’ennemi n’est pas ailleurs qu’en nous-même ou plutôt que ce n’est pas en identifiant des ennemis que l’on construira un monde meilleur même si cela peut être une première étape qu’il convient ensuite de dépasser (là j’ai conscience de méler ses idées et les miennes...).
Rester sur le constat d’une faille entre les hommes n’aide pas. Il faut le dépasser sinon l’avenir est effectivement sombre car même ceux qui se vivent en gens de bien seraient amenés à tuer pour ne pas l’être.
Si l’on se contente de croire que le diable existe et qu’il prend la forme d’un groupe humain ou même qu’il se distribue plus ou moins aléatoirement en certains d’entre nous, on ne peut que désespérer.
J’ai été très frappé par une scéne du Gandhi avec Ben Kingsley. Alors que Gandhi est sur son lit de grève de la faim et que les combats etnico-religieux font rage, une délégation d’Hindous le supplie de vivre. L’un de ses membres explose et lui dit que les Musulmans sont des barbares, ont tué son propre fils et qu’ils ne méritent que la mort. Gandhi lui dit alors que s’il veut surmonter son malheur, il doit dépasser sa haine en donnant de l’amour à hauteur de sa peine, par exemple, en recueillant un orphelin Mulsulman, dont les parents ont été tués par des hindous et en l’élevant comme son propre fils, éventuellement même dans la religion de ses parents. J’ai été frappé par la puissance de cette intelligence qui fait corps avec l’amour. J’en ai chialé, silencieusement. Puis j’ai avancé dans cette direction.
Donne toi les moyens d’être heureuse, ensuite tu trouveras mieux encore la force de rendre le monde plus heureux.
Eric, qu’en penses-tu ?