Bonjour David ...
Je suis en effet - de loin en loin - ces polémiques qui agitent parfois les milieux architectes. Je ne suis pas certain que tous les lecteurs soient au courant, d’ou ma demande ... Le lien que vous avez rajouté permettra donc aux interessés neophytes d’entrer plus avant dans le sujet.
D’une manière générale, on peut se poser pas mal de questions sur l’architecture des grandes hauteurs en France. Ce qui s’est passé dans le Paris intra-muros des années 70 a durablement traumatisé le public : tours construites sans aucun style, plantées dans des quartiers plus anciens sans aucune réflexion urbanistique, aucun travail mené quand à la répartition des locaux entre habitations, commerces, bureaux. Le résultat est souvent froid et peu avenant, sans vie.
Pourtant, nombre de ceux qui vivent dans ces bâtiments n’ont aucune envie d’en partir. Les logements sont souvents clairs, aérés, bien disposés, modernes. Et, pour peu qu’on grimpe dans les hauteurs, les vues sont souvent imprenables. Pour ma part, je suis un amateur du front de Seine comme de la Défense. J’aime ce coté un peu raide, un peu froid, j’ai même vécu à la Défense un moment. La vie y est calme le soir, pas de voiture au pied des immeubles, pas de vacarme de la circulation qui reste lointaine.
Nous allons devoir sans aucun doute reprendre cette reflexion sur les tours dans nos grandes agglomérations. La hauteur pour la hauteur n’apporte pas grand chose. Mais, la hauteur est pourtant une réponse possible aux problèmes de densification nécessaire. Si elle est couplée avec un travail de fond sur l’urbanisme, sur l’utilisation des locaux construits, sur la couture avec les quartiers environnants, on peut obtenir un vrai succès.
NYC est souvent citée comme une ville ou les grattes ciels poussent comme des champignons. C’est vrai, et même encore maintenant malgré le choc du 11 septembre. Et cette ville démesurée, gigantesque, pas belle mais pourtant dotée d’un charme indéfinissable et d’une séduction folle, ne possède pourtant pas que des quartiers de tours démesurées. Manhattan même alterne zones d’immeubles bas comme Harlem ou Chelsea et grands immeubles comme midtown. Et la ville est vivable, plaisante, invitant même à la promenade pietonne.
Peut être y a-t-il là bas des idées, des manières de voir et de faire dont nous pourrions nous inspirer. Loin de moi l’idée de faire de Paris une autre New York, cela serait aussi ridicule que raté. Pourtant, ces deux villes sont parfois étrangement semblables, dans leur volonté d’absolu (Paris dans l’esthétisme, NYC dans la démesure), leur coté patchwork de villages urbains, leur unicité sur la scène internationale. Et n’oublions pas que le premier gratte ciel moderne est français. La tour Eiffel est, je le crois, le précurseur de toutes ces tours qui fleurissent partout sur la planète.
Et si en fin de compte, la hauteur à Paris n’était qu’un retour aux sources ?
Manul Atréide