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Commentaire de koanzench

sur Adoption : pratiques discriminatoires (il)légalement organisées ?


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koanzench koanzench 3 février 2008 17:40

I n t e r v i e w

« Les gays sont comme des exilés. Soit ils se laissent assimiler, soit ils décident de bousculer les valeurs dominantes. ».

Irène Kaufer, 55 ans, a choisi son camp. Lesbienne, jamais inféodée à la Cause. Féministe belge tendance subversive. Du Setca à la revue « Politique ». Chez les Juifs comme chez les gauchistes. Sur la ligne de démarcation, toujours. Pour ne jamais militer en rond. « C’est si gai, la contradiction », dit-elle, amusée. L’adoption homo ? Mitigée. Pas viscéralement contre, mais « pleine de réticences ». Kaufer attaque. « Je me méfie de la tendance « familialiste » qui traverse depuis peu une partie de la « communauté » gay. Ce recentrage sur la cellule « nucléaire » ; cette vision fermée, purement affective et individualiste. Comme si la vie ne pouvait pas avoir de sens en dehors de tout ça ! » Elle n’a pas soutenu le mariage homosexuel en 2003. Elle entrevoit la famille comme « une privatisation de la Sécurité sociale ». Elle respecte l’envie du « home sweet home », mais refuse « l’idée d’un enfant à tout prix ».

L’auteur de « Parcours féministe » s’interroge (1) : « On s’est battus pour l’avortement, pour la contraception. On a revendiqué « mon corps m’appartient », « pas d’enfant si je ne veux pas », etc. Trente ans plus tard, que se passe-t-il ? Des lesbiennes courent derrière le progrès, remettent leur corps entre les mains de la médecine et en arrivent à un reconditionnement de la maternité. »

D’accord pour sortir les enfants d’homos existants du maquis juridique « au nom de l’égalité et de la reconnaissance sociale », ajoute Irène Kaufer. Moins d’accord pour légaliser l’adoption d’ « enfants à venir ». « Le nombre d’enfants adoptables est déjà tellement restreint. Les risques de marchandisation sont réels. Je suis plus que perplexe. » La régularisation d’enfants nés par insémination artificielle avec donneur anonyme et élevés par un couple lesbien ? « Tout est moins rose qu’il y paraît. Mais c’est mal vu de le dire dans le milieu gay ! Les traitements sont douloureux, les échecs nombreux. Quid du droit pour l’enfant à connaître ses origines ? »

Le corps n’est pas à louer

Ultime cas de figure : le recours aux « mères porteuses » pour des couples gays avec adoption à la clé. « Totalement contre ! Le corps n’est pas un bien de location. J’ai récemment vu un site internet géorgien qui proposait ce type de gestation pour autrui pour 10.000 euros. Je ne peux pas accepter qu’un couple, homosexuel ou non, ait recours à ce type de pratique. » Pour Kaufer, les gays sont donc comme des exilés. Soit, ils acceptent de « s’intégrer de force », de faire « comme les hétéros » : se marier, fonder une famille, etc. « Des néoconvertis, plus catholiques que le Pape ! , sourit la féministe. Soit ils intérrogent modèle amoureux, sexuel, familial existant ; proposent d’autres modèles de pensée. Par exemple, que deux couples, l’un lesbien, l’autre gay, concoivent ensemble un projet parental. »

Le débat en cours ? « Tout monde entend ce qu’il veut bien ! Les « progressistes » se donnent bonne conscience. Mais n’y a t’il pas d’autres priorités ? Faire reculer l’homophobie, la précarité sociale, la discrimination à l’emploi... » Lesbienne tendance subversive, Irène Kaufer ? Sur la ligne de démarcation. Toujours.

(1) « Parcours féministe », coécrit avec Françoise Collin, éd. Labor, 2005.

http://abandon-adoption.hautetfort.com/homoparentalite/


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