Salut à tous , nous revoici débattre à ce sujet , et c’est pas plus mal , parce que très approprié , c’est le moment .
Deux points que j’aimerais relever .
Le premier , la gifle : Qu’est ce qu’une gifle ? La différence entre une gifle et un coup de poing par exemple , est que , si le second est destiné à atteindre l’integrité physique de la personne , à lui faire du mal , la gifle au contraire , a surtout pour but de cingler l’égo , elle est portée au visage en réponse à ce qui est ... sorti de la bouche , de ce même visage , ... et qui n’aurait pas du sortir . Elle est la réponse aux mots dont on se doit parfois d’arreter le flot. Elle est parfois le dernier rempart entre les mots et les coups, une limite encore sans danger pour l’integrité physique, .... ben rien à voir avec le ceinturon , donc , pas de panique.
La gifle comporte aussi une dimension humiliante , l’enfant qui pleure parce qu’il a pris une gifle , pleure parce qu’il est vexé et non parce qu’il a mal ( dans la mesure ou king kong n’a toujours pas rejoint l’education nationale ) . Cette gifle , dont Bayrou avait donné le mode d’emploi en live est souvent le moyen de stopper net , quelque chose de verbal ( plus rarement un acte ) qui est allé trop loin et qui , par nécessité , et j’insiste sur cette nécessité , ... doit s’arreter dans l’instant . Point , la gifle c’est tres pratique , celà n’empeche pas de donner des explications à un enfant lorsqu’il a retrouvé le calme , car sont souvent inutiles les tentatives de raisonnement pendant un débordement de violence , mais celà permet surtout de pouvoir continuer un cours par exemple , tout en signifiant deux choses . La première, que l’éleve est allé beaucoup trop loin , la seconde , celà signifie au reste de la classe qu’il ne vaut mieux pas y revenir ou commencer à prendre parti . Autorité nécessaire , ne pas sacrifier le cours d’une classe entiere pour les débordements d’un seul gamin , si les autorités s’en foutent , les parents aussi , les enseignants , eux le savent bien.
Deuxieme point , les parents :
Je discutais ce WE avec un pote parent d’éleve. Sur le cahier de correspondance du petit , le prof demande à son fils de faire une punition en expliquant le motif . Rien de grave . Le papa le voit çà , appelle son gamin , et lui demande , " pourquoi la maitresse a marqué çà , tu étais vraiment en train de ... ( le contenu importe peu ) ? L’enfant : Non , c’est pas vrai , c’est ... ( pareil , pas important ). Le pere apres avoir fait jurer l’enfant qu’il disait la vérité, " Bon , ben demain , on va aller voir la maitresse ".... sous entendu , demander ... des comptes .
Ce qui a changé :
Lorsque j’étais gamin , si mon pere apprenait que j’avais déconné, çà doublait la mise sans chercher à discuter même si la situation était discutable ... ce qui avait comme effet , de faire en sorte que ne pas passer par la colere de mon pere était devenu un souci quotidien ( je n’ai pas pris de coups , je précise ) , et compensaient un peu ma grosse envie de faire conneries sur conneries , surtout au college. Les parents comme les miens ne cherchaient pas à légiferer la relation enseignat / elève , ils remettaient leur confiance dans l’institution et je les en remercie. Aujourd’hui , les enseignants semblent etre devenus des personnes sous contrat avec leur institution , mais aussi avec les parents d’élève avec tous les problèmes que l’on évoque.La suite logique de tout ceci serait alors de les placer eux même sous contrat . A savoir , si le môme déborde et qu’il n’y a plus de moyen légal ET efficace de le corriger , le contrat serait alors rompu et les parents devraient alors .... le placer ailleurs, là où on voudrait bien de lui , ou payer pour l’enseignement privé qui est déjà une forme contractuelle d’éducation. Magnifique non ? .... ben non evidemment.
Et pourtant , celà est bien la preuve que les parents instrumentalisent leurs gosses pour se faire justice eux même, le panel de frustrations étant bien plus grand chez un adulte que chez l’enfant n’ayant pas encore de recul dans la vie pour etre lui même frustré ... de ne pas avoir réussi l’école par exemple.
L’enseignement deviendrait t il un contrat entre parent d’éleves et professeurs , une prestation payante soumise à conditions et individualisée que le premier élement en souffrance serait , comme le disait P.Villach , le contrat sçocial , et donc ici , l’enfant. Quelle socialisation peut il y avoir pour un enfant si un individu ne peut mettre sa progéniture dans une instituion en se disant que l’enseignant sait ce qu’il fait , en donnant sa confiance en un organe vital de sa propre societé ? L’individualisme a reclu les parents dans une responsabilité totale du devenir de leur enfant. Ils ne peuvent en faire l’éducation eux même, c’est un métier. Ils sont donc ... coincés dans une extremité du schéma individualiste. Ils n’ont donc , plus que la justice pour évacuer cette frustration. En attendant , je l’ai bien vu encore dans ma petite histoire du WE , le môme a juste à parler pour déclencher toute la cascade de réactions , dans une illusion parentale de protection , et pour un résultat que l’on connait , sinon , que l’on imagine , une individualisation de l’enfant , et donc , la culture de sa fragilité sociale.
Bonus : Comme je disais de fait à Mr Villach à l’occasion de son premier article , nous le voyons bien , si l’individualisation tue l’institution , le phénomène est encore plus acceleré par le fait qu’il y ait des représentations individuelles tres differentes de la justice . Dans certains milieux où l’on refuse l’état France et ses valeurs , où les cultures ne se sont pas encore brassées , où la pauvreté regne souvent en maitresse cruelle , on possede d’autres valeurs éducatives , plus proches de la demerde et de la survie, et la justice individuelle est alors articulée autour de celles ci . Celà ne simplifie pas la donne , bien au contraire.
Avec l’individualisme , on peut passer une vie sans rencontrer les autres représentants de son propre corps social . Et vient alors en problème , l’individualisation du sentiment de justice. L’enseignement , mais toutes les autres institutions connaissent ou devraient connaitre le probleme tot ou tard. Tout est donc une question de confiance qui n’est plus donnée dans le corps social. Si elle est diluée ou perdue , doit on l’abandonner ? Mon avis est non et il est ferme. il nous faut retrouver confiance en l’organisation collective des besoins individuels , dans les institutions. Et ceci est un autre débat n’est ce pas ? .....
GRL