Petite histoire personnelle, histoire d’illustrer le débat.
Bien que n’étant pas très âgé, j’ai personnellement connu les châtiments corporels dans une boîte de curés. A la moindre faute, nous étions ipso facto envoyés chez le préfet de discipline, un prêtre irlandais amateur de whiskey et de polars. La sanction : trois coups de baguette, infligés, pantalon baissé, sur le haut des cuisses, un peu en dessous des fesses. Encore faut-il savoir que ce brave homme disposait d’une collection de baguettes correspondant à la gravité des crimes, la plus grosse pour les fautes bénignes, la plus fine (et donc la plus cinglante et la plus marquante sur la peau) pour les fautes graves, genre : avoir lu un bouquin de Boris Vian ou reluqué les seins d’une starlette dans Ciné-Revue !
A l’évidence, ce type était un sadique. Mais sa perversion présentait des avantages, et notamment de pouvoir négocier l’échange d’un week-end de colle contre une quinzaine de coups de baguettes. A ce sujet, il faut savoir que nous n’avions que deux permissions par mois et qu’une colle équivalait à rester un mois complet sans sortir de l’Institution. C’est pourquoi, contrairement à la plupart de mes condisciples, il m’arrivait de choisir les coups. Il est vrai que j’étais très souvent sanctionné ! Pourtant, jamais je ne me suis plaint, pas plus que mes parents n’ont protesté.
Autres temps, autres mœurs ! J’avais treize ans et cela ne se passait pas dans l’Angleterre de Dickens, mais dans la campagne française, au début des années soixante !