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Commentaire de Céline Ertalif

sur Enseigner les sciences sociales en toute indépendance


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Céline Ertalif Céline Ertalif 5 février 2008 00:18

Bonjour aux profs rennais d’économie,

Je suis une bac B 1978, à Rennes. Votre CV m’a donc rappelée à quelques (bons) souvenirs.

Il y a une offensive idéologique patronale, assez rétrograde. Je partage ce sentiment. Néanmoins, certains commentaires lus ici - plus que l’article - nourrissent cette offensive autant qu’ils ne la combattent. Vous êtes contraints à la bagarre et à faire un apprentissage tactique, et ça ne s’apprend pas tout seul. J’ai deux observations à faire.

- la première, c’est que je n’approuve pas cette revendication de "science" économique. Certains économistes connus et reconnus la conteste d’ailleurs autant que moi. Sur cette pente, on en vient à l’académisme, vieux système d’autocongratulations qui décrit toujours plus facilement des rapports de pouvoir qu’une introuvable rationalité intellectuelle. Le point faible des élèves et des diplômés est à mon sens d’avoir le plus grand mal à faire les passerelles entre système comptable, finances publiques, et business... Etant plus versée dans les finances publiques, je suis toujours étonnée d’entendre dire n’importe quoi par exemple sur l’état de nos finances publiques nationales alors que nous n’avons pas la moindre lecture de l’actif et du passif des comptes de l’Etat à disposition. Ah oui, l’endettement de la France ma bonne dame... Non seulement, je ne comprends pas et c’est la morale finale de l’article que d’y voir voir l’essentiel, mais je ne sais pas l’essentiel puisque les données sont cachées. Et je crois que ceux qui parlent ne savent pas non plus !

- ma deuxième observation sera de dire que les sciences humaines sont toutes dans le champ de la subjectivité et qu’il serait bon de rappeler que la littérature, l’histoire, l’instruction civique et quelques autres matières ont été tout autant attaquées au regard de l’objectivité que l’économie. En général, le spectateur moyen regarde les cartes des départements et des pays du monde au JT de 20 heures sans le moindre recul critique parce qu’il est incapable d’identifier l’idéologie sur une carte. Cela en est pourtant souvent un concentré. Ce sont les mêmes téléspectateurs qui vous diront spontanément qu’ils ne veulent pas de politique dans l’école de leurs enfants. Rappelons-nous les discussions récentes sur l’histoire coloniale. Les attaques sur l’enseignement de l’économie à l’école traduisent d’abord l’obsession économique de notre société. Pas de quoi s’agiter, les enseignants d’économie devraient s’intéresser à la façon dont leurs collègues littéraires ou historiens ont répondu avec plus ou moins de bonheur aux mêmes types de critiques depuis des décennies.


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