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Commentaire de lmdhara

sur En prison pour du purin d'orties ?


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lmdhara (---.---.162.123) 20 septembre 2006 12:41

« Le sage montre la lune, l’ignorant regarde le doigt » C’est de Lao Tse, 3 siècles avant JC.

Il semble que vous n’évoquez que la partie émergée de l’iceberg !

Depuis belle lurete, les lois agricoles se font à Bruxelles et seuls les décrêts d’application sont nationnaux. Le problème, c’est que les fonctionnaires de Bruxelles sont très peu nombreux, contrairement à ce que l’on croit généralement, en tous cas en nombre très insuffisant par rapport au travail qu’on attend d’eux. Pour pallier à cette insuffisance, il a été établi de façon officielle des groupes de lobbying qui préparent les dossiers pour les parlementaires et les fonctionnaires. Il y a actuellement environ 3000 groupes employant plus de 10000 personnes, dont 500 fédérations européennes et internationales, 20 bureaux de représentation de collectivités locales, 100 bureaux de consultants et une centaine de cabinets d’avocats spécialisés. Le cercle des délégués permanents français à Bruxelles comprend 160 membres privés et publics (collectivités territoriales, organisations professionnelles, entreprises, avocats...).

La France entretient une suspiscion vis a vis du lobbying alors que nos « partenaires » ont moins d’état d’âme et jouent clairement le jeu, en tirant largement les bénéfices pour leurs ressortissants alors qu’avec nos idées « étroites », nous sommes TRES largement à la traine, donc largement pénalisés de ce fait, ne serait-ce que pour obtenir l’information au bon moment. Concernant les cabinets d’avocats, 30 sont belges, 28 sont anglais, 24 américains, 14 allemands et.... 6 français ! Concernant les associations professionnelles, 46 sont allemandes, 15 anglaises, 12 italiennes... et 9 françaises !

Faut-il continuer ?

L’arsenal de lois visant à protéger le consommateur et l’environnement a pris naissance après la crise de la « vache folle », en 1996. Le premier texte est le « Livre Blanc » qui définit les grandes orientations, puis ensuite, toutes les lois qui en découlent dans tous les secteurs de la consommation (donc de l’agriculture...). Concernant la santé et l’alimentation animale que je connais mieux par mon métier, les lois sont sorties en 2002 et 2003 et sont extrèmement contraignantes pour les producteurs. Si les analyses de substances indésirables imposées aux aliments du bétail étaient appliquées avec les même niveaux de rigueur aux produits alimentaires humains, je doute fort que nous ne puissions consommer une seule goutte de vin, même des plus grands crus !... Si on prend par exemple la luzerne, c’est un fourrage si la vache la consomme directement dans le champ, mais elle devient un médicament si on la fait macérer dans de l’eau ou de l’alcool, avec tout l’arsenal d’analyses et de dossiers de demande d’AMM que celà suppose... A titre d’information, un dossier d’AMM demande en moyenne 5 ans de travail à une équipe et pas moins de 500000 euros de budget. Alors, qui peut se permettre une telle dépense ? Sinon les grands groupes pharma ? Tout cela au nom de la sécurité alimentaire et de la défense du consommateur... La loi sur la phytopharmacie continue cette série et l’an prochain, ce sera la loi sur les compléments alimentaires qui aura pour effet de vider la moitié des spécialités des étagères car les producteurs n’auront pas les moyens de suivre les contraintes réglementaires.

Pour en revenir aux orties, je pense que c’est très bien que des fonctionnaires aient appliqué à la lettre ce texte de loi pour faire réagir et montrer l’énormité de la connerie du décrêt. Tout a fait d’accord pour contrôler les produits phytosanitaires qui pour la plupart sont de véritables poisons (la DLL50 = dose mortelle pour 50 % des individus soumis à l’essai, est de quelques miligrammes pour certains... Pour supprimer les chats de votre voisins qui deviennent trop envahissants, il suffit de mettre un demi dé à coudre de certains désherbants à betteraves dans un petit pâté et l’affaire est faite dans les 5 minutes...). Ce qui est contestable, c’est qu’il n’y a aucun dicernement entre les niveaux de dangers qu’ils représentent : ainsi, l’ortie est mise au même niveau que les pires poisons, ce qui décrédibilise complètement la loi. Mais n’est-ce pas voulu pour que le gouvernement jette le bébé avec l’eau du bain en retirant le décrêt, ce qui laisserait une paix royale à la phytopharmacie ?...

Louis Marie Durand


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