L’expression "salaire au mérite" est détestable, car le mérite n’est pas une grandeur mesurable. Le terme a été introduit en France par un obscur traducteur. Il s’agissait à l’origine de la méthode du "Merit Rating", très populaire dans les entreprises américaines. Si vous regardez un dictionnaire, vous verrez que merit signifie valeur.
Avec "valeur", nous ne sommes pas plus avancés. La valeur n’est pas non plus une grandeur mesurable. Pour contourner la difficulté, les Américains l’assimilent à un résultat chiffré, par exemple le nombre de voitures vendues par mois par un vendeur dans un garage. C’est la méthode des quotas.
Pour appliquer la méthode du Merit Rating à des ministres, le cabinet Mars & Co a dû déployer des trésors d’imagination. Mais ce n’est pas l’objet de cet article.
Le "mérite" d’un prof est évalué depuis longtemps, et tous les profs le savent bien. En effet dans les établissements publics, dans le primaire et le secondaire, chaque enseignant est évalué par le rectorat sur avis du chef d’établissement et d’après les rapports d’inspection. Les notes sont comprises entre 16 et 20, ce qui peut faire sourire, mais cela fait tout de même 5 niveaux d’appréciation. Elles pourraient aussi bien être comprises entre 1 et 5. La note de l’enseignant a une forte incidence sur son déroulement de carrière et sur sa rémunération.
La proposition de la commission Pochard n’apporte donc rien de nouveau, sauf peut-être un changement de vocabulaire.
Quant à juger un enseignant sur ses résultats, comme un vendeur de bagnoles, soyons sérieux. La véritable réussite d’un enseignant, c’est de parvenir à bien préparer ses élèves à la vie adulte.