@ Frère Jacques
Je ne conteste pas qu’une institution fonctionne par une distribution hiérarchiques des tâches. Mon article ne vise nullement la mise ne cause de ce type de structure nécessaire.
1- J’ai parlé de dysfonctionnements que tout enseignant rencontre dans une carrière. Or quel est le point commun de ceux que j’ai choisi de donner en exemples ? La violation des règles (lois et règlements) par une administration qui en a fait sa culture depuis des temps reculés.
- Il a fallu attendre le 8 février 1995 (sous Édouard Balladur, figurez-vous, et non sous la Gauche) pour qu’obligation soit faite à l’administration d’exécuter une décision de justice et que soit mis fin en principe à 205 années de "bon plaisir" de l’administration... Jusqu’à cette date, l’administration pouvait très bien refuser, sans encourir de sanction. Il est arrivé par exemple qu’un arrêté annulé par un TA soit aussitôt repris par le ministre de l’EN L. Jospin... "à seule fin de faire obstacle à une décision de justice", tonnera le TA devant qui le nouvel arrêté a été déféré !!! Une interprétation pervertie du fameux principe de la séparation des pouvoirs conduisait à mettre l’administration au-dessus de la loi.
- Je ne mets pas en cause les personnes qui entrent dans l’administration. Il en existe forcément de grande qualité. Le problème est que "la machine" les contraint à agir selon les usages d’une culture séculaire où le droit est indicatif et non impératif.
- Quand en plus l’instance de solution des conflits qu’on nomme institution juridictonnelle, qu’elle soit judiciaire ou administrative, n’hésite pas à tordre le droit pour éviter aux membres de l’administration d’être sanctionnés, étonnez-vous que la violation de la loi soit devenue une méthode comme une autre pour résoudre des problèmes immédiatement, puisque certitude il y a que le bougre qui en fait les frais, n’obtiendra l’annulation de la mesure qui le frappe - si tant est qu’il l’obtienne - que plusieurs années plus tard : le mal sera fait, tout retour en arrière (en cas de mutation par exemple) rendu impossible, et la réparation se limitera à quelques centaines d’Euros de dédommagement pour le préjudice subi.
- Connaissez-vous beaucoup d’honnêtes administrateurs qui, placés dans une telle situation aussi avantageuse de "pousse-à- la- violation- de- la- loi " puissent résister longtemps à la tentation de se débarrasser d’un problème par la violation de la loi, étant entendu, au surplus, qu’ils sont assurés de n’être jamais sanctionnés et que les menus dommages incombent au budget de l’État ?
Voilà tout le mal !
2- Parce que la taille d’un article - dont certains me reproche la longueur - ne me permet pas de m’étendre davantage, vous auriez tort de de croire que mes exemples constiutent des cas erratiques qui ne mettent pas en cause le fonctionnement globalement satisfaisant de cette administration.
- Votre incrédulité s’explique : jamais les médias ne parlent de ces dysfonctionnements de l’administration de l’Éducation nationale. Les uns le font par principe : on ne doit pas donner des arguments aux adversaires de l’École publique ! Les autres le font par intérêt : l’Éducation nationale est un réservoir d’abonnements de journaux et revues en tout genre considérable...
- Donc vous découvrez avec stupeur une réalité que vous ne pouviez soupçonner. Vous voulez être édifié ? J’ai écrit un livre dont le titre dit à lui seul ce que vous risquez d’y trouver : "Les infortunes du Savoir sous la cravache du Pouvoir". Pardonnez-moi cette publicité personnelle. Mais vous me forcez à vous montrer que je ne m’avance pas en rase campagne sans biscuit. Et je comprends que votre doute méthodique légitime a besoin lui aussi de faits tangibles pour admettre l’existence d’une réalité que vous ne soupçonniez pas. Paul Villach