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Commentaire de Anka

sur Je n'appellerai pas mon fils Enzo


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Anka 7 février 2008 15:08

Eh ben... Je ne m’attendais pas sur ce fil à tomber sur des commentaires aussi étranges (voire parfois choquants). Je ne vois vraiment pas en quoi le choix d’un prénom présumerait en quoi que ce soit de la volonté d’intégration des parents...

En tant qu’enseignante, je n’ai jamais croisé aucun collègue qui juge par avance un élève à partir de son prénom. Qu’il en reste encore trop qui jugent un élève à la qualité des résultats des grands frères et soeurs, oh que oui ! Il est toujours très agréable de fantasmer sur une liste de prénoms avant d’avoir la classe, et de se demander quels visages vont les porter. Alors quand la liste en question contient des prénoms que l’on n’a jamais entendu, ou quand un élève porte le même que vous, qu’un de vos proches, on est juste un peu plus curieux. Je ne me souviens pas avoir "saqué" un élève qui portait pourtant les mêmes noms et prénoms qu’un de mes ex, c’est dire si on a de la conscience professionnelle parfois ;)

Plus sérieusement, à ce propos, quelque chose m’a longtemps choquée, qui heureusement n’a apparemment plus cours, justement sans doute car les prénoms se sont diversifiés en France : J’ai grandit dans une petite "cité HLM" en campagne, où toutes mes copines étaient issues de l’immigration algérienne (elles étaient presque toutes kabyles) ; et je me suis vite étonnée d’entendre chez elles leurs parents les appeler par un autre prénom que celui que je leur connaissais. L’une d’entre elles l’avait choisi, elle aimait le prénom Laura, et c’était pour elle une façon de s’intégrer, elle en ressentait l’envie et tout le monde a respecté ce choix. Pour d’autres l’intégration ne passait pas par cette voie, et on avait fait plus que franciser leurs prénoms à la mairie, à l’arrivée, ou à l’inscription à l’école : on s’était permis de leur donner un prénom "type". Nombre d’entre elles s’appelaient donc Fadila ou Fatima (jolis prénoms au demeurant), au lieu de Delila, ou Djema.

Au collège, idem, mais cette fois, on avait changé de ville et je croisais surtout des espagnoles, qui étrangement s’appelaient toutes Paquita. On en avait 5 dans le collège, dont pas une ne portait ce prénom chez elle. Une forme de racisme bien crasse, que je n’ai plus constaté depuis des années et c’est tant mieux.

Croiser Moinaanrafa, Teiki, Andotiana, Aminata, c’est plutôt agréable, c’est même décidément un des grands bonheurs d’une rentrée des classes : entendre les élèves expliquer parfois d’où viennent leurs prénoms et me reprendre si je les prononce mal. Ca vaut sincèrement bien mieux que de les voir presque s’excuser de ce qu’ils sont, parce qu’avant la société, je crois vraiment que nous nous devons à nous-mêmes. Quelqu’un qui change son prénom parce que c’est sa façon d’embrasser un pays, je peux le comprendre, et chez une de mes amies cela prenait une forme vraiment émouvante, mais l’intégration est faite de chemins divers et ça n’est pas s’intégrer mieux ou moins bien que celui qui déjà immigré de longue date donne un prénom étranger à son gosse comme un écho venu d’ailleurs.  

 

 


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