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Commentaire de skirlet

sur Rapport européen du groupe d'intellectuels sur le plurilinguisme


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skirlet 8 février 2008 13:04

Estimata samideano, mi petas, restons polis et sans leçons de morale smiley D’ailleurs, relisez, je n’ai jamais dit que l’espéranto est interdit explicitement au bac. Mais d’une manière indirecte...

Voici la circulaire de Bérard :

"3 juin 1922. Circulaire ministérielle du 3 juin 1922 interdisant toute propagande en faveur de l’Espéranto.

 Depuis quelques temps on me signale qu’une propagande des plus actives est faite, tant auprès des élèves des établissements d’enseignement qu’auprès des maîtres, en faveur de l’Espéranto. J’ai même été saisi, à plusieurs reprises, de demandes émanant de corps constitués ou d’Associations, tendant à faire figurer l’Espéranto au nombre des matières qui sont enseignées dans les établissements de l’enseignement primaire, de l’enseignement secondaire et de l’enseignement technique. C’est pourquoi j’estime que le moment est venu d’examiner la question de l’Espéranto dans ses rapports avec l’enseignement public.

 Je suis absolument convaincu que l’Espéranto n’a aucun titre à figurer dans l’enseignement. Les raisons qui ont fait introduire de plus en plus les diverses langues vivantes dans les programmes n’existent pas pour l’Espéranto. Pour admettre l’enseignement d’une langue dans nos classes, il faut qu’elle ait à la fois un usage très répandu et une littérature digne de ce nom. L’Espéranto n’a ni l’un ni l’autre.

 Je n’insiste pas ici sur le caractère artificiel de l’Espéranto. Quels que soient les avantages pratiques pour les relations commerciales que peut avoir un instrument qui, en ce cas, n’a la valeur que d’un code télégraphique, il est absolument chimérique de penser qu’un jour prochain, la plupart des hommes arriveront malgré leurs mentalités si diverses et leurs aptitudes linguistiques si différentes, à prononcer les mêmes sons de la même façon et à donner les mêmes sens aux mêmes mots.

 Je crois aujourd’hui devoir appeler votre attention sur les dangers que l’enseignement de l’Espéranto me parait présenter dans les circonstances que nous traversons. Il serait fâcheux que l’éducation à base de culture latine que nous défendons puisse être amoindrie par le développement d’une langue artificielle qui séduit par sa facilité. Le français sera toujours la langue de la civilisation et, en même temps, le meilleur moyen de divulguer une littérature incomparable et de servir à l’expansion de la pensée française. J’ajoute, au point de vue strictement universitaire, que le développement de l’Espéranto nuit à l’enseignement des langues vivantes encore trop peu répandu et trop peu efficace.

 Aussi bien, les dangers de l’Espéranto semblent s’être accrus depuis ces derniers temps. Des organisations internationales, qui ont leur siège à l’étranger, s’efforcent de dévevelopper les relations entre les groupes espérantistes des divers pays. D’après les documents que publient certains de ces organismes, le but de cette propagande ne serait pas tant de simplifier les relations linguistiques entre les peuples, que de supprimer, dans la formation de la pensée, chez l’enfant et chez l’homme, la raison d’être d’une culture nationale.

 Ces groupements visent surtout l’esprit latin et, en particulier, le génie français. Suivant l’expression même d’un espérantiste, il s’agit de créer la séparation de la langue et de la patrie. L’Espéranto devient donc l’instrument d’action d’un internationalisme systématique, ennemi des langues nationales et de toutes les pensées originales qui expriment leur développement.

 Ces données aident à comprendre l’intérêt que certains groupements suspects attachent à l’Espéranto et l’intensité de la propagande que leurs adeptes, conscients ou non, déploient en faveur de son enseignement officiel et obligatoire. Il n’y a pas lieu, naturellement, de mettre en doute la bonne foi de nombreux Français, souvent éminents, qui n’ont jamais vu en l’Espéranto qu’un instrument pratique de correspondance.

 Pour ces diverses raisons, je vous prie d’attirer l’attention des parents et des élèves des établissements qui sont placés sous votre autorité sur la propagande espérantiste. Vous vous attacherez à leur démontrer, en revanche, l’importance et le caractère indispensable de l’étude des langues vivantes pour la formation des jeunes Français. Je vous prie également d’avertir les professeurs et les maîtres d’avoir à s’abstenir de toute propagande espérantiste auprès de leurs élèves. Vous inviterez les chefs d’établissements à refuser d’une manière absolue le prêt des locaux de leurs établissements à des Associations ou des organisations qui s’en serviraient pour organiser des cours ou des conférences se rapportant à l’Espéranto.

Léon BERARD"
 

Voici celle de Jean Zay :

"11 octobre 1938. "Circulaire Jean Zay".

Lettre du ministère de l’EDUCATION NATIONALE - Direction Générale de l’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE (3e Bureau) et Direction de l’enseignement du Second Degré (1er Bureau)

Le ministre de l’EDUCATION NATIONALE

à Messieurs les RECTEURS.


 Mon attention a été appelée, à diverses reprises, sur l’intérêt que présente, dès maintenant, et que présentera davantage encore dans l’avenir, la connaissance de l’espéranto, langue auxiliaire susceptible de faciliter les relations aussi bien entre les intellectuels qu’entre les commerçants et les techniciens des diverses Nations.

 J’ai l’honneur de vous faire connaître qu’il me parait souhaitable de faciliter le développement des études espérantistes. Certes, il ne peut être question de donner à l’enseignement de l’espéranto une place dans les horaires des études obligatoires de nos Etablissements d’enseignement du second degré et dans nos Ecoles techniques. Mais si des cours facultatifs d’espéranto peuvent être institués, je n’y verrai que des avantages. On peut l’admettre aux loisirs dirigés.

 Je vous serais obligé de porter ces instructions à la connaissance des Chefs d’Etablissement scolaire de votre académie."

Un "loisir dirigé" peut-il faire admis en option au bac ? Il est possible que oui. Il est possible qu’il y a un flou juridique. Mais ça ne change rien au fait que l’espéranto est la seule langue (naturelle ou construite) qui est frappée en France d’une telle interdiction.

Par ailleurs, les réponses successives concernant l’espéranto en option au bac sont des copier-coller fallacieux. Les prétextes sont "y a déjà tout plein de langues en option" (dont le nombre n’a cessé de croître, mais l’espéranto n’a jamais la place dedans), et "l’absence de culture" (ce qui est faux, mais je ne vais pas m’étendre là-dessus, vous êtes au courant, tout comme moi smiley )


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