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Accueil du site > Tribune Libre > Rapport européen du groupe d’intellectuels sur le plurilinguisme

Rapport européen du groupe d’intellectuels sur le plurilinguisme

Le groupe d’intellectuels présidé par M. Amin Maalouf, constitué pour conseiller la Commission sur le plurilinguisme, dans le cadre de l’année 2008 du dialogue interculturel, a présenté son rapport, intitulé « Un défi salutaire », au commissaire Orban.

Rapport disponible en français.

Le site de l’APLV en fait une présentation neutre.

Le commissaire Orban, lui, est enthousiaste.

1. Les points principaux

— Le rapport met l’accent sur les relations bilatérales entre deux pays et deux peuples, chaque pays - ou langue - devant disposer d’un nombre suffisant de locuteurs bilingues de haut niveau dans ces deux langues.

— Le groupe propose la notion de "langue personnelle adoptive", à considérer comme une "seconde langue maternelle" que chaque citoyen devrait apprendre, qui serait intégrée tout au long de la vie scolaire, universitaire, professionnelle ou même à la retraite.

— Pour les immigrants, la langue personnelle adoptive serait, en règle générale, celle du pays où ils ont choisi de s’établir. Les langues d’origine des immigrants de pays hors-UE devraient aussi faire partie des langues possibles pour les Européens comme LPA.

— Les anglophones natifs seraient incités à adopter une telle "seconde langue maternelle" afin de ne pas demeurer monolingues.

— Le rapport recommande que les pays constituent des instituts ou organismes communs qui soutiendraient ces duos de langues et les diverses actions destinées à favoriser leurs enseignements (partenariats, échanges, jumelages, etc.).

— Ce rapport a choisi une voie "ambitieuse et réaliste", en tout cas suffisamment ambitieuse pour envisager que l’UE montre au monde comment résoudre la question de la communication : "Nous la croyons même en mesure d’offrir à l’humanité entière le modèle d’une identité fondée sur la diversité."

— Quant aux détails pratiques, ils n’ont pas été jugés du ressort de ce groupe de réflexion : "Dans le cadre de ce rapport, nous n’avons pas cherché à énumérer les mesures à prendre pour traduire sur le terrain l’orientation que nous préconisons. Il nous a semblé qu’à ce stade, il fallait d’abord fixer un cap et tenter de convaincre nos concitoyens et nos dirigeants de sa pertinence."

2. Nos remarques

— Recommander qu’une deuxième langue étrangère soit enseignée beaucoup plus intensivement que la première, qualifiée, elle, de langue de communication, il fallait y penser !

— Il faudra convaincre les parents et les enfants plus grands d’apprendre plus intensément cette troisième langue que la langue de communication, le plus souvent l’anglais. Par la force ?

— Si les anglophones natifs sont effectivement incités à choisir et apprendre eux aussi cette langue adoptive, il n’en reste pas moins que les anglophones ne seraient tenus que d’apprendre une seule langue étrangère à un bon niveau, quand tous les autres (95 % de la planète) devraient en apprendre deux ! Ce rapport entérine cette injustice flagrante.

— Le statut de l’anglais, lingua franca officieuse de l’UE ou langue de communication majoritairement choisie - ou imposée - n’est pas remis en cause, même si le rapport juge préférable que certains choisissent comme langue de communication une autre langue que l’anglais. Ce thème, pourtant central lorsqu’on plaide pour la diversité linguistique dans l’UE, n’est pas réellement débattu.

— Selon le site "l’Observatoire du plurilinguisme", la version anglaise est sortie six mois avant les autres langues : incroyable maladresse pour un rapport sur le plurilinguisme ou confirmation du double jeu de la Commission vis-à-vis des langues de l’Union ?

— Pour penser que tous les Européens ont envie d’apprendre une langue aussi intensément que leur langue maternelle, il faut être déconnecté du monde réel ! Si les pays à plusieurs langues officielles ont des difficultés, c’est justement parce que l’engagement d’apprendre celle(s) des autres communautés est rarement respecté ou seulement par une connaissance rudimentaire de celles-ci.

— Le rapport oublie que les pays et les régions n’ont pas tous les mêmes intérêts stratégiques et linguistiques, les mêmes zones d’influence, et que leurs choix de langues sont différents (flamand, catalan, finnois, etc.)

— Dans ces pays plurilingues, très peu de citoyens sont réellement d’un niveau "seconde langue maternelle" dans l’autre langue nationale, alors comment imaginer qu’on puisse appliquer à grande échelle ce qu’on ne réussit même pas à une échelle bien plus modeste ?

— Ouvrir le choix de cette seconde langue maternelle à des langues non-européennes est certes ambitieux, mais complique encore un problème que l’on n’arrive déjà pas à résoudre au sein de l’UE.

— Le rapport condescend à reconnaître que de nombreux problèmes logistiques se poseraient pour offrir le choix de cette LPA, et ne voit de solution miracle que dans la technologie :

"Cela suppose sans doute une unification des horaires, afin que les mêmes tranches soient consacrées à l’apprentissage des langues dans plusieurs pays à la fois ; à ces heures-là, chaque élève européen se brancherait sur son propre cours de grec, de néerlandais, de roumain, ou d’estonien."

On voit le "réalisme" de ces propositions et le sens pratique ou l’expérience du terrain et de l’enseignement des langues.

— De toute façon, les modalités pratiques n’ont pas été jugées du ressort de cette commission :

"Dans le cadre de ce rapport, nous n’avons pas cherché à énumérer les mesures à prendre pour traduire sur le terrain l’orientation que nous préconisons. Il nous a semblé qu’à ce stade, il fallait d’abord fixer un cap et tenter de convaincre nos concitoyens et nos dirigeants de sa pertinence."

Ce parti pris affiché de rester sur les hauteurs conceptuelles et de ne pas mettre les mains dans le cambouis empêche à notre avis de percevoir à quel point ce projet est déconnecté du monde réel.

— Le rapport reconnaît que le choix d’une LPA ne serait pas toujours un vrai choix, puisque celui des parents. Il convient donc que l’enfant puisse en changer en cours de route. Faudra-t-il signer des formulaires, comme lorsqu’on change d’identité ? N’est-ce pas un peu bureaucratique comme projet ?

"Sans doute le libre choix d’une langue personnelle adoptive ne pourra-t-il pas toujours se faire une fois pour toutes. Il sera généralement effectué, pour les jeunes enfants, par les parents et par l’école plutôt que par l’élève lui-même."

Ce passage ambigu rappelle donc entre les lignes que le libre choix des langues existe rarement, aucune école n’offrant une large palette de langues. Certains pays, comme l’Italie, le Portugal, certains pays nordiques ou la France imposant même telle ou telle langue au primaire, le plus souvent l’anglais.

Ces intellectuels semblent donc entériner la notion d’arbitraire, accepter que parfois le choix soit fait non par les parents, mais par l’école, ce qui ne manque pas d’étonner. La notion de liberté est-elle incompatible avec l’UE ?

Pourtant, dans un passage du rapport on sent un rafraîchissant souffle de liberté : "L’un des avantages de l’approche que nous préconisons, c’est qu’elle n’a pas besoin, pour être mise en place, d’attendre que tous les décideurs nationaux ou communautaires se soient prononcés. Chaque personne peut prendre la décision de choisir sa langue personnelle adoptive ; chaque pays, chaque ville, chaque commune, chaque entreprise, chaque institution pédagogique peut prendre des initiatives allant dans ce sens. A titre d’exemple, une institution scolaire pourrait décider d’introduire dans son programme une langue ’inattendue’, distinctive, ne faisant pas partie de celles qu’on y enseignait d’ordinaire."

Rappelons que l’espéranto est toujours interdit en France au bac et fortement déconseillé aux chefs d’établissement qui souhaiteraient lancer quelques cours extra-scolaires dans leurs locaux. Cet appel à une rébellion de la base est comme le coin de ciel bleu que voit de sa cellule un prisonnier politique !

— Le rapport formule "(...) le souhait que deux langues étrangères soient enseignées dans chaque pays dès le plus jeune âge", alors même qu’aucune étude scientifique n’a montré d’avantages à l’enseignement précoce, hormis une plus grande facilité musicale, qualité que le projet européen FEEL d’apprentissage de phrases et d’alphabets d’une dizaine de langues européennes suffirait à développer à l’école primaire, en respectant une vraie diversité et un vrai choix ultérieur de langues étrangères.

— Une fois de plus, il nous semble qu’on sous-estime l’immense travail qu’est l’apprentissage d’une langue étrangère et on reste dans l’illusion que des centaines de millions de personnes vont atteindre un niveau C1 du CECR dans cette seconde langue personnelle adoptive.

— C’est dans sa propre langue qu’on pense le mieux ; on néglige cet aspect en prônant l’enseignement de certaines matières directement dans cette troisième langue (LPA), en se calquant sur des filières d’élite ou spécialisées comme les sections européennes ou les programmes Emile (qui marquent le pas pour ces raisons et pour d’évidentes difficultés logistiques). Alors même que l’Unesco commence à considérer que recevoir un enseignement dans sa propre langue pourrait être un droit.

Chaque parent se demandera aussi - pourquoi l’enseignement est renforcé dans cette LPA et non dans la langue de communication choisie (ou imposée) en LV1, l’anglais ! Va-t-on imposer cet apprentissage dans une langue troisième, sous peine de perdre les allocations familiales, par exemple ? Genre : "nous allons faire le bonheur de vos enfants, de gré ou de force !"

— Le rapport néglige les nombreux avis autorisés pour lesquels la simple présence de l’anglais, que ce soit en LV1 ou LV2, ôte toute motivation réelle de travailler intensément une autre langue, car la première langue étrangère demande déjà énormément de travail. Là encore, on retrouve l’habituelle sous-estimation de la difficulté des langues étrangères quand on vise un bon niveau, alors que cette LPA envisage un niveau proche de celui de sa langue maternelle !

— Ce rapport bénéficie déjà de présentations détaillées, de commentaires favorables du commissaire Orban dans les médias, alors que d’autres ont été totalement passés sous silence, comme le premier qui fut commandé par l’UE sur l’apprentissage précoce des langues, qui était très prudent et a ensuite été remplacé par un nouveau rapport ! De même, le rapport Grin sur le coût économique des différentes solutions à la communication dans l’UE a-t-il été boycotté et par l’UE et par les médias français...

Il y a donc deux types de rapports : ceux qui sont conformes au dogme, qui ne remettent pas en cause - ou si peu - la position de l’anglais comme langue de communication dans l’UE, et les autres, qui osent envisager d’autres voies à explorer et sont mis au placard !

— Dernier point et non des moindres : ce rapport est entièrement basé sur la notion de relations bilatérales entre pays et entre peuples, écartant de fait toute réflexion sur le dialogue entre Européens, notion pourtant essentielle à la construction et à l’intégration européennes.

Toute la réflexion est consacrée à cette troisième langue, LPA, alors que la question de la seconde langue étrangère ou langue de communication est délaissée. L’ouverture du rôle de langue véhiculaire à d’autres langues que l’anglais est certes mentionnée, mais sans plus... Négliger la question centrale, il fallait y penser !

— "Elle pourrait même donner à la construction européenne un nouvel élan, un nouveau souffle."

Leur conclusion, au moins, ne manque pas de souffle !

Si nous étions méchants, nous demanderions s’il a bien été vérifié que tous les membres de ce groupe d’intellectuels étaient bien des intellectuels ! Non, je déconne, on voit très bien que ce sont des intellectuels, car ils n’ont aucun sens pratique...

L’un des membres est pourtant un ancien directeur du British Council, à qui aucune notion stratégique en matière de guerre des langues n’est étrangère.

Disons que ce rapport est le fruit de l’ambiguïté de la situation et du refus de débattre de la question centrale : celle de la langue de communication, l’anglais, que le rapport semble parfois entériner dans ce rôle, tout en suggérant que d’autres langues puissent tenir ce rôle. On s’y perd un peu.

Quant aux trois idées maîtresses du rapport - la notion de langue personnelle adoptive (deuxième langue étrangère), l’importance des relations bilatérales entre langues et/ou pays et la création d’instituts bilatéraux - elles nous semblent inapplicables et théoriques.

L’UE a une longue expérience en matière d’usines à gaz, mais il est à notre avis peu probable que ces instituts bilatéraux de langues partenaires (26 instituts par pays ?) voient le jour.

En toute immodestie, nous signalons à toute personne réellement intéressée par la diversité linguistique et soucieuse de respecter la liberté de choix des langues, que nous avons formulé une proposition de réforme de l’enseignement des langues en France plus simple, plus efficace et moins coûteuse.

Seul défaut, elle ne provient pas d’un groupe d’intellectuels, mais d’un simple quidam, espérantophone en plus, rien n’est parfait.


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15 réactions à cet article    


  • Cris Wilkinson Cris Wilkinson 6 février 2008 10:27

    Si on parle de plurilinguisme, i faut que cela soit pour tout les états, et que cela soit fait au même niveau.

    Si un pays "majeur" ne fait aucun effort dans ce sens, il faudra interdire l’apprentissage de sa langue dans tous les autres pays de l’UE.

    Mais bon, sous couvert d’apprendre l’anglais aux européens, on leur apprend l’américain. Déjà qu’à la base on veut nous faire apprendre une langue ayant peu de vocabulaire et une construction linguistique pourrit, enfin de compte, on nous fait apprendre sa version édulcoré, encore plus pauvre.


    • Hermes esperantulo 6 février 2008 10:36

      Pour faire l’affaire des langues c’est comme l’affiare des vaches laitières, un beau plantage qui coute cher


      • Hermes esperantulo 6 février 2008 11:04

        etonnament , il n’est pas précisé le niveau de la seconde langue "maternelle" donc on ne sait pas réellement que que l’on veut en gros on entretient un flou artistique pour ne pas entrer dans le détail et donc on evite par cela la désilusion.

        Par exemple si on dit une seconde langue en niveau A2 houa quelle inovation !!!!, c’est ce que l’on fait actuellement pour un resultat de comunication minable.

        Aller courage montons le niveau B2, c’est bien c’est ce que l’on fait avesc le basic anglais on se debrouille mais on ne parle pas vraiment avec un autre européen de beaucoup de sujets

        Aller encore du courage C1, là on peut discuter mais il faut une formation continue, des études en fac pour atteindre ce niveau donc tous le monde n’y aupa pas droit, quelle démocratie.

        et continuons dans l’analyse, si on veut une langue seconde comme stipuler par nos intelectuels autre que l’anglais, la personne qui parle polonais et l’autre francais en seconde langue ne pourrons pas communiquer qui en plus si on met angalis en troisieme langue le niveau ne serat pas le même que celui qui la’a pris en langue seconde, donc une incapacité de comuniquer malgrer la même langue

        donc le multilinguisme c’est beau c’est joli c’est démocratique, mais c’est irréaliste de maniere pratique, sourtout avec les pays déjà multilingues on n’y arrive pas alors pour l’europe au secours


        • Hermes esperantulo 6 février 2008 11:19

          Après avoir lu l’ensemble des rapports, aucun chiffrage, aucune étude sur le terrain, c’est bien domage, en fait ce rapport d’intelectuel n’est que de l’intellectuel, c’est juste pour donner une direction un cap sans aucun projet concret, c’est comme si je vous disait tiens j’ai envie de faire une maison ecologique, mais sans avoir chiffrer ce que je peux faire avec un certain budjet, c’est des "peut-être que", en gros juste d’une envie européenne qui existe bien avant que ces cher intelectuelles le disent comme il a été dit dans le deuxieme article des droits de l’homme "égalité des langues" si je ne me trompe pas trop


          • Hermes esperantulo 6 février 2008 11:25

            quand je lis le rapport la langue adoptive,n’est qu’un hobbi au final, un jour j’apprend l’anglais et le lendemain le polonais, puis le hongrie, oui donc ce qui se fait déjà, aps de grande nouveauté alors


          • Hermes esperantulo 6 février 2008 12:27

            Personellment voici dont je peux me considérer polyglotte, sans aucun curseur de niveau indiquant le minimum, je peux me permmetre de dire que je suis un grand polyglotte et oui je maitrise le francais, l’anglais, l’esperanto, le russe, le latin, l’italien et l’espagnol, et dernierment l’allemand ainsi que le chinois selon la conception du rapport de ses intelectuels

            Maintenant placons un curseur ,

            on va dire le niveau A2, et bien je reste encore polyglotte, par mon francais, l’anglais, l’esperanto, le russe, l’italien et l’espagnol, et bien je maitrise alors 6 langues

            maintenant le curseur sur le niveau B2, je matrise alors le francais, l’anglais et l’esperanto donc super je suis encore polyglotte en fait trilingue,

            et pour finir le curseur sur C1, je suis billingue francais-esperanto

            donc on peut voir suivant le curseur que le polyglotisme est très variable

            alors maintenant pour moi ,la conception du polyglotte de base se situe au minimum à C1, pourquoi tout simplement c’est au moins à ce niveau on l’on peut presque ressentir que l’on parle à un autre européen comme quand on parle à un compatriote, c’est à ce niveau minimum que l’on peut avoir une interaction réel avec un autre individu

            dans mes connaissance, ceux qui ont vraimant appris à connaitre un peu la cuture d’un pays ou d’un peuple avait soit une maitrise de langue au mions à C1 ou alors lors de voyage toutristique avec un guide traducteur, pour les autres cela est toujous resté superficiel car de nombreux aspects basiques n’ont à été abordés, alors dans ma conception de polygotisme, je peux me tromper je suis comme tout le monde humain, mais actuellement les rencontre que j’ai eu m’ont conduit à cette conclusion


          • Kristof 6 février 2008 14:14

            Il est faux de prétendre que l’espéranto est interdit au baccalauréat. La réalité est différente.

            L’espéranto n’est pas reconnu comme option facultative au baccalauréat. Certains parlementaires ont occasionnellement interrogés divers gouvernements (droite et gauche confondues) sur cette question. Chaque réponse qui leur a été faite est resté invariablement négative, et même presque un simple copier/coller de la précédente.

            Mais de là à affirmer qu’il y a une interdiction sur l’espéranto, c’est aller trop loin. Il y a une différence entre l’absence de reconnaissance officielle, et l’interdiction explicite.


            • Krokodilo Krokodilo 6 février 2008 15:56

              Pas interdit, mais non autorisé, la nuance est subtile, c’est un peu comme l’anglais au primaire, non imposé mais sans autre choix possible dans la majorité des cas.

               

              En outre, la circulaire Bérard datant de Mathusalem a-t-elle été abolie ? Avez-vous des éléments à ce sujet ? Il n’y a qu’en France qu’une langue soutenue par un prix Nobel d’économie, par des personnalités diverses (Jacquard entre autres), par des députés européens, peut être sempiternellement refusée en otpion au bac, alors même qu’on augmente toujours plus le nombre possible - une cinquantaine je crois.


            • seespan 6 février 2008 15:56

              Il y a eu une interdiction de l’esperanto en france quand le français etait la langue internationnale.

              Actuellement c’est plus un probleme d’inertie mentale. L’interdiction d’enseigner l’esperanto c’est transformé en simple non reconnaissance officielle ( on peut l’enseigner mais en dehors des heures de cours et il n’est pas reconnue comme une matiere ). A ma connaissance il n’y a aucune raison valable pour refuser l’esperanto comme option facultative au bac.


            • skirlet 6 février 2008 19:15

              La circulaire Berard a interdit l’espéranto dans les écoles. La circulaire de Jean Zay l’a partiellement abolie, en permettant l’espéranto dans le cadre périscolaire. Le bac étant le cadre scolaire, l’espéranto reste interdit au bac. CQFD


            • Kristof 8 février 2008 12:20

              Vous ne ferez rien progresser par des sophismes.

              Une interdiction est un toujours positive et explicite. Je vous défie de me montre le document officiel qui stipule que l’espéranto est interdit au baccalauréat. Aucune matière n’est déclarée "interdite au baccalauréat", c’est un non-sens.

              Il existe de meilleurs arguments pour défendre l’espéranto que la déformation des faits.

              http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8 ;s=1019450475 ;


            • skirlet 8 février 2008 13:04

              Estimata samideano, mi petas, restons polis et sans leçons de morale smiley D’ailleurs, relisez, je n’ai jamais dit que l’espéranto est interdit explicitement au bac. Mais d’une manière indirecte...

              Voici la circulaire de Bérard :

              "3 juin 1922. Circulaire ministérielle du 3 juin 1922 interdisant toute propagande en faveur de l’Espéranto.

               Depuis quelques temps on me signale qu’une propagande des plus actives est faite, tant auprès des élèves des établissements d’enseignement qu’auprès des maîtres, en faveur de l’Espéranto. J’ai même été saisi, à plusieurs reprises, de demandes émanant de corps constitués ou d’Associations, tendant à faire figurer l’Espéranto au nombre des matières qui sont enseignées dans les établissements de l’enseignement primaire, de l’enseignement secondaire et de l’enseignement technique. C’est pourquoi j’estime que le moment est venu d’examiner la question de l’Espéranto dans ses rapports avec l’enseignement public.

               Je suis absolument convaincu que l’Espéranto n’a aucun titre à figurer dans l’enseignement. Les raisons qui ont fait introduire de plus en plus les diverses langues vivantes dans les programmes n’existent pas pour l’Espéranto. Pour admettre l’enseignement d’une langue dans nos classes, il faut qu’elle ait à la fois un usage très répandu et une littérature digne de ce nom. L’Espéranto n’a ni l’un ni l’autre.

               Je n’insiste pas ici sur le caractère artificiel de l’Espéranto. Quels que soient les avantages pratiques pour les relations commerciales que peut avoir un instrument qui, en ce cas, n’a la valeur que d’un code télégraphique, il est absolument chimérique de penser qu’un jour prochain, la plupart des hommes arriveront malgré leurs mentalités si diverses et leurs aptitudes linguistiques si différentes, à prononcer les mêmes sons de la même façon et à donner les mêmes sens aux mêmes mots.

               Je crois aujourd’hui devoir appeler votre attention sur les dangers que l’enseignement de l’Espéranto me parait présenter dans les circonstances que nous traversons. Il serait fâcheux que l’éducation à base de culture latine que nous défendons puisse être amoindrie par le développement d’une langue artificielle qui séduit par sa facilité. Le français sera toujours la langue de la civilisation et, en même temps, le meilleur moyen de divulguer une littérature incomparable et de servir à l’expansion de la pensée française. J’ajoute, au point de vue strictement universitaire, que le développement de l’Espéranto nuit à l’enseignement des langues vivantes encore trop peu répandu et trop peu efficace.

               Aussi bien, les dangers de l’Espéranto semblent s’être accrus depuis ces derniers temps. Des organisations internationales, qui ont leur siège à l’étranger, s’efforcent de dévevelopper les relations entre les groupes espérantistes des divers pays. D’après les documents que publient certains de ces organismes, le but de cette propagande ne serait pas tant de simplifier les relations linguistiques entre les peuples, que de supprimer, dans la formation de la pensée, chez l’enfant et chez l’homme, la raison d’être d’une culture nationale.

               Ces groupements visent surtout l’esprit latin et, en particulier, le génie français. Suivant l’expression même d’un espérantiste, il s’agit de créer la séparation de la langue et de la patrie. L’Espéranto devient donc l’instrument d’action d’un internationalisme systématique, ennemi des langues nationales et de toutes les pensées originales qui expriment leur développement.

               Ces données aident à comprendre l’intérêt que certains groupements suspects attachent à l’Espéranto et l’intensité de la propagande que leurs adeptes, conscients ou non, déploient en faveur de son enseignement officiel et obligatoire. Il n’y a pas lieu, naturellement, de mettre en doute la bonne foi de nombreux Français, souvent éminents, qui n’ont jamais vu en l’Espéranto qu’un instrument pratique de correspondance.

               Pour ces diverses raisons, je vous prie d’attirer l’attention des parents et des élèves des établissements qui sont placés sous votre autorité sur la propagande espérantiste. Vous vous attacherez à leur démontrer, en revanche, l’importance et le caractère indispensable de l’étude des langues vivantes pour la formation des jeunes Français. Je vous prie également d’avertir les professeurs et les maîtres d’avoir à s’abstenir de toute propagande espérantiste auprès de leurs élèves. Vous inviterez les chefs d’établissements à refuser d’une manière absolue le prêt des locaux de leurs établissements à des Associations ou des organisations qui s’en serviraient pour organiser des cours ou des conférences se rapportant à l’Espéranto.

              Léon BERARD"
               

              Voici celle de Jean Zay :

              "11 octobre 1938. "Circulaire Jean Zay".

              Lettre du ministère de l’EDUCATION NATIONALE - Direction Générale de l’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE (3e Bureau) et Direction de l’enseignement du Second Degré (1er Bureau)

              Le ministre de l’EDUCATION NATIONALE

              à Messieurs les RECTEURS.


               Mon attention a été appelée, à diverses reprises, sur l’intérêt que présente, dès maintenant, et que présentera davantage encore dans l’avenir, la connaissance de l’espéranto, langue auxiliaire susceptible de faciliter les relations aussi bien entre les intellectuels qu’entre les commerçants et les techniciens des diverses Nations.

               J’ai l’honneur de vous faire connaître qu’il me parait souhaitable de faciliter le développement des études espérantistes. Certes, il ne peut être question de donner à l’enseignement de l’espéranto une place dans les horaires des études obligatoires de nos Etablissements d’enseignement du second degré et dans nos Ecoles techniques. Mais si des cours facultatifs d’espéranto peuvent être institués, je n’y verrai que des avantages. On peut l’admettre aux loisirs dirigés.

               Je vous serais obligé de porter ces instructions à la connaissance des Chefs d’Etablissement scolaire de votre académie."

              Un "loisir dirigé" peut-il faire admis en option au bac ? Il est possible que oui. Il est possible qu’il y a un flou juridique. Mais ça ne change rien au fait que l’espéranto est la seule langue (naturelle ou construite) qui est frappée en France d’une telle interdiction.

              Par ailleurs, les réponses successives concernant l’espéranto en option au bac sont des copier-coller fallacieux. Les prétextes sont "y a déjà tout plein de langues en option" (dont le nombre n’a cessé de croître, mais l’espéranto n’a jamais la place dedans), et "l’absence de culture" (ce qui est faux, mais je ne vais pas m’étendre là-dessus, vous êtes au courant, tout comme moi smiley )


            • skirlet 8 février 2008 13:05

              Erratum : au lieu de "faire admis" lire "être admis".


            • sanremoise 6 février 2008 18:45

               Tous ces intellectuels ont du temps ..à perdre

               Mais je voudrais bien les voir communiquer entre eux  !Et comme la commission européenne est à la solde de l’anglais américanisé , personne ne veut gêner l’hégémonie de cette langue

               Expiquez - moi pourquoi en France un décret est passé sans concertation , sans étude  ; il oblige l’élève de 6 ème à continuer en 1ere langue celle apprise en primaire MAIS le collège n’ offre que l’anglais en 1ère langue ! La boucle est bouclée ...

               


              • Krokodilo Krokodilo 7 février 2008 09:15

                Effectivement, il n’est pas précisé de quelle façon ils ont travaillé, si on leur a fourni quelques interprètes. Seule indication : "une série de réunions".

                 

                Pour la 6e, je crois qu’il s’agit plutôt de recommandations que d’un décret, mais effectivement, cette recommandation de "choisir" la langue qui a été commencée au primaire ne fait qu’amplifier l’hégémonie de l’anglais, puisque c’est cette langue qui est majoritaiorement imposée au primaire. CQFD.

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