Certains pensent qu’il est impossible d’évaluer objectivement un oeuvre d’art, soit il un tableau, un roman, un poème, une sonate, ou une architecture. Ils affirment que tout jugement n’est que subjectif, l’équivalent de « je ne comprends rien à la peinture mais je sais ce que j’aime ! ». S’ils ont raison, la sélection que fait le temps en incluant certains œuvres dans le patrimoine culturel aux dépenses d’autres qui sont écartés et oubliés, serait une injustice inacceptable. Aussi les prix littéraires, les sélections faites pour des édifices publiques, les honneurs des grands prix de peinture, l’estimation sans borne d’un peintre comme Manet pendant que tous ses collègues de l’atelier où il a appris la peinture sont oubliés, ne sont que des partis pris, des préjugés et des injustices. Aussi les musées, en exposant tout le temps les Impressionnistes et très rarement les pompiers (Académiciens) font un jugement esthétique purement subjectif qui devrait en toute urgence être corrigé.
Si certains relèguent tout jugement esthétique à un subjectivisme sans aucune portée objective, ils se placent dans un relativisme où tout se vaut, où la seule chose qui compte est ce qui me plaît. Si je préfère Warhol à Bonnard c’est mon choix et personne ne peut me dire que j’ai tort.
Je suis d’autre avis. Je vous accord volontiers votre choix. Vous êtes bien entendu libre de aimer ce que vous plaît, mais cela n’a rien à faire avec la valeur esthétique (ou éthique en l’occurrence) de la chose. Bien sûr tout le monde n’a pas la compétence pour pouvoir juger d’un œuvre d’art, mais cela ne veut pas dire qu’un jugement n’est pas possible. Je ne me sens pas compétent de juger d’une musique ou d’une architecture. Je me contente de dire ce que je l’aime, comme tout le monde, en sachant que c’est une opinion subjective, mais comme la peinture est mon métier (enseignement et pratique), je me flatte de pouvoir juger d’un tableau, objectivement, en dehors de la question si l’œuvre me plaît ou pas. Je n’aime pas Picasso, mais je suis conscient de la valeur de son œuvre.
Gervex est un pompier, c’est-à-dire un académicien. Ce n’est pas moi qui le dit mais l’histoire de l’art. Pour moi, d’ailleurs, « pompier » n’est pas péjoratif. Les pompes des pompiers ne me gêne pas trop. J’apprécie trop, malgré moi, leur technique éblouissante !