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Commentaire de Christophe

sur Mode d'emploi des experts


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Christophe Christophe 12 février 2008 12:59

@Aspirale,

Les paroles de Jacquard sont pertinentes mais occultent encore l’un des aspects dans l’étude des discours. Si la sémantique pouvait se résumer uniquement à la grammaire et au vocabulaire dans ce que nous appelons une phase bien formée, il existe dans cette approche des limites propres liées aux paradigmes terminologiques ; c’est un point qu’avait levé Chomsky en citant une phase célèbre : Les idées vertes dorment furieusement. Phrase bien formée mais sans aucun sens. Nous pourrions d’ailleurs lui aposer la phrase connue de E.T. : Téléphone maison. Cette dernière n’est pas bien formée mais a du sens.

Si ma mémoire est bonne, Bruno Latour avait levé cette problématique que vous exposez en abordant la différentiation entre l’approche réellement scientifique et l’aspect vulgarisation basée principalement sur la force de conviction des propos tenus.

Comme nous constatons dans les propos tenus en politique une approche très conceptuelle sans exposer réellement la nature et la force de chaque concept exposé. Ainsi, il est possible de dire tout et son contraire.

Quant à la notion d’expérimentation, nous savons aussi que des sciences, comme la physique, en sont à construire des théories dont l’expérimentation est ... impossible. Pour convaincre, ils utilisent des simulations informatiques qui reposent sur les mêmes principes que la théorie testée ; ne démontrant en aucun cas la véracité réelle de leur approche mais jouant sur l’inconscient collectif, inductif, communément admis, qu’un super calculateur peut simuler la réalité.

Le discours des experts n’est pas anodin. Eux savent quels sont les principaux mondes causaux possibles (ils ont étudiés les recherches dans leur domaine), et ils savent quels choix collectifs nous mènerons à tel ou tel monde ; il suffit donc d’orienter le débat pour aboutir au résultat souhaité. La science est neutre, mais son application ne l’est pas dès lors qu’un choix se présente (cas fréquemment rencontrés dans les sciences molles) ; ce choix est plus du domaine de la croyance que de la science.


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