Loic Decrauze,
il serait tout de même bon de revoir un peu la définition du mot génocide (néologisme datant de 1944) et dont la définition juridique a été fixée par le tribunal de Nuremberg..
L’ONU ne reconnait pour l’instant que 3 génocides :
- Le génocide commis par les nazis à l’encontre des juifs et des tziganes (l’élimination des opposants politiques communistes, anarchistes, ou autres n’entrant pas dans la catégorie génocide)
- Le génocide arménien commis par l’Empire Ottoman
- Le génocide des Tutsis commis par les milices Hutus au Rwanda.
Juridiquement le mot génocide ne s’applique qu’à des crimes ordonnés par un gouverment ou un pouvoir de fait. Il s’applique aux massacres de groupes pour des critères de discrimination "raciale" (j’estime infondé la notion de race humaine, pour autant ce n’est pas le cas des génocidaires), ethniques, nationale ou religieuse.
Cela n’a rien à voir avec l’ampleur du massacre.
Pour ce qui est des "morts du communisme", vous vous appuyez je suppose sur le "Livre noir du Communisme" et plus particulièrement sur le chapitre introductif de Stéphane Courtois qui établit un rapprochement du génocide nazi et de la répression stalinienne. Rappelons tout de même que ce livre a été rédigé par un collectif d’universitaires et que la moitié d’entre eux ont contesté ce rapprochement.
Citons ici Jean-Louis Margolin et Nicolas Werth, eux aussi co-auteurs de cet ouvrage, qui se sont exprimé à ce sujet dans le Monde :du 14/11/1997 :
"la centralité du crime de masse dans les pratiques répressives des communismes au pouvoir ; l’assimilation entre doctrine communiste et mise en application de celle-ci, ce qui fait remonter le crime jusqu’au cœur même de l’idéologie communiste ; l’affirmation qui en découle de la grande similitude du nazisme et du communisme, tous deux intrinsèquement criminels dans leur fondement même ; un chiffrage des victimes du communisme abusif, non clarifié (85 millions ? 95 ? 100 ?), non justifié, et contredisant formellement les résultats des coauteurs sur l’URSS, l’Asie et l’Europe de l’Est (de leurs études, on peut tirer une « fourchette » globale allant de 65 à 93 millions ; la moyenne 79 millions n’a de valeur que purement indicative)."
Tout aussi intéressant, ils rajoutent :
"On chercherait cependant en vain, dans le chapitre introductif comme dans le reste de l’ouvrage, la discussion serrée et approfondie que nécessiteraient des questions aussi complexes et délicates que la comparaison entre fascisme et communisme, ou la présence de potentialités terroristes dans la théorie marxiste elle-même. Nous n’entendons pas disqualifier ces indispensables questionnements. Mais, tout simplement, notre livre ne porte pas là-dessus."
La question "de potentialités terroristes dans la théorie marxiste elle-même" serait effectivement intéressante à interroger (et cela a été fait dès les débuts de l’AIT). Mais j’ai remarqué que c’était rarement la question posée par ceux qui brandissaient les crimes du communisme, et notamment sur des sujets concernant le génocide nazi.
A chaque fois qu’est brandi "Le Livre noir du communisme" dans ce contexte, j’éprouve une sorte de malaise. Car finalement, n’est-ce pas tenter de nier, tout du moins d’atténuer, la spécifité du crime commis par le régime nazi à l’encontre des Juifs et des Tsiganes ?
Bien sur, je pense que bon nombre de ceux qui le font le font sans malice et sans se rendre compte qu’ils participent au travail de sape continu de ceux qui se nomment "révisionnistes" et qu’il serait plus judicieux d’appeler négationnistes.
Alors maintenant, si vous souhaitez discuter des crimes du communisme, il serait bien plus judicieux de le faire dans un article, plutôt que dans un fil consacré à la Shoah.
A moins de penser que le bilan comptable rend le génocide nazi moins horrible que les crimes communistes .