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Commentaire de Mango

sur La notation des enseignants par leurs élèves


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Mango Mango 18 février 2008 14:14

Je connais une jeune Normalienne (donc ex-première de la classe) de milieu provincial très modeste (donc rompue à la méritocratie à la française, respectueuse des profs, et même admirative puisqu’ils lui ont permis de "s’en sortir"), qui vient de rentrer dépressive de Harvard où elle exerçait en tant qu’assistante.

En effet, les parents ont commencé par se plaindre des notes jugées "trop sévères" qui traumatisaient les pauvres chéris, narcissiquement effondrés.

Puis, c’est sa moralité qui a été mise en doute suite à de nouvelles plaintes portant sur des textes de travail. Vous pensez à Rabelais ? Que nenni : Maupassant et Marcel Aymé.

Cerise sur le gâteau : elle a dû faire une auto-critique publique, devant ses étudiants, pour leur avoir demandé de distribuer eux mêmes les photocopies qu’ elle n’avait pas eu le temps de mettre en liasses.

Je ne sais qu’en penser...

Quelqu’un sait il si Harvard est à la hauteur de sa réputation ?

Pour ma part, je suis régulièrement évaluée par mes élèves, en ce sens que nous organisons un " Conseil de Classe" hebdomadaire.

En début d’année scolaire, ça n’est pas très productif : les enfants sont dans la récrimination, ou sont mutiques. C’est à l’adulte de donner une orientation positive, d’y proposer des projets, de solliciter l’avis de chacun, de dire ce qu’il trouve bien, ce qui le dérange. Et au bout de quelques mois, on commence à entendre des critiques positives, des propositions de solutions. Mais tout ça suppose évidemment que l’adulte soit exemplaire dans son comportement et n’utilise pas les "faiblesses" argumentaires des élèves pour les manipuler. Il n’est pas question non plus de laisser les pleins pouvoirs aux enfants : c’est bien évidemment l’adulte qui reste garant de la loi, en tant que responsable. Il aide simplement l’élève à s’exprimer et à prendre sa place au sein d’un groupe, à exercer sa citoyenneté.

La critique s’apprend, comme le débat, le respect de la parole de l’autre et surtout la faculté de se mettre à sa place. Si cette éducation à la citoyenneté est correctement faite, je ne vois pas pourquoi nous aurions peur d’une évaluation par les élèves, surtout s’il existe des grilles : un prof sérieux n’évalue pas sans critères, sans grille pour l’aider à les définir : faute de quoi, l’évaluation est du domaine du "ressenti", du "j’aime, j’aime pas", et dans ce cas, les enfants auraient bien raison de se plaindre !

Alors une évaluation : pourquoi pas ? Mais il s’agit de bien en choisir les critères : ainsi, je ne crois pas que la réussite des élèves soit très objectif... Le meilleur moyen d’être un bon prof serait alors de n’avoir que de bons élèves !

Gare au retour de bâton d’une évaluation mal conçue : elle peut, dans un premier temps, transformer les profs en larbins, puis finira par déboucher sur une sélection a priori des élèves, sociologique et/ou économique.

 


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