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Accueil du site > Tribune Libre > La notation des enseignants par leurs élèves

La notation des enseignants par leurs élèves

En ces premiers jours de février 2008 un sujet agite le milieu enseignant : c’est la possibilité offerte par un nouveau site de noter les enseignants. Voici l’avis de l’un d’eux sur cette expérience que justement il anticipa il y a plus d’une dizaine d’année.

Depuis quelques jours un site internet défie la chronique. C’est le site note2be.com. Il a déjà déclenché de nombreux commentaires. La polémique fait rage. Dans ce contexte, il est difficile de raison garder. Mais je voudrais apporter un témoignage.


Mon témoignage

Quelques années avant de prendre ma retraite, j’étais avec ma classe de première économique 1re ES1. La fin de l’année était proche. Les journées devenaient de plus en plus chaudes et, souvent, on avait davantage envie de regarder par la fenêtre que de suivre le cours de maths que je dispensais. C’était une classe de garçons et de filles en nombre à peu près égal ce qui était l’avantage des sections ES de l’époque. Nous étions en train de terminer une année passée ensemble. Les épreuves du bac de français étaient déjà passées. Il ne restait plus que le conseil de classe qui allait se dérouler la semaine suivante. Ensuite tous les élèves pourraient partir en vacances.

Il y avait déjà cinq ou six minutes que le cours avait commencé. Mais je voyais bien que l’esprit n’y était pas. C’est alors que tout d’un coup, sans que je sache exactement ce qui m’y avait poussé, je dis aux élèves. « Refermez les cahiers. Je vous propose une expérience. Nous allons faire ensemble le bilan de l’année que nous venons de passer. Vous allez prendre une feuille et mettre librement vos appréciations. Bref en quelque sorte je vous ai noté toute l’année, et je vous propose de me noter à votre tour. »

Il y eut un flottement dans la classe. Ils se regardèrent sans trop savoir quoi penser de ma proposition. Puis les langues se délièrent. Et enfin les moins timides me firent savoir que la classe n’était pas d’accord car le conseil de classe allait avoir lieu la semaine suivante et il me serait facile d’être sévère envers ceux qui auraient trop librement exposé leur opinion.

« D’accord  » leur dis-je « Je vous comprends très bien. Mais alors il va vous suffire de ne pas signer vos contributions ! » Grand éclat de rire dans la classe. Comme je m’en étonnais ils me répondirent en chœur « Depuis un an que vous corrigez nos copies vous connaissez nos écritures et il vous sera facile de nous identifier ! »

Ils avaient effectivement raison. Je réfléchis un moment et leur fis alors la proposition suivante : « Je vous comprends tout à fait. Alors voilà ce que nous pourrions faire : vous rédigez vos observations et, à la fin de l’heure vous les remettrez à vos deux déléguées de classe - en effet en général il y a un garçon et une fille mais cette année-là les deux déléguées étaient deux filles, France Vodovar et Delphine Prouvost. Elles compileront vos écrits et demain, lors du cours suivant, elles nous en feront la synthèse ».

Cette fois-ci, il n’y eut plus d’obstacle, ils furent d’accord, des pages blanches furent arrachées des cahiers et quelques moments après on pouvait entendre une mouche voler dans la classe. Depuis mon bureau, je les voyais aligner les lignes les unes après les autres, et certains avaient même un sourire coquin qui ne m’inspirait rien de bon. Je commençai à me demander si mon idée avait finalement été aussi bonne que je le croyais.

L’heure passa très vite et ils furent eux-mêmes surpris quand la cloche retentit. En sortant, ils se congratulaient, se tapaient sur les épaules et j’entendais de grands éclats de rire. Aussi, quand vint le lendemain, je n’en menais pas large. L’agitation de la veille avait disparu. Ils rentrèrent en classe bien plus silencieux que d’habitude. Les deux déléguées prirent place au bureau et je m’assis au fond de la classe. Elles posèrent devant elles les feuilles de la veille. Puis France commença à lire la synthèse qu’elles avaient préparée. De temps en temps, pour un mot indéchiffrable, elle demandait conseil à Delphine. C’était tout à fait impressionnant. Je ne reconnaissais plus mes élèves.

A la fin de l’heure, elles m’ont laissé cette synthèse. Par contre, les observations des élèves ne me furent remises qu’après les grandes vacances. J’ai tout gardé précieusement. C’est ce qui me permet de pouvoir rapporter fidèlement ce que fut par exemple leur introduction. Cette synthèse commence ainsi :

« Suite à une idée originale et sympathique nous avons la chance, en tant que déléguées, de présenter devant la classe de 1re ES1 ce petit résumé de notre année de mathématiques et... du prof. Nos remarques sont à la fois sincères, pertinentes, parfois un peu ironiques, gentilles, franches... mais jamais méchantes. Alors pas de susceptibilité. Gardez le sourire malgré tout », puis entre parenthèse elles ont noté de faire de nombreuses citations parmi les textes à leur disposition.

Naturellement, il m’est impossible de rapporter le reste de leur exposé. Il contenait des critiques qu’il m’est inutile de communiquer et des compliments qu’il ne sert à rien non plus de faire connaître. Mais c’était très bien structuré avec un plan qui contenait : Programmes et cours, puis les interros et se terminait par « Le personnage lui-même ». Bref du grand art car tout était gentiment ironique.

Je fus alors si bouleversé par cette expérience que dès lors, jusqu’à mon départ en retraite, j’ai recommencé chaque année. Cela m’a permis de corriger certains défauts que je ne voyais pas. Cela m’a aussi permis d’expliquer certaines façons de faire dont les élèves ne voyaient pas la justification. Cet échange modifia véritablement la relation qu’il y avait entre eux et moi. Par exemple, très rapidement, ils ont demandé que ces évaluations soient faites en milieu d’année pour que je puisse répercuter sur eux les modifications apportées. J’ai supprimé certaines mesures qu’ils jugeaient plus vexatoires qu’efficaces (faire signer les copies par les parents). J’ai au contraire persévéré dans la rigueur avec laquelle je contrôlais leur cahier de cours car ils en étaient très fiers (pendant toute ma scolarité je n’ai jamais pu avoir un cahier de cours utilisable et je m’étais juré d’être inflexible sur ce point avec mes élèves quand j’en aurais). Bref, j’ai été enchanté de cette expérience.

Considérations

Aussi je ne comprends pas ce débat qui s’ouvre sur l’existence du site note2be qui est en train d’être voué aux gémonies tout simplement parce que ce site permettrait désormais de voir la notation des professeurs par les élèves. Cette attitude ressort d’un obscurantisme qui va bien plus loin que ce simple exemple. En effet, qu’on le veuille ou non, le progrès nous pousse au train et il est illusoire que nous puissions empêcher dorénavant les élèves de noter leurs professeurs. S’ils ne peuvent le faire sur des sites officiels, où les professeurs eux-mêmes pourraient venir apporter leurs explications, ils le feront sur des sites confidentiels où cette défense ne pourra pas se faire. C’est cette logique qui a autrefois fait fermer les maisons closes. Mais la prostitution en a-t-elle disparu pour autant ? Non. Elle en a été plus cachée et dispersée, et c’est ainsi que nous n’avons plus eu aucun contrôle sur les maladies qu’elle véhiculait. C’est ici la même logique que nous perpétuons et ce sont les mêmes résultats que nous aurons.

Au fond cet incident n’est qu’un nouveau coup de boutoir contre notre système éducatif. S’il était cohérent et solide, il n’y aurait même pas de vagues. Mais il est de plus en plus vermoulu. Les réformes avec lesquelles depuis des dizaines d’années nous prétendons l’améliorer ne sont que des rafistolages de pure forme. Il craque de partout. Nos examens sont dévalorisés. Nos élèves sont démotivés. Leur niveau se classe parmi les plus mauvais d’Europe. Les enseignants sont des écorchés vifs devant toutes les agressions qu’ils subissent et celle-ci leur semble en être une de plus.

En effet, jusqu’ici ils subissaient en secret des classes souvent insoumises et réfractaires tant il y a de distance entre ce qu’on leur demande de faire et ce qu’il leur est effectivement possible de faire. Mais ils s’en accoutumaient, quitte à s’absenter de temps en temps. Or, à présent leur honte sera exposée sur la place publique ! La coupe est pleine et je les comprends fort bien. Malheureusement, ils ont les nerfs trop à vif sur ce sujet pour réaliser que ce n’est pas eux qui sont fautifs, mais le système avec sa tradition ancestrale de faire de l’enseignant à la fois le dispensateur de l’éducation et son évaluateur, c’est-à-dire certes celui qui apprend, mais aussi celui qui punit, qui sanctionne, qui fait redoubler, c’est-à-dire celui qui est à la fois juge et partie, ou pour être encore plus clair celui qui certes enseigne d’une part, mais celui qui est d’autre part un garde chiourme, le second rôle tendant de plus en plus à prendre la prépondérance sur le premier d’où ces agressions de plus en plus fréquentes contre les enseignants. Et c’est cette animosité qu’ils craignent de voir révélée sur le net, d’où cette levée de boucliers. Mais quel dommage qu’ils se croient les accusés alors qu’en fait ils sont les véritables victimes d’un système qui craque de partout !

De plus, l’ancrage des enseignants dans notre vieux système éducatif s’oppose à une jeunesse dont la réactivité est au contraire immédiate. Le site note2be à peine créé, son succès est si phénoménal qu’il est sur-le-champ débordé. En plébiscitant la notation des professeurs, c’est eux qui sont en phase avec leur époque. Et c’est nous qui sommes à la traîne. Comme je l’ai signalé dans un article déjà paru sur AgoraVox [ l’Enseignement : ce que serait une vraie réforme et qui est régulièrement réactualisé sur mon site http://revesdefrance.free.fr], nous aurions du prendre les devants depuis longtemps déjà.

En effet, inutile de se voiler la face : la notation des enseignants par les élèves est dorénavant inéluctable et il est naturel que cette notation soit connue de tous. S’y opposer, c’est revenir à l’époque où par exemple les commerçants n’affichaient pas leurs prix en vitrine. Ont-ils été lésés de la loi qui les y a obligés ? Bien sûr que non sauf pour certains qui n’avaient pas la conscience tranquille. Et tout le monde y a été gagnant : les clients comme les commerçants. Il en sera de même pour l’évaluation des enseignants par leurs « clients » si elle se fait sur des sites reconnus et officiels car alors elle en sera contrôlable.

Sinon nous ouvrons la porte à la calomnie et à la médisance de ce qui se fera en cachette. Et c’est ainsi que nous élèverons encore la barrière qui s’est instaurée entre les élèves et nous. Car ils sont bien plus responsables et matures que nous ne le croyons et c’est seulement notre manque de considération qui les infantilise. Si on leur donne officiellement la parole leurs avis seront précieux et profitables. C’est l’expérience que j’ai moi-même vécue et, depuis lors, je n’ai eu qu’un regret : celui de ne pas l’avoir commencée plus tôt.


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21 réactions à cet article    


  • ZEN ZEN 18 février 2008 10:56

    "En effet, inutile de se voiler la face : la notation des enseignants par les élèves est dorénavant inéluctable et il est naturel que cette notation soit connue de tous. S’y opposer c’est revenir à l’époque où par exemple les commerçants n’affichaient pas leurs prix en vitrine..."

    Edifiante, la comparaison !...

    C’est la porte ouverte à la démagogie assurée et aux pressions parentales, qui ne seraient pas sans conséquences sur la sérénité nécessaire à tout enseignement. Beaucoup d’élèves fréquentent aujourd’hui l’ école comme un supermarché d’où ils attendent des résultats sans vouloir fournir d’efforts.Le consumérisme scolaire s’étend, malheureusement...

    J’ai un ami en Westphalie , où le système est appliqué partiellement : il constate lui-même les dérapages quotidiens...et personne n’est satisfait.


    • 5A3N5D 18 février 2008 11:11

      "Aussi je ne comprends pas ce débat qui s’ouvre sur l’existence du site note2be qui est en train d’être voué aux gémonies tout simplement parce que ce site permettrait désormais de voir la notation des professeurs par les élèves."

      Outre le fait de voir son état civil, le lieu d’enseignement exposés sur la toile, je crois en effet que vous n’avez rien compris.

      Pensez-vous que ce soit par hasard que cette notation soit apparue il y a quelques semaines seulement ? Relisez le Rapport Attali. Peut-être trouverez- vous l’explication. 

      Par ailleurs, il y a une énorme différence entre donner son appréciation sur un prof, sur invitation de celui-ci, et noter son prof sur des critères aussi débiles que "sexy" ou autres, et de ne prendre en compte qu’une évaluation par un seul élève pour attribuer une note. 


      • Forest Ent Forest Ent 18 février 2008 11:40

        Ce site a été créé par un membre de l’UMP actuellement candidat aux municipales. Il est creux (il suffit d’aller le voir, c’est déifiant). Ca fait partie du buzz UMP pour diviser le pays. La routine.

         


        • illumen 18 février 2008 11:49

          Ce genre d’initiative doit être privée si on veut qu’elle soit constructive.

          Sinon on pourrait faire un site ou les prof noteraient leurs élèves, on y trouverai leur nom, adresse avec leur devoir les plus nuls, ceux qui ont eu des heures de colle, ceux qui se sont fait virer, ceux qui trichent ...

          et pourquoi pas un fichier central professionnel où on saurait tout sur tout le monde
          (mon boucher se gratte le nez avant de vous servir de la viande, l’agent de police N°312 est bouré 24h/24
          ou bien mon agent immobilier est un escroc, ou encore : mon collègue est trop nul il n’arrive même pas à utiliser windows.

           


          • ZEN ZEN 18 février 2008 11:56

            Il est intéressant de visiter le site de l’auteur, qui va plus loin encore....dessin à l’appui !


            • Diogene 19 février 2008 08:14

              Mais je crois cette invitation inutile puisque le texte de mon site à aussi été publié par Agora Vox la semaine passée. Je lui ai simplement apporté quelques aménagements ce qui est le grand atout d’internet. Les professeurs de philo savent que justement Socrate s’opposait à la chose écrite (il n’a laissé aucun texte !) car il lui reprochait d’être figée. Avec internet cet inconvénient disparait. Un texte est perpétuellement modifiable à volonté au fur et à mesure des observations qu’il suscite. C’est un merveilleux atout.


            • Arnes Arnes 18 février 2008 12:11

              Merci pour cet excellent temoignage.

              Il est evident que notre systeme est à bout de souffle : de plus en plus couteux et de plus en plus inefficace.

              Il faut donc le reformer mais pas de maniere jacobine avec une enieme reforme portant le nom d’un ministre, mais en associant etroitement les profs ; or ces profs n’ont beneficie que d’une formation theorique universitaire et le mamouth est cruellement deficiant en ce qui concerne la gestion des ressources humaines.

              Dans le monde de l’entreprise, L’appreciation 360° des salaries est de plus en plus pratiquee : superieur hierarchique, collegues et subordonnes. Un des objectifs est bien sur la mesure de la performance individuelle, mais aussi la mesure des manques et des souhaits du salarie. Cela debouche sur un plan d’amelioration comportant des modifications de comportement, des formations specifiques ou meme des reorientations de carriere. Bien conduit, ce processus est tres positif pour le salarie.

               

              Cela pourrait se mettre en place dans l’education nationale : appreciations de l’inspecteur et du responsable d’etablissement, des collegues pour le travail d’equipe et des eleves , ceci chaque annee debouchant sur un plan d’action d’amelioration : comportement vis à vis des eleves et des collegues, formations complementaires ou reclassement.


              • TOTORdu60 18 février 2008 17:53

                Quand dans l’entreprise, les salariés auront-ils le droit de noter leurs supérieurs hiérarchiques sans risques de représailles ?


              • ninou ninou 18 février 2008 12:37

                Lorsque j’étais au Lycée, tout le monde savait que tel prof notait sévère, tel autre avait des chouchous, tel autre aurait eu des problème d’alcool, tel autre encore savait écouter les élèves, avait des cours passionants... Et je pense qu’il a du exister des "palmarès" officieux dans bien des établissement. Ce site est dans cette droite lignée. Il n’a rien à voir avec votre expérience personnelle, qui, elle, me semble constructive.

                Maintenant, on peut envisager des sites de "notation" des profs en interne aux établissement, avec droit de réponse ET modérateurs. La question est surtout : pour quoi faire ?? Si un prof a besoin d’un autre retour sur son travail que les résultats de ses élèves (et ça peut se comprendre) votre expérience me semble suffisante. Si c’est pour faire un tableau d’honneur des profs... bof !


                • Zalka Zalka 18 février 2008 13:21

                  Très bon témoignage. Mais au delà du principe interressant de la notation des profs, je crois que ce site n’aura pour seul effet que de jeter en pature sur internet des profs dont la tête ne revient pas à certains élèves. Ce n’est pas une question de principe, mais une question de pratique : les élèves sont loin d’avoir le recul nécessaire pour juger un prof. Moi le premier lorsque j’étais au lycée, je me suis souvent trompé "sur le coup" ne reconnaissant les mérites ou démérites des uns et des autres que longtemps après.

                   


                  • Le péripate Le péripate 18 février 2008 13:28

                    Étrange auteur, supposé enseignant, qui écrit vélléitères à plusieurs reprises en lieu et place de velléitaires sur son site...Bizarre.

                    Mais, bon, passons, et intéressons-nous au message. Il présente une sympathique expérience menée dans son cours, expérience au parfum de mai 68......

                    Mais sans plus argumenter, il saute de cette expérience à une comparaison sur les prix, à un évaluationnisme (merci Bernard), à la nécessité de la publicité de la note du prof...

                    Encore un qui oeuvre au démontage de l’enseignement public.


                    • Diogene 19 février 2008 09:15

                      Je comprends très bien la suspicion de ce commentaire envers un prétendu enseignant qui écrit "vélléitère" au lieu de "velléitère" , honte d’autant plus grande que, paraît il, il commet cette faute à plusieurs reprises ! Hélas je suis désolé de lui confirmer que j’ai bien été enseignant pendant quarante années. Mais je pense que dans mon cours de maths il ne m’a heureusement jamais été demandé d’écrire ce mot devant mes élèves. C’est une chance. Mais mon honorable correspondant apporte ainsi une preuve que la dégradation de l’enseignement ne date pas d’aujourd’hui.


                    • tvargentine.com lerma 18 février 2008 13:57

                      La notation des enseignants par les élèves est naturel et que les notations soient connue de tous aussi car c’est une démonstration de qualité d’un service de la connaissance donnée

                      C’est donc une tres bonne chose

                      Merci Monsieur le Président

                       

                      .



                      • Zalka Zalka 18 février 2008 14:32

                        Il doit être supervieux le type qui a entendu pour la dernière fois, Lerma dire un truc intelligent... Ou alors, il n’est pas encore né.


                      • Mango Mango 18 février 2008 14:14

                        Je connais une jeune Normalienne (donc ex-première de la classe) de milieu provincial très modeste (donc rompue à la méritocratie à la française, respectueuse des profs, et même admirative puisqu’ils lui ont permis de "s’en sortir"), qui vient de rentrer dépressive de Harvard où elle exerçait en tant qu’assistante.

                        En effet, les parents ont commencé par se plaindre des notes jugées "trop sévères" qui traumatisaient les pauvres chéris, narcissiquement effondrés.

                        Puis, c’est sa moralité qui a été mise en doute suite à de nouvelles plaintes portant sur des textes de travail. Vous pensez à Rabelais ? Que nenni : Maupassant et Marcel Aymé.

                        Cerise sur le gâteau : elle a dû faire une auto-critique publique, devant ses étudiants, pour leur avoir demandé de distribuer eux mêmes les photocopies qu’ elle n’avait pas eu le temps de mettre en liasses.

                        Je ne sais qu’en penser...

                        Quelqu’un sait il si Harvard est à la hauteur de sa réputation ?

                        Pour ma part, je suis régulièrement évaluée par mes élèves, en ce sens que nous organisons un " Conseil de Classe" hebdomadaire.

                        En début d’année scolaire, ça n’est pas très productif : les enfants sont dans la récrimination, ou sont mutiques. C’est à l’adulte de donner une orientation positive, d’y proposer des projets, de solliciter l’avis de chacun, de dire ce qu’il trouve bien, ce qui le dérange. Et au bout de quelques mois, on commence à entendre des critiques positives, des propositions de solutions. Mais tout ça suppose évidemment que l’adulte soit exemplaire dans son comportement et n’utilise pas les "faiblesses" argumentaires des élèves pour les manipuler. Il n’est pas question non plus de laisser les pleins pouvoirs aux enfants : c’est bien évidemment l’adulte qui reste garant de la loi, en tant que responsable. Il aide simplement l’élève à s’exprimer et à prendre sa place au sein d’un groupe, à exercer sa citoyenneté.

                        La critique s’apprend, comme le débat, le respect de la parole de l’autre et surtout la faculté de se mettre à sa place. Si cette éducation à la citoyenneté est correctement faite, je ne vois pas pourquoi nous aurions peur d’une évaluation par les élèves, surtout s’il existe des grilles : un prof sérieux n’évalue pas sans critères, sans grille pour l’aider à les définir : faute de quoi, l’évaluation est du domaine du "ressenti", du "j’aime, j’aime pas", et dans ce cas, les enfants auraient bien raison de se plaindre !

                        Alors une évaluation : pourquoi pas ? Mais il s’agit de bien en choisir les critères : ainsi, je ne crois pas que la réussite des élèves soit très objectif... Le meilleur moyen d’être un bon prof serait alors de n’avoir que de bons élèves !

                        Gare au retour de bâton d’une évaluation mal conçue : elle peut, dans un premier temps, transformer les profs en larbins, puis finira par déboucher sur une sélection a priori des élèves, sociologique et/ou économique.

                         


                        • lesmenteursnesegènentpas 18 février 2008 14:48

                          IL FAUT ALERTER LES JEUNES ET LES PARENTS /ce site est illégal pour de nombreuses raisons , mais surtout pour la protection des mineurs : que pensez-vous d’un site qui ,dès l’entrée ,demande aux jeunes leur numéro de portable ? vous allez me dire que les parents n’ont qu’à les surveiller ok mais je crois qu’il est de mon devoir d’adulte responsable de prévenir parents et enfants .

                          Les concepteurs de ce site font des messages ici même pour se donner une crédibilité ; ne marchez pas !

                          Les notes seront faussées par n’importe quel petit malin ; il est évident que le but poursuivi est tout autre : se faire de l’argent sur la CREDULITE des enfants .


                          • TOTORdu60 18 février 2008 17:58

                            Je signale d’ailleurs que le site a été assailli de bonnes notes décernés par des profs à eux-mêmes ou à des collègues et on a même vu des enseignants notés sur 21.

                            J’en profite pour signaler que le créateur du site s’est retiré de la liste UMP.


                          • zelectron zelectron 18 février 2008 15:42

                            L’EDUCATION FAIT LA PUISSANCE DES NATIONS.

                            Lao Tseu ? bref, corollairement l’éducation fait la puissance des individus. Ceci étant des profs inamovibles, comme pratiquement tout le fonctionnariat, c’est une insulte à la démocratie.

                            Eduquer est la chose primordiale de la Vie, on ne peut laisser la parole à des gauchistes pervers, ni à des suppôts droitistes dévoyés. La mesure en toutes choses est bonne, effectivement les critères de notation des enseignants se doivent d’être objectifs, et là réside le problème. Le mérite du site en question nonobstant son instigateur, c’est d’avoir mis le doigt là où ça fait mal.


                            • jer 19 février 2008 02:03

                              comme l’education n’est pas mon domaine, d’ailleurs je n’ai pas de domaine..., je vous livre un lien brut sans autre commentaire, d’un article tres interessant sur les differentes experimentations d’evaluation des profs, aux USA ;

                              http://news.yahoo.com/s/time/20080214/us_time/howtomakegreatteachers

                               

                              et un peu de teasing ;

                              http://video.google.fr/videoplay?docid=8123958435083386149


                              • clément dousset clément dousset 22 février 2008 14:32

                                 Cet article a été publié le 18 février. Le matin du 17, j’ai adressé à Agora un texte sur le même sujet. Celui-ci est toujours en attente de validation. Je le regrette. Cette affaire est grave. Elle conduit à la mise en cause publique et nominative d’agents de l’Etat sur la base d’évaluations tout à fait anonymes et irresponsables. Elle a entraîné une réaction très vive de tous les syndicats d’enseignants et une action en justice d’un des plus importants d’entre eux, le SNES, contre le fameux site note2be. Elle a conduit également à une enquête du CNIL , toujours en cours, à une prise de position fermement réprobatrice du Ministre de l’Education Nationale et même, car il est aussi concerné, du Ministre de l’Agriculture. Elle méritait d’être exposée ici par d’autres voix que celle d’un enseignant à la retraite, arguant de sa seule expérience personnelle pour aller à l’encontre des protestations de l’écrasante majorité de ses ex-collègues.

                                Pour ceux qui en douteraient, les enseignants entendent et écoutent les critiques de leurs enseignés. Avant chaque conseil, le professeur principal organise avec ses élèves une heure de "vie de classe" à laquelle il assiste ou non. Les délégués, de toute façon, appellent leurs camarades à exprimer les problèmes qu’ils peuvent rencontrer avec tel ou tel professeur. Le plus souvent le professeur principal invite les délégués à dialoguer avec les enseignants concernés. Parfois cela remonte jusqu’au conseil de classe où les délégués des élèves sont présents. Que certains professeurs devancent en quelque sorte ce dialogue institutionnalisé en lui donnant la forme qu’ils veulent, c’est tout naturel. Mais nous sommes à mille lieues de l’existence d’un site comme Note2be et de la notation-délation qu’il instaure, aussi anonyme que les lettres du même nom....

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