@ l’auteur,
Je pense que vous touchez du doigt la vraie question, celle que les européens n’osent pas s’avouer - a fortiori les francais, si fier de leur laïcité - à savoir la question des "racinnes chrétiennes de l’Europe.
Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt, c’est bien de cela qu’il s’agit. A ce terme largement criticable de "racines chrétiennes", je dirai plutôt "culture majoritairement chrétienne".
Je pense que la difficulté que les Européens ont dans l’éventualité de l’adhésion de la Turquie (et je me compte parmi les réticents) tient plus dans le nombre que dans la culture elle-même. Intégrer dans l’Union Européenne 2-3 millions d’Albanais, Kosovars et Bosniaques ne pose en soi aucune difficulté d’échelle, pour un ensemble de 400.000.000 d’habitants.
En revanche, intégrer plus d’une centaine de millions de musulmans d’un seul coup, la chose est tout à fait différente. Il n’est pas question là de modération de l’islam turc, de la tradition laïque de l’Etat (fortement ébranlée ces dernières années en Turquie), mais tout simplement de différences d’habitudes culturelles considérables. Vous me direz, il y a moins de différence entre les turcs et les grecs qu’entre les danois et les grecs. Soit.
Mais il faut quand même convenir qu’au niveau des habitudes culturelles, entre les turcs et la grande majorité des européens, le fossé est encore grand, bien plus grand qu’avec vos voisins grecs.
Il faut quand même voir que l’objectif ultime (et cela déplait à certains ici) de l’Union Européenne, c’est de créer à terme un grand Etat fédéral entre tous les européens. Et si cela ne me choquerait pas de me retrouver avec un Président Tchèqueu, ou Britannique, ou Allemand, ou Suédois, ou Italien,... je me vois très très mal sous un Président d’origine turque.
Est-ce à dire que je méprise les turcs, leur civilisation millénaire, leur profonde culture ? Non, loin s’en faut. C’est juste que je pense sincèrement que nous sommes différents. Je serai tout à fait enthousiaste à l’idée d’une coopération économique renforcée, de proximité, que l’Europe et la Turquie participent ensemble à la stabilisation de l’ensemble méditerranéen, pour lequel il y a tant à faire.
Mais l’adhésion pleine et entière de la Turquie à l’Union Européenne, désolé, mais je n’arrive pas à l’envisager.
Cordialement,