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Commentaire de expertfibres

sur L'USS Jimmy Carter pêche au gros


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expertfibres 20 février 2008 18:27

 

 

Morice,

Si je vous dis que je suis expert dans le domaine des fibres optiques depuis 30 ans, c’est que c’est vrai, et si vous ne me croyez pas, ca n’y change rien. Et je ne change pas de domaine d’expertise 3 fois par semaine, moi.

Désolé de vous contrarier, mais vous avez bel et bien écrit, le 7 février : "il faudra ajouter presque une centaine d’années, en 1956 exactement, pour avoir le premier câble transatlantique : sans le transistor, inventé en 1948, on n’y serait jamais arrivé avec des relais à lampes sous l’eau ! ". Relisez attentivement ce que vous même écrivez (ou ce que vous recopiez) ! Le premier câble à transistors date de 1967, et des systèmes "à lampes sous l’eau" fonctionnaient encore dans les années 90.

Venons-en aux fibres optiques, et voilà les arguments que vous demandez. Si j’ai écrit "certes ce n’est pas impossible, en laboratoire"... ce n’est pas parceque vous m’y obligez, c’est parce que (comme d’autres) j’ai fait l’expérience en labo. Je sais que les navires câbliers sont équipés de labos d’optique (je ne pense pas que vous ayez jamais mis les pieds sur un tel navire, moi si) et en embarquer un sur un sous-marin, résoudre le problème de la traversée étanche du câble à la pression du fond de la mer, est beaucoup plus difficile et très coûteux, mais pas impossible. Seulement, les raccordements pirates effectués sur les fibres optiques doivent ensuite être protégés dans un boitier du même type que lors d’une réparation (et c’est gros), boitier que n’importe quel sonar détectera, même s’il est enfoui. Et bien sûr, le câble de dérivation (allant où ?) sera immédiatement repérable.

Il y a plus. Le racordement d’une dérivation sur une fibre n’entraine pas seulement une perturbation pendant les travaux (non détectée tant que le câble n’est pas réparé), mais aussi une atténuation permanente subsistant après la remise en service de la liaison. Et ce pour une raison physique incontournable : pour capter de l’information, il faut prélever une partie, même faible, de la puissance optique. D’où une atténuation détectable. L’officier de radio Thierry Bressol, 
http://souvenirs-de-mer.blogdns.net/spip.php?article278 de qui vous tirez votre raisonnement (et que vous avez peut-être cru de bonne foi !) le sait bien, et il expose une théorie astucieuse : l’opérateur du câble constate bien un supplément d’atténuation, mais il le met bêtement sur le compte de la réparation. Seulement voilà, ce monsieur qui dit avoir fait des TP à la fac de Marseille (labo d’optique réputé, effectivement) n’a pas du aller plus loin que le TP n°1, car il aurait appris l’existence d’un matériel nommé réflectomètre (alias OTDR, Optical Time Domain Reflectometer), d’usage courant dans les réseaux optiques, qui permet de détecter tout supplément d’atténuation même minime, et de le localiser instantanément au mètre près, y compris sur une liaison sous-marine en service, donc de voir distinctement les 2 points d’atténuation ajoutés. Donc je résume :

  • prélever l’information sur un câble optique sous-marin, c’est très difficile, mais pas impossible.
  • le faire sans être immédiatement repérable et localisable, c’est ça qui est impossible.

Et croyez que je suis un vrai connaisseur du problème, comme Jean-Pierre Goedgebuer que vous citez en le tronquant, puisqu’il ajoute  dans http://strategique.free.fr/archives/textes/rens/archives_rens_07.htm " Pour détecter ces écoutes, il faut faire transiter des signaux ayant des longueurs d’ondes différentes de celles du message principal et qui s’échappent en cas de torsion de la fibre. Si ces signaux ne sont pas détectés à l’arrivée, on peut présumer la fibre sur écoute." Ce texte date de 2000. Ce type de surveillance est maintenant en service sur les câbles sous-marins.

Evidemment, on peut parier sur des négligences ou des complicités chez l’opérateur du câble, mais alors il est bien plus simple d’espionner dans les routeurs IP, ce qui est probablement déjà fait d’ailleurs. La problématique n’est pas la même que du temps de la guerre froide, où il était bien plus facile aux américains de poser un boitier discret sur un câble électrique que d’infiltrer les centraux téléphoniques soviétiques.

J’espère que ces explications vous éclaireront, et éclaireront ceux de vos lecteurs qui se laissent abuser par votre talent littéraire.

 

 


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