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Commentaire de laurent m

sur La Turquie dans l'UE ? Pour un débat digne


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laurent m 21 février 2008 02:56

La Turquie n’est pas un pays musulman à 99%.

Les Alévis, se déclarant en majorité non-musulmans font déjà entre 20 et 25% de la population.

Le nombre d’athées chez les sunnites est très au dessus de la réalité des sondages les situant de 2 à 3%.

Les autres confessions établies depuis longtemps dans le pays représentent 2%.

L’immigration économique en provenance de l’ex bloc soviétique ( Arméniens, roumains, moldaves, bulgares, ukrainiens, russes, géorgiens, sans compter les républiques turcophones) est estimée à entre 1 et 2 millions d’âmes selon les sources. La notion de "bavul ticareti", des citoyens de pays limitrophes venant faire leurs achats en Turquie est floue, la corruption s’applique pleinement dans ce domaine, le développement économique de ce pays est souvent leur seul espoir.

De plus, le nombre de musulmans non-pratiquants en Turquie est bien plus important que dans le reste du monde musulman, tradition laique oblige.

On est donc loin des 99% de femmes fantômes et de barbus avec une jellaba.

Cette importante désinformation reprise par tous les médias du monde est dans la logique des lobbys pétroliers

soutenus par les partis et courants conservateurs européens (chrétiens anti laics, extrême droite, protectionnistes économiques et bien-sûr le gouvernement Erdogan).

La religion musulmane est un obstacle de second plan à l’entrée dans l’UE car comme l’ont dit plusieurs intervenants : l’islam est déjà présent depuis très longtemps dans les populations européennes.

Vu la crise démographique généralisée sur notre continent, l’immigration, même choisie comportera des éléments de culture musulmane en grand nombre. Donc avec ou sans la Turquie, l’UE devra évoluer forcément vers une multiculturalité extraeuropéenne.

Ce qui gêne ces conservateurs européens, ce n’est pas l’islam mais le kémalisme. Ce dernier est le plus grand ennemi de l’islam politique à traduire, l’OPEP contrôlé par les monarchies arabes conservatrices.

Erdogan n’est bien-sûr pas un musulman démocrate (d’ailleurs deux vidéos le prouvent, une où il dit que l’islam est incompatible avec la laicité et une autre où on le voit s’entretenir avec des chefs talibans au début de sa carrière) mais bel et bien un islamiste qui mène une politique de compromis avec les laics et l’armée, car il n’a pas le choix. Ne pouvant être pleinement islamiste il devient populiste en adoptant notamment une loi sur le voile qui n’a pas de réalité concrète dans le pays puisque seuls 1% des filles voilées ne peuvent étudier dans une université d’après une récente enquête du journal Radikal, confirmé par la majorité des recteurs de faculté.

Dans un pays encore très attaché aux valeurs de la révolution française, l’islam est devenu matériel politique au même titre que le protectionisme économique ou les résultats des clubs de foot stambouliotes.

 

Erdogan est loin d’être la Turquie comme Sarkozy est loin d’être la France et Bush les Etats Unis.

 

 


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