Dolorès, votre réaction semble avoir l’évidence pour elle, mais toute la difficulté est savoir aller au-delà de cette évidence, car elle est trompeuse.
Vous me donnez l’exemple des camps de concentration en indiquant que votre génération n’en est pas responsable, pas plus que celle qui a suivi. Très bien, mais pour pouvoir tenir cette position, encore faut-il savoir de quoi on parle quand on parle de responsabilité ;
Votre génération n’a pas participé à la Shoah, ça c’est incontestable. Est-elle pour autant porteuse d’aucune responsabilité ? ça se discute :
Les jeunes allemands d’après-guerre, dès lors qu’ils se reconnaissaient allemands, dès lors qu’il ne fuyaient pas leur patrie, avaient à porter la responsabilité des crimes commis pendant la guerre. C’est ce qu’ils ont fait dans leur immense majorité. Cela a-t-il empêché l’Allemagne devenir la première nation de l’Europe ? Que nenni. Les allemands sont des gagneurs ET ils sont responsables (au double sens du terme, mais ici, j’entends souligner le côté positif). Il n’y a aucun masochisme à porter sa responsibilité. Seulement une question de dignité et de respect pour la personne humaine, celle à laquelle on a fait violence, et la sienne propre, que l’on respecte lorsque l’on a le souci de la vérité.
Vis-à vis de la Shoah, nous avons tous à porter une responsabilité qui vient de notre affiliation à la nation française. Accepter cette responsabilité ce n’est pas se complaire dans une culpabilité, c’est élever son niveau de conscience pour se poser la question suggérée par Florentin Piffard et que je formule ainsi : "y a-t-il en moi de ces faiblesses qui m’auraient fait consentir à la collaboration ?". La responsabilité est une invitation à la réflexion et au travail sur soi nécessaire à un vivre ensemble harmonieux et pacifique.
Pour finir, je tiens à souligner que l’image de parents criminels utilisée plus haut, aussi extrême qu’elle puisse paraître n’est pas hors de propos. L’esclavage est reconnu comme crime contre l’humanité. Notre nation a assis son économie sur des richesses accumulées grâce à l’esclavage, puis grâce à la colonnisation puis enfin l’exploitation économique. Nous sommes tous, même si nous sommes relativement pauvre, les héritiers de richesses acquises dans le sang, des richesses illégitimes acquises en faisant des victimes qui n’ont pas été encore reconnues. Notre responsabilité est entière, quand bien même l’esclavage appartiendrait au passé. Il importe de la reconnaître, il importe de pouvoir dire ce que nous, nation française, avons (mé)fait, et d’en demander pardon aux descendants. L’Australie a fait ce qu’il fallait, nous pouvons le faire aussi.
02/01 00:35 - clarion68
@lotus bleuette Bonjour, je viens de lire avec attention votre commentaire ecrit en 2008 (...)
14/03 22:18 - Luc-Laurent Salvador
Tant que vous refusez la mémoire, vous permettez qu’au présent, l’histoire se (...)
13/03 12:41 - sandro
La mémoire du génocide n’est-elle pas un moyen de ne pas prendre acte du géocide actuel ? (...)
05/03 10:56 - Eratosthène
92% de pas intéressant, cela doit être un record. Je ne vois absolument pas pourquoi, à partir (...)
24/02 22:41 - alfredo
Sur ce thème délicat comme dans de nombreux autres sujet,s Sarkozy n’est d’évidence (...)
24/02 20:57 - Luc-Laurent Salvador
@ Dalziel Votre question me paraît tout à fait sensée. En effet, assumer ses responsabilités, (...)
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