Le pouvoir d’achat n’augmente plus depuis 20 ans, alors qu’il avait effectivement pas mal augmenté avant. Mais ça demande à être analysé en prenant en compte les inégalités.
Par exemple, aux US, relativement à l’inflation, le salaire médian n’a pas bougé depuis 35 ans, alors que le revenu moyen a augmenté 2%/an plus vite que les prix. La différence entre les deux, c’est l’essor des inégalités. Seulement la consommation dépend plus du nombre de gens qui peuvent consommer que de la somme de ce qu’ils peuvent dépenser. Imaginez qu’un million de gens gagnent 1€ et qu’une personne gagne un million. Le revenu médian est 1€. Le revenu moyen est 2€. La consommation moyenne sera très proche de 1€, pas de 2€.
Ce constat de la stagnation en termes constants du pouvoir d’achat depuis 20 ans ne m’est pas personnel. Vous le trouverez dans toutes les études de toutes les institutions financières. Voir par exemple le rapport OFCE de Gérard Cornilleau. Mais attention : les études sur les évolutions des salaires prennent mal en compte en termes de revenus l’augmentation du chômage, du travail à temps partiel contraint, et, de l’autre côté de la fracture, l’augmentation des revenus du patrimoine, pas mesurables et pas mesurés par l’INSEE, qui n’a pas d’agence au Liechtenstein.
Au fond, je suis d’accord avec vous pour dire que les actionnaires ont tendance à salarier à coût minimal. C’est normal. Je suis en désaccord sur le fait que la qualification soit une solution. Ce n’est une solution que d’un côté de la fracture, qui se situe maintenant au-dessus des "classes moyennes". Les inégalités n’apparaissent à mon avis pas suffisamment dans votre raisonnement.