@ mouche du coche :
@ Mouche du coche :
J’avais été à Cuba en 1955 et 1957, mais mes relations professionnelles et commerciales avec Cuba s’étalent de novembre 1959 à août 1962. Je suis retourné à Cuba en 2005, après un long hiatus. Je ne puis vous parler que de ce que j’ai connu.
1. Je ne puis confirmer ni nier les 550 exécutions du début 1959, mais les changements que j’ai vus à Cuba à la fin 1959 ( en relation avec 1957, par exemple) m’incitent à penser qu’elles ont sans doute eu lieu. Le pouls de la population, niveau rue, était qu’il y a eu un "bon nettoyage.
2. Dans les années qui suivent - et où je suis très présent AU SEIN DE LA POPULATION - Il n’y a que durant les semaines qui ont suivi l’invasion de la Baie des Cochons que j’ai perçu une réserve, semblable, disons, à celle qu’on trouvait au Portugal à l’époque Salazar, en Grèce au temps des colonels... ou dans toute l’Europe de l’Est avant la chute du Mur. Autrement on parlait librement.
3. Les brefs contacts que j’ai entretenus avec les groupes exilés cubains de Floride, particulièrement au moment de l’introduction du nouveau peso, en particulier, m’ont clairement montré, au contraire, que l’objectif de dénigrer le régime castriste primait de loin sur tout respect de la vérité. Je considère comme de crédibilité NULLE tout chiffre émanant de cette source.
4. Je n’ai jamais fumé de cigare avec Castro. Quelques bouffées avec Guevara, oui… Je considère comme ridicule toute accusation de méchanceté gratuite, contre l’un comme l’autre, mais je ne disconviens pas que Guevara pouvait certainement prendre au besoin les mesures qu’il jugeait nécessaires. J’ignore combien d’opposants ont été exécutés avant septembre 1962, mais je puis témoigner qu’il n’y en a eu que ce que la population considérait alors acceptable. Je sais comment réagit une population qui trouve qu’ON exagère.
5. En imposant un embargo à Cuba, les USA ont détruit son économie. Ils ont aussi tout fait pour en saboter sa ré-émergence. Penser que la nature du régime castriste est la cause de l’appauvrissement de Cuba est un grave manque de lucidité.
6. J’ai volontairement évité de retourner à Cuba après 1962 pour ne pas voir cette sadique déconstruction que je voyais s’insaller ; j’aurais pu en développer une antipathie pour les USA. Quand j’y suis retourné, il y a quelques années, j’ai trouvé un pays en déclin. J’ai retrouvé la corruption. J’ai retrouvé un pays qui souhaiterait un changement. Un pays qu’on a privé d’une grande opportunité. Comme si la France avait été exclue de l’Europe après l’Algérie et qu’on refusait encore de lui parler.
NON, tout ne va pas bien à Cuba - seulement l’éducation, la santé, le logement... et la fierté des Cubains d’avoir résisté au monstre - mais ne confondons pas les victimes avec leurs bourreaux.
Pierre JC Allard