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Commentaire de masuyer

sur Les Murs du Ridicule


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masuyer masuyer 4 mars 2008 19:54

Merci Léon pour cet article.

Pour autant je ne souscris pas du tout aux thèses de Michéa, en tout cas telles que vous les décrivez.

Qu’en croyant faire preuve « d’humanisme », de « compassion » ou de « générosité » envers les clandestins, en réalité, comme le prouve le texte cité plus haut de Gérard Bramoullé, RESF se fait le complice de l’exploitation par le patronat d’une main-d’œuvre sans défense et de la constitution d’un véritable sous-prolétariat.

Je ne parlerais ici qu’en mon nom et non pour RESF ou tout autre organisme. Vous pensez qu’il s’agit chez moi d’une posture morale. En fait, je ne le pense pas. Il se trouve juste que je considère les frontières (particulièrement celles des états-nations) comme arbitraires et en aucun cas comme les marqueurs d’une volonté d’un vivre ensemble, sinon par défaut et à posteriori.

Au passage, J.-C. Michéa critique les règles qui encadrent l’asile politique et interdisent, à ceux qui en bénéficient, d’avoir une activité politique sur le territoire français. Règles de neutralité d’inspiration très « libérale », et selon lui absurdes sur le plan philosophique : si l’on admet qu’un individu a souffert d’une dictature puisqu’on lui accorde l’asile politique, la moindre des choses est de lui ouvrir tous les moyens de lutter contre...

Je ne crois pas que dans ce cas il s’agisse vraiment de règles de neutralité très libérales. Mon point de vue étant que des états dont la légitimité dont ils se targuent est une supériorité morale ne peuvent décemment pas refuser d’accueillir des opposants à des régimes servant à illustrer cette supériorité. Malgré tout, un opposant politique (et particulièrement dans un régime très autoritaire) risquant d’être très politisé, l’Etat peut craindre d’être un jour la cible de ses critiques.

Selon lui, l’idée de s’installer en France, pour un travailleur clandestin, dans le seul but de se proposer comme main-d’œuvre à exploiter par le patronat ne constitue pas un projet philosophiquement défendable et qu’il s’agit, en outre, d’une sorte de désertion vis-à-vis de sa collectivité d’origine, à qui son courage et sa force de travail vont manquer.

C’est une réflexion qui (peut-être par refus du relativisme) ne peut émaner que de quelqu’un restant dans le "ici et maintenant" d’un pays qui peut nourrir toutes ses bouches (et plusieurs fois encore). Il suffit pourtant tout simplement de se pencher sur l’exode rural en France à la fin du XIXè siècle pour comprendre une partie des mécanismes des phénomènes migratoires économiques. En gros une amélioration d’un certains nombres de facteurs entraine une explosion démographique qui n’est pas encore compensé par le taux de natalité (la culture ne s’adaptant pas immédiatement aux changements). D’où impossibilité de nourrir toutes les bouches. C’est très simplifié évidemment. Il peut aussi exister d’autres causes, une maladie touchant l’aliment de base (la grande famine en Irlande suite à l’apparition du mildiou).

Cette notion de déserttion vis-à-vis de sa communauté d’origine, à qui son courage et sa force de travail vont manquer, n’est pertinente que dans des sociétés de type industriel pas dans des sociétés basées sur une agriculture vivrières soumises à des périodes de disette (où l’on raisonne en terme de "bouches à nourrir).

 

 


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