Pierre,
en fait nos points de vue ne peuvent pas se rejoindre, car je pense que Eux comme Nous, pensons majoritairement que nos références culturelles sont "supérieures" et que notre pays est le plus beau. Il y a majoritairement, je pense chez le migrant, le secret espoir d’un retour "si" (les "si" étant propres à chaque individu). On se vit d’abord dans une situation transitoire. Et puis on reste. Et on s’intègre peu à peu, au fil des générations et des aléas de l’histoire. Quand ça va mal, on se rattache à l’image d’une terre d’origine mythifiée, mais désormais étrangère, même si l’on ne veut pas toujours l’admettre.
En fait, je crois que vous pouvez tout à fait comprendre ça, pour avoir lu plusieurs de vos articles. Je me rappelle notamment d’un exemple particulièrement pertinent que vous donniez dans :
Les hindous, dont le respect de la vie est plus intransigeant que le nôtre, auraient-ils tort de nous interdire d’élever des êtres qui « ressentent » (sentient beings) pour les tuer et les dévorer ? Si l’Inde avait un jour le pouvoir global dont nous disposons aujourd’hui, trouverions-nous raisonnable qu’elle s’autorise de ses valeurs culturelles pour envoyer un corps expéditionnaire fermer manu militari les abattoirs de l’Occident ?
J’ai lu aussi votre article sur le retour des colons de Gaza, que j’ai trouvé admirable pour l’empathie (à ne pas confondre avec la compassion) dont vous témoigniez pour ceux qui durent abandonner une part de leur vie.
Je ne partage pas forcément toutes vos idées, mais j’apprécie quelqu’un qui tente souvent de regarder les choses en se plaçant du point de vue de l’autre.