Benoît,
Tout comme vous j’ai cru dans cette Europe (j’ai été l’un des premiers étudiant Erasmus). Malheureusement les faits m’ont montré qu’il y a un gouffre entre le discours européen et la réalité.
Permettez-moi de reprendre vos arguments pour vous expliquer en quoi cette Europe est devenue un élément favorisant les nationalismes :
1°) Elle n’est pas une démocratie, loin de là :
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« Le pouvoir de co-décision [du Parlement]est quasiment total » sauf dans les domaines clé comme la politique étrangère ou l’économie (largement dominée par la BCE notamment mais pas uniquement). Ce pouvoir est certes un peu élargi par le traité de Lisbonne mais cela reste insuffisant.
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De même le Parlement ne nomme pas le président de la commission mais valide ou non le choix du Conseil. Avec ce type de procédure en France, cela aurait été Balladur et non Chirac qui aurait été nommé Président en France en 1995.
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Et comme vous l’indiquez, ce Parlement ne peut même pas proposer de loi de lui-même ! Sacré pouvoir laissé à la Commission qui peut choisir d’ignorer les sujets qui la dérangent.
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Autre problème, pour renverser la commission, il lui faut 2/3 des voix des députés au lieu d’une majorité simple comme dans toute démocratie. Que dire aussi sur le mode d’élection du Parlement lui-même qui donne plus de poids au vote d’un Luxembourgeois que d’un Allemand ou d’un Français ?
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Et au niveau séparation des pouvoirs, c’est tout simplement catastrophique : le pouvoir judiciaire brille par sa dépendance envers l’exécutif, le Conseil est constitué de membres des exécutifs nationaux mais a un rôle quasi-législatif et choisi de facto les membres de la Commission.
2°) Elle prend donc des décisions qui braquent les peuples (même si ces décisions sont effectivement inspirées par les états-membres loin d’être des innocents en la matière). Le traité de Lisbonne en est l’exemple le plus caricatural.
Comme tous les partis non extrêmistes soutiennent cette Europe, cela permet aux extrêmistes de se présenter comme les seuls remparts contre ces dérives. L’adoption aux forceps du traité de Lisbonne risque donc fort d’être une victoire à la Pyhrus pour les Eurobéats. Et une catastrophe pour cette Europe à laquelle j’ai tant cru.