La France de retour en Europe ?
La France assurera à partir du 1er juillet 2008 la présidence de l’Union européenne. Un geste fort pour le pays, synonyme de rattrapage après le « non » français au référendum de 2005, qui avait, on s’en souvient, scellé le destin du Traité établissant une Constitution européenne (TECE). La présidence française de l’UE s’annonce d’ores et déjà ambitieuse - voire irréaliste, le chiffre de 600 manifestations ayant par exemple été agité... -, et devrait marquer le « retour de la France en Europe », selon les mots du président Sarkozy.
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La France « exaspère » comme l’on dit à Bruxelles, et la ratification rapide du Traité de Lisbonne, voulue comme significative, ne risque pas de changer la donne. L’enjeu est ailleurs. Les projecteurs sont, en effet, déjà tournés vers la prochaine présidence française de l’Union européenne, au détriment de la présidence slovène actuelle par ailleurs.
La présidence française sera ponctuée de grands rendez-vous internationaux (élections aux États-Unis et en Russie, jeux Olympiques à Pékin, sommet UE-Chine...). Du côté institutionnel, la France sera chargée de préparer le terrain pour l’entrée en vigueur du Traité modificatif, prévue pour le 1er janvier 2009, si la procédure de ratification se déroule sans encombre. Le choix du président du Conseil européen, désigné pour une période de deux ans et demi, sera notamment décisif, et la présidence française aura sûrement un rôle d’influence non négligeable à jouer. Un agenda, par conséquent, pour le moins chargé, on en conviendra...
Le projet français ou la volonté de frapper fort
La France a dévoilé, il y a peu, ses priorités, guidées par une volonté de faire de sa présidence, une présidence citoyenne, protectrice, proche des Européens. Tout d’abord l’immigration, qui sera un thème-phare de la présidence française. Il s’agit de mettre en place une coopération avec les pays du Sud, afin de trouver une réponse collective. Ensuite, la poursuite de la lutte contre le réchauffement climatique, dans l’élan du Grenelle de l’environnement et des précédentes présidences de l’UE. Puis, l’énergie et, plus précisément, la sécurisation des approvisionnements énergétiques. Le spectre d’une Russie prête à "couper les vannes" étant toujours présent. Enfin, la présidence française tentera de relancer l’Europe de la défense, sujet qui lui est cher, mais qui aura certainement du mal à susciter un vaste consensus.
A côté de ses priorités affichées, la réforme de la PAC, la politique économique de la BCE et le projet d’Union méditerranéenne risquent également d’être des dossiers « brûlants », à l’agenda de la présidence française. Le retour de la France en Europe passera donc par sa capacité à impulser un renouveau nécessaire à l’UE, en mobilisant l’ensemble de ses partenaires européens. Le projet français est clairement ambitieux et devra s’inscrire dans une perspective de long terme, s’il veut revêtir une quelconque légitimité.
Perspectives
Il convient de souligner qu’une présidence ne dure que six mois et ne peut à elle seule relancer le mécanisme communautaire, lent à faire bouger dans la logique des « petits pas ». En ce qui concerne la France et l’Europe, la rupture semble importante depuis 2005, comme ne cesse de le rappeler Valery Giscard d’Estaing. Pour un retour de la France en Europe, ne faut-il pas également un retour de l’Europe en France ? A ce titre, le lancement du site internet d’information des citoyens sur les politiques européennes, Euractiv.fr, est à mettre en avant. La conscience européenne apparaît à ce stade de la construction européenne, tellement nécessaire afin de relancer l’UE. On ne fait pas une Europe cohérente, sans les Européens !
Pour finir, prenons bonne note des propos avisés du secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, au sujet de sa vision du leadership européen qui attend la France. « Une bonne présidence de l’Union européenne est une présidence qui est au service de l’intérêt général européen. Si vous cherchez à défendre l’intérêt national dans le cadre de cette présidence, vous allez à l’encontre des résultats recherchés. C’est clair ! ». Dans ce cas, n’est-ce pas clair que M. Sarkozy a du souci à se faire ?
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