J’ai trouvé hier soir l’intervention de Lionel Jospin plutôt bonne, sur la forme.
L’homme est un homme d’état, nul doute qu’il a, comme il le suggère lui-même, la dimension nécessaire pour être président de la république.
Hélas, comme nombre d’hommes politiques français, Lionel Jospin ne sait pas prendre sa retraite. Sans doute aurait-il été meilleurs président que Jacques Chirac s’il avait été élu en 2001. Mais les réformes que nécessitent la France en 2007 ne pourront pas être entreprises par un homme de sa génération. Le rôle du président de la république en France est bien celui d’impulser une direction au pays. Mon sentiment est que Lionel Jospin, comme le François Mitterrand de 1988 ou le Jacques Chirac de 2002, ne ferait que gérer plutôt qu’entraîner, et que la génération représentée par Sarkozy, Bayrou, Strauss-Kahn ou Royal est bien plus armée pour exercer ce rôle.
Lionel Jospin avait fait le calcul que le PS ne saurait dégager un successeur clair après son départ, et qu’en se tenant en réserve, il pourrait être rappelé en sauveur. La réalité est différente, et sa frustration, qui transparaissait hier soir, doit être à l’égal de son ego (qui transparaissait lui aussi...).
Dans notre pays, les anciens présidents ou premiers ministres ont du mal à se recycler, car ils proviennent tous de cette monstrueuse machine qu’est l’ENA qui ne les prépare pas à autre chose qu’au pouvoir. Les exceptions, comme Jacques Delors, sont rares, et c’est bien dommage pour la France.