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Commentaire de Paul Villach

sur La condamnation de l'agresseur de la professeur Mme Karen Montet-Toutain racontée par le journal « Le Monde » à sa façon


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Paul Villach Paul Villach 9 mars 2008 18:31

@ Alexeï

1- "La professeure peut-elle être exonérée de toute responsabilité ?"

La seule responsabilité qu’on peut lui reconnaître est de n’avoir pas su mettre l’administration au pied du mur de ses propres responsabilités en engageant la procédure de protection statutaire. Et encore ! Vous devez savoir comme moi, cher Alexei, que l’administration se moque de la loi et en particulier de l’application de celle qui lui fait un devoir de protéger les fonctionnaires attaqués à l’occasion de leurs fonctions !

Quand une professeur a été victime d’une tentative d’assassinat à l’occasion de ses fonctions, il est indécent de vouloir imputer à la victime une quelconque responsabilité. Tout indique que l’administration a été en-dessous de tout ! À moins que vous adoptiez le point de vue de certains commissariats, il n’y a pas si longtemps quand une femme venait déposer plainte pour viol : il lui arrivait de s’entendre demander : "Mais qu’est-ce que vous avez fait ? Vous n’avez pas été un peu provocante ?"

2- "Jusqu’à quel point la professeure aime-t-elle ses élèves ? Ce verbe aimer a le pouvoir de me mettre hors de moi : j’aime la pizza, Prague et Venise mais je n’aime pas mes élèves. Le jour où cela se produira, ma place sera en prison. Un professeur n’a pas à aimer ses élèves". 

Faire grief à une professeur d’aimer ses élèves est aussi mal venu. Il n’y a pas de transmission du savoir sans une relation non seulement de respect mutuel qui peut s’appeler "amour". Je dois avouer que j’ai eu de l’affection pour les élèves avec lesquels j’ai travaillé : c’était une relation d’estime mutuel. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas rencontré des voyous que m’envoyait une administration aussi voyou dans les pattes. Ma règle était alors : "Qui bene amat, bene castigat", qui aime bien, châtie bien !

3- "Est une conviction personnelle ? le résultat d’années de soumission aveugle à l’autorité ? Karen Montet-Toutain a pardonné à son agresseur : ce verdict clément devrait lui convenir (l’apprenti assassin sera dehors dans cinq ans et pourra récédiver)."

Désolé, vous n’avez pas à vous entremettre. C’est l’affaire de Mme Montet-Toutain et d’elle-seule.

4- "Jusqu’où doit aller la mauvaise conscience qui lui a fait choisir un avocat de couleur, ceci dans le but évident de prouver qu’elle n’est pas raciste ?"

Là encore, vous n’avez pas à lui contester le droit de choisir le conseil qu’elle veut, en fonction d’un certain nombre de données politiques et sociales. Ce choix était sans doute judicieux, sauf à douter qu’un avocat, quel qu’il soit, soit animé par la seule défense de son client.

5- "La protestation du parlementaire anglais G. Coty à l’adresse d’Oliver Cromwelll (1654) est hélas toujours d’actualité : "La tyrannie des princes ne serait rien sans la médiocrité et la stupidité des peuples".

Je souscris à cette aphorisme qui renvoie au beau "Discours sur la servitude volontaire " d’Étienne de La Boétie, cent ans plus tôt, dont les élèves apprennent seulement, ou peu s’en faut, qu’il était l’ami de Montaigne (("parce que c’était lui, parce que c’était moi"). Paul Villach


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