J’ai personnellement passé un an au Kosovo (j’y étais encore l’année dernière.) La situation me semble beaucoup plus complexe que la description que vous en faites.
L’argument selon lequel le statu quo était intenable pour les kosovars (albanais mais également serbes) est loin d’être du flan : imaginez la France vivre pendant 10 ans sous protectorat de l’ONU, sans passeports pour ses citoyens, sans nationalité, sans possibilité de développer des échanges commerciaux avec le reste du monde. Je ne souhaite à personne de vivre dans de telles conditions, a fortiori pendant 10 ans.
L’argument du soi-disant "prédédent" créé par le Kosovo est quant à lui complètement fallacieux. Les régions que vous citez (Corse, Bretagne, etc.) n’ont connu ni protectorat de l’ONU, ni nationaliste belliqueux comparable à Milosevic.
Et quand bien même cet argument serait recevable, il convient de se demander s’il pose vraiment problème. Vous en référez au droit international ; or il me semble qu’un des principes fondamentaux de ce droit est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce droit peut, dans de nombreux cas, s’exprimer sans recourir à la force ou à une déclaration unilatérale d’indépendance mettant tout le monde devant le fait accompli. C’était impossible dans le cas du Kosovo.
Par ailleurs, n’oublions pas que cette indépendance ne s’est pas décidée du jour au lendemain. Les deux parties ont passé 10 ans à négocier et tous ceux qui ont été impliqués dans ces négociations (y compris les russes) vous diront qu’ils auraient pu passer 10 années supplémentaires sans pour autant trouver un accord. Le Kosovo n’allait pas non plus rester sous protection de l’ONU indéfiniment.
Deux remarques pour finir ; premièrement, il convient désormais pour la communauté internationale de ne pas humilier la Serbie plus qu’elle ne l’est déjà. Ce pays a déjà payé très cher les erreurs de Milosevic, il est maintenant temps de tourner la page. On peut d’ailleurs regretter qu’aucune "compensation" n’ait été accordée à la Serbie suite à l’indépendance du Kosovo. Deuxièmement, l’avenir de la Serbie et des Balkans me semble tout tracé car cette région a vocation à réintégrer la région à laquelle elle a toujours appartenu : l’Europe.