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Commentaire de Méric de Saint-Cyr

sur Développement et Durable sont sur un bateau. Développement tombe à l'eau


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Méric de Saint-Cyr Méric de Saint-Cyr 10 mars 2008 16:38

@ Idoine :

Je ne suis pas d’accord : les mots ne sont jamais innocents ! Et ils induisent toujours des comportements et des réactions de la pensée.

Il est indispensable de les combattre (les mots) si l’on veut combattre implicitement les comportements qui en découlent.

Or, le développement durable est un concept vide dont tous les politiques usent et abusent, même ceux qui n’en ont rien à foutre de l’environnement (et en fait, surtout ceux-là), parceque ça leur offre l’occasion de se donner une coloration verte sans autre effort que langagier.

Ni le développement, ni la croissance, dans leur dimension économique, qui est celle entendue communément, ne peuvent être durables, car ils sont LA cause du caractère insoutenable de notre civilisation. « On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui les ont engendrés » disait Einstein, et nous ne pourrons pas aller vers un monde plus écolo en proposant comme remède ce qui fait notre maladie. Notre société n’accepte que les discours politiques passant d’abord par l’économie ? Alors proposons lui la décroissance soutenable. Elle seule peut permettre à chacun de trouver sa place sur cette planète. Cela nous conduira logiquement à conclure à l’impérieuse nécessité de « sortir de l’économisme », et d’affirmer clairement le primat de nos dimensions politique, philosophique, spirituelle, poétique, sur le moyen économique.

Le sénateur Marcel Deneux concluait en 2007 son rapport sur l’évaluation de l’ampleur des changements climatiques : « De prime abord, le concept de “développement durable” peut rallier à peu près tous les suffrages, à condition souvent de ne pas recevoir de contenu trop explicite ; certains retenant surtout de cette expression le premier mot “développement”, entendant par là que le développement tel que mené jusqu’alors doit se poursuivre et s’amplifier ; et, de plus, durablement ; d’autres percevant dans l’adjectif “durable” la remise en cause des excès du développement actuel, à savoir, l’épuisement des ressources naturelles, la pollution, les émissions incontrôlées de gaz à effet de serre… L’équivoque de l’expression “développement durable” garantit son succès, y compris, voire surtout, dans les négociations internationales d’autant que, puisque le développement est proclamé durable, donc implicitement sans effets négatifs, il est consacré comme le modèle absolu à généraliser sur l’ensemble de la planète. »

Dans ces conditions, il est logique que tous les plus grands pollueurs de la planète et carriéristes de la politique se soient rués sur le concept de développement durable, de la Dow Chemical Company à Chirac ou Sarkozy en passant par Noël Mamère, puisque c’est un beau gadget électoral. Ce qui l’est moins c’est que le prince Albert II de Monaco, avec sa fameuse fondation, soit lui aussi tombé dans ce piège. Et avec lui, tant de pseudo-écologistes et pseudo-associations qui se sont parés avec ce concept passe-partout trompeur et mensonger.


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