Développement et Durable sont sur un bateau. Développement tombe à l’eau
Quasi inconnu à la fin des années 90, pas une semaine, parfois même une journée ne se déroule sans qu’il ne soit fait appel au mariage de ces 2 mots qui, s’ils avaient pu être déposés à l’INPI, rapporterait une fortune à leur propriétaire.
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A quand remonte le mariage de ces deux mots : Développement et Durable ? Y a-t-il un anniversaire de mariage de prévu ? Si c’est le cas il risque d’y avoir du monde, car le couple est connu et célèbre. Pas une semaine ne se passe sans que les deux tourtereaux ne fassent parler d’eux. Ils sont dans toutes les bouches. Mais comment vivaient-ils avant de se connaître et qu’est-ce qui les a réunis ? Avant leur mariage, l’un et l’autre avaient une certaine grâce. Développement étant souvent synonyme de croissance, projet, extension, expansion... l’autre : Durable évoquant une certaine forme d’immortalité, de pérennité, de durée dans le temps. Qu’est-ce qui les a donc amenés à s’unir et qu’en est-il de leur couple aujourd’hui.
Les parents de ces deux mots se seraient rencontrés selon le ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durable en 1971 sur les bancs de l’école du club de Rome pendant un cours qui avait pour titre « Halte à la croissance ». Pour info, je rappelle que le club de Rome né en 1968 est une association internationale, non politique, qui réunit des scientifiques, des humanistes, des économistes, des professeurs, des fonctionnaires et des industriels, tous préoccupés par les problèmes liés au développement de la planète.
« Halte à la croissance » est le nom d’un des rapports de ce club. Publié en 1971, il évoquait de possibles troubles planétaires, si la croissance, forme de développement, économique et démographique, continuait au même rythme. Ce rapport fut d’ailleurs l’objet de nombreuses contestations qui lui reprochaient sa vision catastrophiste de l’avenir. Quoi qu’il en soit, ce fut à l’occasion de ce rapport que les parents de Développement et Durable, Ecologie (un vieux prénom) et Ecodéveloppement se rencontrèrent dans la tourmente de cette époque, qui était également, rappelons-le une grande période de liberté sexuelle.
Heureusement, tout ce qui était prévu dans ce rapport ne s’est bien entendu pas réalisé. Ouf ! Nous n’avons pas été victime de la croissance démographique. Le monde n’est passé que de 3,6 milliards d’habitants à 6,6 milliards d’habitants. Pas de quoi fouetter un chat. 85 % de croissance démographique en moins de 40 ans, au même rythme, nous ne serons que 12 milliards vers 2048 et seulement un peu moins de 22 milliards à la naissance du prochain siècle. Il n’y a également eu aucun trouble lié à la croissance économique depuis cette époque, cela se saurait. Les prix de l’immobilier, de l’énergie et de l’alimentation n’ont d’ailleurs quasiment pas varié. Le litre de super est toujours aux alentours de 20 centimes d’euros (1,30 F à l’époque) et, pour le prix d’un immeuble à paris de l’époque, on peut aujourd’hui s’offrir un F3 en banlieue. Pas de quoi non plus fouetter un chat. Si on suit le même rythme, encore quelques années pour voir apparaître des crédits immobiliers reportables ad vitam sur les générations suivantes. Il paraît que cela se fait aux Etats-Unis. Et surtout, plus important, nous n’avons pas non plus continué bêtement à vivre sur nos ressources en étant de plus en plus nombreux. Nous sommes économes de nos ressources. Non ?
On comprend maintenant mieux pourquoi Développement et Durable forment un joli couple. Si Développement est lié à la croissance démographique et économique, nul ne doute que ceux qui vivent autour de ce sympathique couple ont de grandes chances de croître également. En effet, nos deux tourtereaux ont commencé à se faire connaître, quand leurs parents, Ecologie et Ecodéveloppement, sont morts vers la fin des années 90. Il faut savoir qu’Ecologie et Ecodéveloppement, couple moderne en 1968, sentait un peu trop la gauche de la fin des années 90. L’affaire familiale, il faut le reconnaître périclitait. Ecologie et Ecodéveloppement n’avait pas senti venir le vent de la mondialisation, ni l’intérêt économique que les prénoms de leurs enfants pouvaient représenter. Car depuis, Développement et Durable ont opéré une stratégie de mix marketing. Ils ouvrent des filiales dans tous les domaines économiques. Vous souhaitez lifter votre marque, porteuse d’une connotation polluante, un zeste de Développement et de Durable et, hop, vous êtes éco convenable. Vous souhaitez réduire la toxicité de certains aliments, une pointe de Développement et de Durable, pschitt, c’est bon et tellement sain ! Mais vous pouvez également faire appel à Développement et Durable pour toutes questions relatives à : la médecine, l’informatique, l’agroalimentaire, le management, la politique, les transports, la réglementation routière, la banque, l’assurance, les télécoms et tout ce qui touche bien sûr à l’environnement, de manière directe et indirecte. Pour approfondir le sujet, je vous invite à être attentif aux pubs qui ne manquent pas, régulièrement, de vanter les mérites de Développement et de Durable. Cette description, ironique j’en conviens, de ces 2 mots m’amène à conclure en rappelant les propos de Kenneth Boulding : “Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou ou... un économiste.” Et a l’instar d’Olivier Rimmel qui parle de Décroissance et de Soutenable, j’espère que Décroissance et Conviviale sauront rapidement offrir une alternative à cette folle croissance exponentielle, car, ajoute-t-il, « La décroissance ne propose pas de vivre moins bien, mais mieux avec moins de biens et plus de liens ».
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